Les hauts responsables et membres du Hezbollah se rendaient à Damas lors des frappes aériennes qui ont secoué mardi soir des zones à l’ouest de la capitale syrienne. Ils auraient été touchés lors des frappes aériennes, laissant ouvertes de nombreuses questions sur la raison de leur ciblage et sur leur identité.

Newsweek a rapporté mercredi que les dirigeants du Hezbollah étaient visés par les frappes aériennes. Selon plusieurs sources, y compris le site Web libanais NewLebanon.info, la délégation du Hezbollah se rendait à Damas pour prendre un vol à destination de Téhéran. Ils se dirigeaient vers les obsèques du grand ayatollah Mahmoud Hashemi Shahroudi, un important religieux iranien qui était à la tête du Conseil de discernement. Il est décédé le 24 décembre et de hautes personnalités religieuses iraniennes l’ont enterré mercredi. Le guide suprême Ali Khamenei a présidé les cérémonies selon Fars News. Il semble maintenant que la délégation du Hezbollah se soit peut-être rendue à Damas pour prendre un vol à destination de Téhéran et assister à cet événement important. Les dirigeants du Hezbollah et du régime iranien assistent régulièrement aux funérailles et aux cérémonies des uns et des autres. Par exemple, le commandant de la Force Quds de l’IRGC, Qasem Soleimani, s’est rendu sur la tombe de Jihad Mughniyeh en 2015 à Beyrouth.

Un vol de Mahan Air a quitté Damas vers 10 heures du soir au milieu des frappes aériennes. Mahan Air a été désigné par le Trésor américain pour ses liens avec le CGRI. L’ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies, Danny Danon, a déclaré en 2016 que Mahan Air faisait partie des vols utilisés par Téhéran pour approvisionner le Hezbollah. Cependant, ces vols pourraient desservir directement Beyrouth, alors pourquoi une délégation du Hezbollah devrait-elle se rendre à Damas pour prendre place à bord?

L’affirmation selon laquelle les membres du Hezbollah étaient visés et qu’ils se rendaient à l’enterrement de Shahroudi n’a pas été confirmée. Newsweek a rapporté qu’une source du ministère de la Défense lui a dit que la frappe avait eu lieu «quelques minutes après que les dirigeants soient montés à bord d’un avion à destination de l’Iran». Des frappes ont également visé des entrepôts contenant des munitions de précision, dotées de GPS. L’affirmation selon laquelle les membres du Hezbollah étaient déjà montés à bord d’un avion n’a été corroborée par aucune séquence au sol montrant un avion touché. Une frappe sur un avion à l’intérieur d’un aéroport de Damas constituerait une grave escalade. Le rapport peut n’être que partiellement exact et indiquer que les hommes ont été frappés en chemin avant d’être à bord, et non après qu’ils ont embarqué.

Le média d’Etat syrien, SANA, a déclaré que la défense aérienne syrienne avait « intercepté des missiles ennemis tirés par des avions de guerre israéliens depuis le territoire libanais et avait réussi à détruire la plupart des roquettes avant qu’elles n’atteignent leurs cibles », a déclaré SANA. Les frappes aériennes auraient touché un dépôt de munitions et blessé seulement trois soldats. Plusieurs observateurs syriens, y compris le compte Twitter @Syria_SR, (services de renseignements) ont affirmé que les frappes aériennes étaient plus complexes que cela : «55 missiles, quatre vagues [de missiles de croisière, notamment Delilah] en 35 minutes et ont réussi à frapper sept fois à deux endroits différents». La défense a tiré 60 missiles pour intercepter l’attaque. Plusieurs missiles anti-aériens syriens SA-125 ont échoué lors de la tentative d’arrêt de l’attaque, frappant des zones autour de Damas et semant la confusion.

Si les membres du Hezbollah étaient pris pour cible, ce ne serait pas la première fois que des membres du Hezbollah seraient frappés au même endroit sur les routes menant de Damas au Liban par les montagnes. Par exemple, en décembre 2014, deux membres du Hezbollah ont été tués dans une frappe aérienne près de Dimas. En janvier 2015 également, des «personnalités du Hezbollah», dont Jihad Mughniyeh, ont été tués près de Quneitra. L’aéroport militaire de Mezzeh a également été attaqué en décembre 2016. Les frappes aériennes ont également visé une région proche de Saboura sur la route de montagne en novembre 2016 et en avril 2017. La route qui passe de Damas via l’aéroport militaire de Mezzeh et Saboura, Dimas et ensuite au Liban est longue de 116 km de conduite en montagne magnifique, qui dure environ 2 heures et demie par jour de circulation normale.

L’allégation selon laquelle les membres les plus anciens du Hezbollah auraient été pris pour cibles en se rendant aux funérailles de Shahroudi a été reprise par de nombreuses sources sur les réseaux sociaux et en ligne. Pourquoi les membres du Hezbollah s’exposeraient-ils sur la route de Damas sachant qu’il y avait eu des tensions dans la région ces derniers mois?Se sentaient-ils en sécurité, espérant que le système de défense aérienne syrienne S-300, fourni par la Russie à la suite de la destruction d’un IL-20 russe en septembre lors d’une frappe aérienne israélienne, leur assurerait la sécurité? Ciblés dans le passé sur le même tronçon de route, ils devraient en connaître ses dangers. Cela ne répond pas à la question finale de savoir pourquoi ils ne sont pas montés à bord d’un vol directement de Beyrouth et ne se sont pas mis à l’abri d’une identification des renseignements.

Les médias du Hezbollah et du régime pro-syrien ont gardé le silence sur cette question. Les médias du régime iranien ont également gardé le silence, ne discutant que du «succès» du système de défense antiaérienne syrien dans son ciblage (apparemment manqué) de l’attaque et en reprenant le récit légendaire selon laquelle seul un entrepôt avait été touché et plusieurs soldats blessés. Dans les prochaines heures ou les prochains jours, le régime syrien ou les médias pro-Hezbollah pourraient commencer à révéler ce qui s’est passé, en particulier si des membres importants du groupe ont effectivement été éliminés, ils voudront organiser des funérailles somptueuses pour les «martyrs». Le Hezbollah parle souvent ouvertement de ce genre d’événements. Le 3 décembre, par exemple, le Hezbollah a affirmé que ses membres n’avaient pas été touchés lors d’une frappe aérienne présumée du 29 novembre au sud de Damas. C’était pour répondre aux rumeurs selon lesquelles ses membres auraient été ciblés et tués.