ATTENTAT : LE DESTINATAIRE DU SELFIE DE YASSIN SALHI : UN AUTRE FRANC-COMTOIS

Yassin Salhi, qui a décapité, vendredi dans une usine de l’Isère, un homme selon le rituel barbare de Daech, a envoyé un selfie (photo prise sur portable) à un autre Franc-Comtois, lui-même converti à l’Islam et se trouvant actuellement en Syrie.

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Copie de la carte d’identité de Sébastien Yunes V.Z., le destinataire du selfie pris par Yassin Salhi.

À qui le Bisontin Yassin Salhi a-t-il adressé son sinistre selfie, après avoir décapité son patron, vendredi soir, après avoir provoqué une explosion à l’usine classée Seveso de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) ? À un autre Franc-Comtois, natif de Haute-Saône, parti il y a quelques mois en Syrie pour « repeupler l’État Islamique ».

Un certain Sébastien-Yunes V.Z., né le 3 avril 1985 à Lure et donc âgé de 30 ans, converti à l’Islam à sa sortie de l’IUT de Besançon où il avait obtenu au milieu des années 2000 un diplôme de technicien en logistique. Sur sa carte d’identité (photo), il a fait ajouter un nom d’usage de façon à accoler au patronyme français que son père lui a légué le nom de jeune fille de sa mère, d’origine maghrébine. Il a également pris soin d’agréger au prénom qu’avaient choisi ses parents, Sébastien, un second prénom de consonance musulmane, Yunes.

Après avoir décroché son bac à Vesoul, Sébastien V.Z., alias Yunes Z., a entamé des études supérieures à Besançon où il commence à fréquenter la mosquée Souna de Saint-Claude. Il se convertit rapidement. Est-ce à cette période qu’il a croisé la route de Yassin Salhi, de cinq ans son aîné, dont on sait aujourd’hui qu’il côtoyait à cette époque certains groupes salafistes bisontins ? On l’ignore…

Ce dont on est sûr, c’est que c’est une femme, rencontrée sur internet, qui a poussé Sébastien-Yunes V.Z. vers la radicalisation. Il l’épouse à Bruxelles mais celle-ci le quitte très vite, l’estimant trop… modéré dans sa pratique de l’islam. De retour à Besançon, le nouveau converti rencontre une autre jeune femme, musulmane elle aussi qui, a contrario, rompt la relation, affolée par le fanatisme de ce nouveau compagnon. En 2012, celui qui refuse qu’on l’appelle désormais autrement que Yunes V.Z. fait la connaissance d’une certaine Najah, native de Maison-Alfort, en région parisienne, avec laquelle il s’enfuira deux ans plus tard en Syrie.

Robe noire et niqab

Le jeune Luron arbore désormais la barbe et la djellaba, noire et longue, signe distinctif des fondamentalistes. Elle porte le niqab, ce voile intégral qui laisse à peine passer les yeux. Le couple s’installe cité de la Bouloie, non loin de l’IUT où le désormais jeune chef de famille a étudié. Une petite fille naît de cette union, en avril 2013. Des gens « tranquilles », rapportent certains voisins qui, tout de même, avaient « un peu peur » lorsqu’ils les croisaient dans leur accoutrement orthodoxe. En février dernier, notre confrère Fred Jimenez avait relaté les circonstances du départ précipité de cette jeune famille pour la Syrie («Besançon, en Syrie avec leur bébé », L’Est Républicain du 12 février 2015), en novembre 2014. Peu de temps auparavant, une autre Franc-Comtoise, la jeune Soukaïna, native de Bethoncourt dans le Pays de Montbéliard, avait défrayé la chronique après que l’on eut appris qu’elle était partie faire le jihad au profit de Daech, l’organisation armée terroriste islamiste qui, il y a tout juste un an aujourd’hui, proclamait l’instauration d’un califat sur les territoires irakiens et syriens passés sous son contrôle.

Les autorités restent alors mutiques sur ce départ scruté de près. À ses amis proches, Yunes V.Z. a expliqué s’être engagé dans une « action humanitaire ». Avec sa famille, il a évoqué un déplacement en Belgique, pour un emploi. On ne le reverra plus, lui, sa jeune épouse et leur bébé de dix-huit mois. Cinq semaines après ce départ, le 4 novembre 2014 précisément, les policiers perquisitionnent l’appartement situé au dernier étage de leur immeuble de la cité de la Bouloie. Les riverains tombent des nues lorsqu’on leur conte l’engagement de ce jeune homme « poli » et de son épouse « très discrète ».

Aucun signe, depuis, pas la moindre trace d’un quelconque mouvement bancaire susceptible de les identifier. La famille a changé son adresse mail et utilise de manière détournée certains réseaux sociaux pour y « poster » des photos censées rassurer ses proches. Dans un de leur courriel, ils déclaraient en décembre dernier « aller bien mieux qu’en France » et « ne manquer de rien », racontant être partis « pour repeupler l’Etat islamique, non pour combattre ». On sait aujourd’hui qu’il n’en est rien et que le jeune Luron aurait été enrôlé dans une unité combattante, dans le secteur de Raqa [NDLR : espérons que les Kurdes vont rapidement lui faire passer le goût du pain]. C’est par les mêmes réseaux numériques que Yunes V.Z. a reçu vendredi la photo de son « frère » Yassin Salhi, ricanant en prenant la pause devant le crâne décapité de sa victime.

Nicolas BASTUCK

bienpublic.com

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