Dans un appel lancé mercredi aux ministres australiens, l’agence d’espionnage australienne a averti que la proposition du Premier ministre Morrison de transférer son ambassade en Israël de Tel Aviv à Jérusalem pourrait « provoquer des manifestations, des troubles et peut-être même des violences à Gaza et en Cisjordanie », selon le Guardian Australia.

Cet avertissement retentit à la lumière de l’annonce faite par le Premier ministre John Morrison, la veille, concernant un changement de sa politique au Moyen-Orient et sa décision de transférer l’ambassade d’Australie en Israël de Tel Aviv à Jérusalem. Morrison a également déclaré qu’il envisageait de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien.

Le journal Guardian Australia a obtenu un bulletin secret australien, Asio, AUSTEO (uniquement aux yeux de l’Australie), qui a été transmis aux ministres du gouvernement, le 15 octobre, la veille de l’annonce de sa décision par Morrison (il l’a donc faite en connaissance de cause). Le bulletin souligne que le changement d’orientation de Morrison dans la politique du Moyen-Orient « pointerait l’attention internationale sur l’Australie ».

« Nous nous attendons à ce que toute annonce sur le possible déplacement de l’ambassade d’Australie à Jérusalem, ou la considération de voter contre les Palestiniens aux Nations Unies, pourrait provoquer des manifestations, des troubles et éventuellement des violences à Gaza et en Cisjordanie (Judée-Samarie) », indique le bulletin. Il ajoute sur le fait que les installations australiennes puissent être mises en danger, par toute annonce publique émanant du gouvernement « des attaques et des manifestations violentes » ont eu lieu par le passé, alors que les tensions politiques étaient fortes.

Asio a également souligné que les intérêts australiens en Iran pourraient également être pris pour cibles si le gouvernement australien se retirait de l’accord sur le nucléaire iranien.

Le bulletin note que des protestations internes en Australie sont également possibles, mais qu’il est peu probable que ces manifestations soient violentes. Asio écrit que, même s’ils n’étaient au courant d’aucune menace contre les intérêts juifs en Australie, les installations israéliennes et juives demeurent « une cible durable des extrémistes à l’échelle mondiale».

Un petit nombre d’individus basés en Australie maintiennent une idéologie extrémiste islamiste violente qui inclut un antisémitisme puissant comme une de ses composantes importantes. « Nous ne sommes au courant d’aucune menace terroriste spécifique ou crédible à l’encontre d’Israël ou des intérêts juifs en Australie. »

Le bulletin d’Asio n’est pas la seule réaction négative à la décision de Morrison. Les représentants de 13 ambassades d’Australie au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ont condamné cette idée. Ils ont fait savoir qu’elle était une « erreur fatale » qui risquait de provoquer une rupture des relations économiques avec les pays arabes et musulmans.

À l’heure actuelle, les États-Unis et son allié, le Guatemala, sont les seuls pays à avoir déplacé leurs ambassades à Jérusalem.