L’arrestation aux Etats-Unis de l’acteur-clé du scandale de l’Or Iranien, où Erdogan est impliqué, réveille les fantômes dans le placard de la Turquie. 

 

Des rapports sur des boîtes de chaussures bourrées de 4, 5 millions de $ cachées au domicile d’un directeur de banque d’Etat turc, ainsi qu’une machine à compter les billets dans la chambre à coucher du fils d’un Ministre du gouvernement Erdogan…

Et des indices que les finances de l’Etat sont utilisées illégalement pour acheter et transférer de l’or en Iran, afin de l’aider à contourner les sanctions internationales imposées à cause de son, programme nucléaire.

ZaarabReza Zarrab, un citoyen binational de Turquie né en Iran, conduit à un poste de police à Istanbul en décembre 2013. 

Bon retour en 2013, quand la Turquie a été destablisée par un scandale de corruption qui impliquait quelques-uns des plus proches associés de Recep Tayyip Erdogan, qui n’était encore que Premier Ministre.

Au cours des mois suivants, le dossier a comme hypnotisé l’opinion publique, alors qu’il évoluait vers une collision frontale entre les enquêteurs et Erdogan lui-même, qui les accusait de faire partie « d’un Etat dans l’Etat menant un vaste complot de l’ombre », afin de ternir son gouvernement.

En moins d’un an, des dizaines de procureurs et de responsables de la police ont été limogés ou dessaisis du dossier, sur ordres d’exécution immédiate, l’enquête a été enterrée et Erdogan en est ressorti avec l’image d’un leader bien plus autoritaire qu’auparavant.

Et à présent, ce scandale de corruption qui fascinait tant les Turcs, il y a trois ans est de retour à la Une de l’actualité, grâce à l’inculpation, la semaine dernière, à New York, du principal suspect du dossier : un trafiquant d’or et personnalité mondaine turc qui agissait en tant qu’intermédiaire présumé pour l’Etat turc vis-à-vis de l’Iran.

Arrêté le mois dernier (le 19 mars) à Miami, Reza Zarrab a plaidé non-coupable le 28 avril, pour les accusations de conspiration avec deux Iraniens, afin de transporter des centaines de millions de dollars de transactions financières afin d’aider Téhéran à obtenir de l’or et des devises, malgré les sanctions américaines interdisant l’accès de l’Iran au système financier mondial.

Selon les enquêteurs turcs en 2013, Zarrab, un binational turco-iranien, était bien au cœur d’un système de corruption massive, qui impliquait de graisser la patte aux plus hauts-fonctionnaires turcs. Dans le cadre de cette combine, la Turquie achetait légalement du pétrole et du gaz iranien en lire turque – ce qui demeurait possible sous le régime des sanctions – mais ces lires étaient ensuite subrepticement converties en lingots, euros et dollars américains interdits à Dubaï, avant d’être livrées à Téhéran par des messagers porteurs-de-valises.

Mais la vraie question, actuellement, consiste à savoir si le dossier de Zarrab peut résonner au-delà des Etats-Unis au point de réveiller l’enquête avortée en Turquie, qui a généré une telle crise politique pour Erdogan? La réponse, qui ne sera connue que dans les semaines à venir, apportera beaucoup à l’évaluation de la considération d’Erdogan, devenu Président, pour le rôle du système judiciaire et de l’opposition politique en Turquie, actuellement.

La Turquie à la croisée des chemins

De nombreux analystes politiques perçoivent le scandale de l’or iranien comme moment-charnière qui a transformé Erdogan en dirigeant de plus en plus perçu comme intolérant à toute opposition et essayant quotidiennement les différents leviers de gouvernement pour l’écraser.

« Il s’est assuré, en provoquant de grands bouleversements au sein du système judiciaire et dans les rangs de la police que tous les dossiers de l’enquête soient clos et depuis ce moment, il n’a fait qu’intensifier sa lutte contre ce qu’il ressent comme les forces qui se sont alliées pour le renverser », observe Barcin Yinanc, qui commente la politique au sein du quotidien Hurriyet d’Istanbul.

Selon elle, le scandale de l’Or d’Iran, -lors duquel quatre Ministres du gouvernement ont démissionné en tant que sources non-identifiées des fuites diffusées à la presse par certains enquêteurs du système judiciaire-, a fini par convaincre Erdogan que des pans entiers des forces de police et de l’intérieur de l’appareil judiciaire étaient gangrénés par un réseau d’ennemis qui devaient être écrasés par la force.

Savoir qui comprenait exactement ce réseau n’a jamais été révélé, mais Erdogan a fait des allusions suffisamment claires pour n’importe quel auditeur turc comprenne qu’il accuse les disciples de son ancien allié, devenu aujourd’hui son super-rival parmi les grands leaders politiques, le dignitaire religieux musulman Fethullah Gulen.

Gulen, qui vit aux Etats-Unis depuis 1999, mais dont les partisans ont contribué à hisser le Parti islamiste AKP d’Erdogan au pouvoir en 2002, s’est ensuite séparé d’Erdogan sur des divergences de vues idéologiques. Certains de ses enseignements s’opposent directement aux directives d’Erdogan, dont le faiut d’encourager le dialogue inter-religieux avec les Juifs et les Chrétiens, malgré le long palmarès de relations cahotiques du dirigeant de l’AKP envers Israël.

Depuis le début de la répression du mouvement Gulen en Turquie, qui est passée par la fermeture de centres de préparation des examens, utilisés par le mouvement pour recruter de nouveaux membres et lever des finances, Erdogan s’en est tenu à une ligne encore plus dure envers les opposants politiques de toute obédience.

« Son intolérance envers les dissidents ne se limite pas aux sympathisants du mouvement Gulen, toute sorte de dissidence n’est pas la bienvenue pour lui », observe Yinanc. « Le simple fait, même, qu’il y ait près de 2000 dossiers de justice qui concernent de présumées « insultes envers le Président » démontre qu’il ne tolère pas la moindre critique ».

Avec le retour de ce scandale de l’or d’Iran à la Une de lactualité, Erdogan pourraient avoir à se débattre dans de nouveaux cycles de mises en cause, à propos d’un scandale qui refuse de disparaître, en dépit de l’étouffement officiel de l’affaire.

Kemal Kilicdaroglu, dirigeant du CHP, le principal parti nationaliste d’opposition, affirme que, quand Zarrab a été arrêté le mois dernier, il espérait que les procédures américaines jetteraient de nouveaux éclairages sur cette affaire complexe. 

« Je suis persuadé qu’il y en a beaucoup qui ne dormiront pas à leur aise dans leurs lits, ce soir », avait-il déclaré lors d’une réunion de son parti au parlement le 22 mars ». « Ils vont étendre tout le linge sale aux fenêtres et, de cette façon, nous allons bien finir par apprendre toute la vérité ».

 

Par Charles Recknagel, Radio Free Europe / Radio Liberty

worldtribune.com

Adaptation : Marc Brzustowski

 

Reza Zarrab derrière des barreaux américains

reza zarrab

Reza Zarrab, c’est le nom clé dans l’affaire de corruption qui revenait à la lumière du jour le 17 décembre 2014, par le biais des enregistrements téléphoniques. Il a été arrêté aux Etat Unis le 19 mars dernier.

commission-parlementaireAvec l’homme d’affaires Reza Zarrab, 4 ministres de l’AKP de l’époque, Muammer Güler, Egemen Bağış, Zafer Çağlayan et Erdoğan Bayraktarainsi que le directeur du Halkbank avaient été impliqués. De très grosses sommes d’argent plein des coffres et des « boîtes à chaussures », et des lingots d’or avaient été saisies au domicile du banquier, de Reza et des fils de trois ministres.

Il n’y a pas eu de suite. L’opération ayant été considérée comme « tentative de coup d’Etat » qui aurait été organisé par « l’Etat parallèle », dirigé par Fetullah Gülen, ex ami, et actuel ennemi number one d’Erdoğan. l’appellation de « Coup d’Etat » bien sûr ne visait pas les détournements, mais la soudaine opération « mains propres » de la justice, à l’encontre de leurs auteurs.

L’enquête a été précocement terminée, après un changement de Procureur, mutation des policiers qui avaient exécuté ses ordres et condamnation de certains journalistes…

Le meilleur, l’argent saisi, a été rendu à leurs « propriétaires » et avec les intérêts s’il vous plait. C’est sans aucun doute une partie qui se baladait en placements véreux aux Etats Unis.

Reza, homme d’affaire, au top de la « réussite » à 32 ans, a tout pour être heureux. reza-zarrab-prix exportMarié à Ebru Gündeş, une chanteuse turque, il est bien aimé d’Erdoğan et de sa clique. A l’époque des accusations, Erdoğan l’avait clairement qualifié de « bienfaiteur » et Muammer Güler, alors Ministre de l’intérieur, avait déclaré qu’il était « prêt à se coucher devant lui » si la justice l’inquiétait… En juin 2015, il était récompensé comme meilleur homme d’affaires, et a reçu le « prix de l’exportation » des mains de ministres même.

Reza Zarrab de nationalités iranienne et turque, sous le nom de Rıza Sarraf, et deux Iraniens, Hossein Najafzadeh et Camelia Jamshidy sont mis en examen aux USA. Ils sont accusés de fraude, violation de l’embargo, blanchiment d’argent et fraude bancaire, impliquant la compagnie nationale iranienne de pétrole, la banque Mellat, ainsi que plusieurs sociétés installées en Turquie. Il est question des transactions de centaines de millions de dollars au profit de la banque Mellat.

Les deux acolytes sont actuellement en liberté, mais Reza Zarrab a été arrêté dès son arrivée à Miami, et reste derrière les barreaux après son passage devant le tribunal fédéral. Il risque jusqu’à 75 ans de prison.

Enfin, c’est peut être mieux ainsi pour Reza, car Babek Zencani son associé, jugé depuis 3 octobre 2015 en Iran, pour avoir causé des dommages à l’Etat d’un montant de 2, 8 milliards de dollars, a été condamné à mort le 6 mars dernier.

Reste à savoir, si les bras de certains sont assez longs pour que le dossier soit classé sans suite, et que le Procureur américain Preet Bharara et les policiers qui ont fait l’arrestation soient mutés.

« Allo, ici le Sultan Erdogan »….

Image à la une : arrestation de Reza en 2014

Brèves, Corruption mars 24, 2016

kedistan.net

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Ifergan

Au cours des mois suivants, le dossier a comme hypnotisé l’opinion publique, alors qu’il évolué???? évoluait serait plus correct
En savoir plus sur https://jforum.fr/le-scandale-de-lor-iranien-illegal-eclabousse-erdogan.html#D3occCcClQ2cuevi.99

Ifergan

Au cours des mois suivants, le dossier a comme hypnotisé l’opinion publique, alors qu’il évolué????? évoluait serait plus correct
En savoir plus sur https://jforum.fr/le-scandale-de-lor-iranien-illegal-eclabousse-erdogan.html#D3occCcClQ2cuevi.99

JeanD

Erdogan, est-il corrompu ?!
Il suffit de voir, comment il a enterrer toutes enquêtes…
le concernant, lui et sa famille !!!
Peut-on se dire musulman et corrompu ?!

Monsieur Erdogan, vous ne pouvez malheureusement pas
contrôlé Internet, Twitter, Facebook…
que la Vérité soit connu…
ce qui signifie la fin de votre règne « despotique » !!!