Les autorités allemandes, qui ont longtemps ignoré le danger émanant des « Reichsbürger », « citoyens du Reich », vont maintenant les surveiller de près. En effet, le ministre fédéral de l’Intérieur Thomas de Maizière et ses collègues des Länder ont chargé leurs services de protection de la Constitution de contrôler le mouvement informe de ceux qui rejettent la République fédérale d’Allemagne et en ignorent la loi fondamentale. On évalue leur nombre à plusieurs milliers.

Les membres de ce mouvement rejettent jusqu’à l’existence de l’Etat.

« Le danger de ce groupe s’est considérablement renforcé au cours de la dernière année », a déclaré Thomas de Maizière au Bundestag mardi, « son observation est un signe fort démontrant la capacité de défense de l’État de droit ».

Pas de contact avec l’Etat

Pour Thomas Oppermann, chef du groupe parlementaire social-démocrate, « ceux qui voient dans les ‘Reichsbürger’des farfelus inoffensifs, se trompent lourdement ».

Le 19 octobre dernier Wolfgang P., 49 ans, avait assassiné un membre d’un commando spécial prenant d’assaut sa maison. Il avait aussi blessé trois autres policiers dans une localité près de Nuremberg (Bavière). Ce « Reichsbürger », qui gagnait sa vie en donnant des cours d’autodéfense, s’était fait remarquer en rendant son passeport à la commune et en demandant d’être déchu de sa nationalité allemande. Il avait aussi déclaré un changement de domicile sans toutefois quitter sa maison. En adoptant ce comportement, il obéissait en réalité à la logique même du mouvement qui affirme : « je ne veux plus rien avoir affaire avec cet État ».

Beaucoup de « Reichsbürger » refusent de payer l’impôt et les contraventions qu’ils reçoivent. Certains, endettés, n’ont pas hésité à chasser, fusil en main, les huissiers de justice qui se présentaient chez eux.

Négationnistes ou excentriques

Au cours des derniers mois, Internet aidant, le mouvement s’est encore un peu plus radicalisé. La plupart des adhérents du mouvement sont des extrémistes de droite, des racistes, des négationnistes de l’Holocauste, mais aussi des férus de théories du complot, des ésotériques ou des excentriques.

Il y a quinze jours, le tribunal de première instance de Winsen en Basse-Saxe a condamné un homme de 47 ans à quatre mois avec sursis pour avoir publié sur YouTube un enregistrement sur bande magnétique de conversations qu’il a eues avec des employés de la justice. Il y dit qu’il n’y a pas de justice régulière en Allemagne et qualifie le juge de « comédien », auquel il ne doit aucune considération. Pour ce comportement, il a écopé d’une amende de 600 euros.

En début du mois, en Saxe-Anhalt, un autre « Reichsbürger », âgé de 68 ans, a blessé deux policiers munis d’un mandat d’arrêt. Il les a insultés et déchiré le mandat d’arrêt. Beaucoup de membres de ce mouvement sont en possession d’armes à feu.

Le qualificatif « Reichsbürger » ne signifie pas nécessairement que ceux-ci croient vraiment en la résurrection du Reich, qui a de facto disparu en 1945. Théoriquement, il existe toujours, mais cela ne les intéresse pas. Leur but est essentiellement de lutter contre l’État démocratique.

La Libre

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