Un sarcophage exposé au Louvre au centre d’un bras de fer entre la France et Israël

Par Claire Hache

Des « rabbins » israéliens ont intenté une action en justice à Paris pour récupérer le cercueil de pierre et les ossements d’une reine convertie. Ils en contestent la propriété à la France.

En fait la contestation réunit plusieurs organisations israéliennes et internationales: une association cultuelle juive israélienne, Hekdesh, a mandaté l’avocat franco-israélien Gilles-William Goldnadel dans le différend qui l’oppose au Consulat de France concernant la propriété et la gestion du Tombeau des Rois à Jérusalem, a révélé lundi la presse israélienne.

L’avocat a adressé le 25 février dernier un courrier au ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, rappelant les conditions dans lesquelles le tombeau a été confié à la France.

Interrogé par Le Monde Juif.info, Maître Gilles-William Goldnadel insiste sur le fait que la propriétaire originelle du monument, Berthe Amélie Bertrand, “a fait don du tombeau au Hekdesh en mémoire de ses ancêtres et afin de le préserver de toute profanation”.

“Le Grand rabbin de France de l’époque, Lazar Isidor, a confirmé l’acquisition et certifié que le tombeau restera propriété israélite à jamais. Celui-ci a transmis le bien au Hekdesh de Jérusalem. L’acte a été certifié conforme à Saint-Germain-en-Laye, le 23 avril 1874. Il est signé par Berthe Amélie Bertrand et le Rabbin Lazar Isidor. Afin que les autorités françaises soient au courant de cette acquisition, il fut envoyé au Consulat de France. Une copie se trouve dans les archives du ministère des Affaires étrangères”, explique l’avocat.

C’est un lourd bloc de calcaire, sommairement sculpté et surmonté d’un épais couvercle. Il porte pour seul ornement une double inscription comme gravée à la hâte, en hébreu et en araméen.

Indéchiffrable pour le profane, elle dit toute la valeur de l’objet : « La reine Saddan ». Ce sarcophage royal du Ier siècle après Jésus-Christ est discrètement exposé à l’ombre de la pyramide du Louvre, à Paris, au milieu d’une salle remplie d’objets d’art funéraire du Proche-Orient.

Un étage sous la Vénus de Milo, deux niveaux sous la Joconde de Léonard de Vinci, le cercueil de pierre n’attire pas autant de visiteurs que ses illustres voisines. Pourtant, depuis plus d’un siècle, son origine fascine écrivains, archéologues, historiens, voyageurs et religieux. Surtout, depuis peu, il se trouve au centre d’un bras de fer judiciaire et diplomatique.

Premières fouilles en Terre sainte

Selon nos informations, le Hekdesh du tombeau des rois, association cultuelle juive israélienne, a assigné il y a trois semaines le musée du Louvre et le ministère français de la Culture devant le tribunal de grande instance de Paris. Une première audience civile doit se tenir le 11 janvier prochain.

Au cœur du litige : la propriété de ce cercueil, présenté comme celui de la reine Hélène d’Adiabène. Les « rabbins » de l’association, par la voix de leur avocat parisien Gilles-William Goldnadel, réclament à la France sa restitution, avec les ossements présumés de cette souveraine convertie au judaïsme, dont le royaume correspond au Kurdistan actuel.

Pour comprendre ce dossier sensible, à la frontière entre archéologie, politique et religion, il faut revenir plus de cent cinquante ans en arrière, au moment de la découverte du fameux objet funéraire. Nous sommes sous l’Empire ottoman, dans l’actuelle Jérusalem-Est, près de la porte de Damas.

A l’époque, le site s’appelle déjà le Tombeau des rois. « Le Français Félicien de Saulcy réalise en 1863 les premières fouilles en Terre sainte. Il a la chance de découvrir une salle inviolée, à l’accès condamné par une porte en pierre, où se trouvent plusieurs sarcophages », raconte l’archéologue Jean-Sylvain Caillou, spécialiste du sujet.

Saulcy est persuadé d’avoir affaire à la dernière demeure des rois David et Salomon. Mais cette croyance va être contredite par la suite au profit d’une autre hypothèse : les lieux seraient en réalité le tombeau de la famille d’Adiabène.

Transfert « sans autorisation »

Cette découverte provoque des remous. Dans un contexte tendu, l’archéologue parvient à extraire trois sarcophages de la salle souterraine après les avoir découpés.

Il va même jusqu’à dissimuler avec de la terre glaise la double inscription relative à la reine. L’archéologue ne s’en est jamais caché, comme il le raconte dans ses Souvenirs d’un voyage en Terre sainte : cette « trouvaille si curieuse », il craignait de se la voir « souffler ».

Car les juifs s’opposent fermement à son projet et s’en plaignent au pacha, le gouverneur ottoman. Saulcy rapporte dans ses écrits les hésitations du pacha, qui finit cependant par lui vendre l’objet funéraire royal. De retour en France, il en fait don au Louvre.

Un siècle et demi plus tard, les requérants évoquent un transfert « sans autorisation » de ce qu’ils considèrent comme des éléments au « caractère hautement symbolique, sacré et historique ».

Dans leur assignation que L’Express a pu consulter, ils accusent le Louvre d’avoir « volontairement dissimulé des ossements » issus des sarcophages.

Ils se fondent notamment sur une notice rédigée en 1876 par un conservateur du célèbre musée, qu’ils ont jointe à la procédure. Dans cet inventaire, la présence de cinq boîtes renfermant des os humains est mentionnée, « tous ces objets [ayant] été découverts, en 1863, dans le cercueil même de Saddan ».

Restitution de têtes maories

Depuis 2010, le Hekdesh du Tombeau des rois cherche à tout prix à mettre la main sur ces « ossements sacrés », persuadé de les retrouver dans les sous-sols du Louvre, où ses représentants ont d’ailleurs été reçus.

Le respect dû aux morts nécessite que leurs restes reposent dans leur terre d’origine, expliquent-ils. « Il s’agit d’une procédure de récupération à l’égard de pillages, comme il y en a eu beaucoup en période coloniale. Mes clients sont outrés de constater que le Louvre leur a dissimulé le fait qu’il conservait des dépouilles funéraires vénérées sans aucune utilité artistique », commente Me Goldnadel.

Le conseil n’hésite pas à s’appuyer sur des précédents de « biens sacrés ou cérémoniels (qui) ont fait l’objet de restitutions », comme les têtes maories conservées dans les musées français finalement restituées à la Nouvelle-Zélande en 2012, ou ce totem rendu en 2006 par la Suède à des peuples autochtones du Canada. Des arguments qu’il reviendra à la justice d’examiner avant de trancher.

Inquiétude des milieux archéologiques

Contactés, ni le Louvre ni le ministère de la Culture n’ont répondu à nos sollicitations. Le sujet est d’autant plus sensible que cette affaire est en réalité le deuxième volet d’une même procédure judiciaire.

En mai, la même association a assigné le ministère des Affaires étrangères devant le tribunal de grande instance de Paris. Cette fois, il n’était pas seulement question de la « reine Saddan », mais carrément de la propriété française du Tombeau des rois, qu’elle conteste tout autant.

Voilà ce joyau vieux de deux mille ans, site archéologique majeur, devenu objet d’une controverse à la fois religieuse et politique. Les « ultraorthodoxes » (en fait la contestation touche de nombreuses personnalités et organisations)  réclament en effet bruyamment de pouvoir prier de manière illimitée dans ce monumental ensemble funéraire taillé dans la roche. Or, depuis octobre dernier et après dix ans de fermeture, le lieu n’est ouvert que deux matinées par semaine, de manière payante, à un nombre restreint de visiteurs.

Les milieux archéologiques redoutent quant à eux que la nécropole ne soit soustraite à la science au profit du culte. D’autant que les archéologues, loin du bruit médiatique, continuent de décrypter les mystères du Tombeau.

Certains spécialistes ne sont pas convaincus qu’il s’agisse bien de la reine Hélène d’Adiabène, et travaillent sur d’autres hypothèses. (1)

Pourtant sur notre site Jforum on peut lire article éclairant sur le sujet (extraists):

Reste le quatrième lieu saint dont l’histoire est passionnante et romanesque, le Tombeau des rois… les rois qui y reposent sont des Kurdes juifs.

Il s’agit du tombeau, taillé dans le roc, de la reine Hélène d’Adiabène et de son fils Izatès II[3]. Hélène s’était convertie au judaïsme vers l’an 30 et a vécu à Jérusalem où elle fit preuve d’une grande philanthropie[4]. Son fils aussi s’était converti au judaïsme, indépendamment de sa mère dont le palais, incendié par les Romains lors de la prise de Jérusalem en 70, a été mis au jour en 2007 juste au sud du mont du Temple, dans ce qui avait été l’Akra. Izatès fit part publiquement de sa conversion en montant sur le trône kurde et fut suivi par de nombreux nobles.

Flavius Josèphe décrit le bâtiment funéraire, ses dimensions, son enceinte de 28 m de haut, ses trois pyramides (disparues), son escalier monumental et surtout sa porte : une pierre ronde roulante ; d’autres après lui le décrivent, tel Pausanias, le géographe grec (115-180) qui insiste sur la porte qui ne s’ouvrait qu’une seule fois par an, tel un automate et en fait l’une des merveilles du monde.

Auraient aussi été ensevelis là, Nicodème Ben Gourion, richissime philanthrope et son ami KalbaSavoua, le riche beau-père de Rabbi Akiva, qui vécurent à l’époque de la destruction du second Temple. C’est la raison pour laquelle depuis des temps immémoriaux les Juifs y venaient en pèlerinage pour le lagbaomer.

Lorsqu’en 1806, Chateaubriand visita les lieux, à huit cent mètres au nord de la muraille de la Jérusalem d’alors qui se limitait à la cité ceinte des murailles de Soliman, on lui affirma qu’il s’agissait, de longue mémoire, du  tombeau des rois David, Salomon et leurs descendants… des légendes circulent dont celle d’un trésor caché qui a appâté le cupide gouverneur ottoman de Jérusalem, il a gravement endommagé le site (1847). Dans cette cité vivaient plus de Juifs que de chrétiens et musulmans réunis (recensement ottoman de 1844).

Chateaubriand, incrédule face à l’affirmation, lut Josèphe et Pausanias et rétablit les faits. Pourtant, quelques années plus tard, en 1851, de Saulcy, un artilleur français devenu archéologue et numismate, proche de Napoléon III, visite le site et se laisse convaincre qu’il s’agit du mausolée des rois de Judée. A l’époque, l’Orientalisme est à la mode en Europe. Pour les voyageurs l’état misérable du pays a un charme exotique, il pimente le voyage. C’est l’ère des consuls européens à Jérusalem. Notre artilleur avait fêté un réveillon remarquable avec Paul-Emile Botta[5] alors consul de France, avant sa visite du site.

Il rapporte au Louvre des fragments de sarcophage et communique sa conviction à l’Académie des Inscriptions et Belles lettres ; une guerre de dix ans entre archéologues débute. De Saulcy retourne en Orient, il obtient en 1863 l’autorisation officielle de mener les premières fouilles archéologiques en Terre Sainte. Le sultan ne saurait rien refuser à un allié de la guerre de Crimée (1853-1856) qui est aussi une conséquence du conflit entre catholiques français et orthodoxes russes pour la protection des lieux saints, notamment à Jérusalem. Lors de ses fouilles, de Saulcy découvrit une chambre funéraire secrète abritant un sarcophage royal dont le contenu tombe immédiatement en poussière ! Pour les savants le nom gravé est celui d’Hélène d’Adiabène, ce que le fouilleur refuse d’admettre. Il pense contre tous qu’il s’agit de l’épouse du roi Sédécias et qu’il est à deux doigts de découvrir la sépulture des rois bibliques.

Le fameux sarcophage du Louvre n’a pas fini de faire parler de lui.

Richard Rossin (1) note enfin: « La surprise, la cerise sur le gâteau, est que, au consulat de France où on n’est pas à une réécriture près de l’histoire, l’annonce officielle de réouverture dans sa traduction arabe (l’annonce est en français et en arabe, pas en hébreu) évoquerait un tombeau des sultans ! Bien sûr, ce serait une félonie de volonté délibérée. Pour la culture générale des diplomates français la traduction de roi en arabe n’est pas sultan d’une part et d’autre part la datation de ce tombeau précède de onze siècles la nomination du premier sultan[9]

Le francophone Haïm Berkovits, auteur d’un livre sur le Tombeau des Rois travaille d’arrache-pied depuis des années sur cette question épineuse qui empoisonne régulièrement les relations entre la France et Israël.

(1) Ancien secrétaire général de MSF, cofondateur de MdM, ancien vice-président de l’académie européenne de géopolitique.

Source :www.lexpress.fr

Autres sources: www.jforum.fr

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Ephraïm

Et pourquoi l’auteur de cet article cite les rabbins entre guillemets ? alors qu’ils sont effectivement des rabbins ?

alexandra

Ce sarcophage volé en Judée n’a rien à faire au Louvre. Il doit retourner dans son pays d’origine, bande de voleurs !

Bonaparte

Le Louvre a beaucoup de mal à rendre ce qui ne lui appartient pas .

Souvenons nous de toutes ces toiles spoliées aux Juifs pendant la derniére guerre .

Trés peu ont obtenu justice .

Beaucoup ont été déportés sans laisser d’héritiers . Ces biens devraient revenir à Israël .

La France devrait balayer devant sa porte avant de donner des leçons aux autres .

Au voleur ! Au voleur !

citoyen_francais

Les français sont des voleurs de reliques c’est bien connu.
Le Musée du Louvre qu’ils disent être le plus grand au monde, devant le prestigieux Musée russe Lermitage, tout de même, abrite 80% d’œuvres et de monuments étrangers, dont les 3 quarts ont été volés, en Afrique notamment et en Chine.

L’Égypte réclame depuis des lustres la restitution de l’obélisque de la Concorde, que Napoléon a volé pendant la campagne d’Égypte, mais Paris fait la sourde oreille, arguant que le pays l’a offert au « petit caporal » de merde. MENSONGES !!!

Quant aux trésors d’Afrique noire volés en grande partie pendant les 400 ans d’esclavage et de colonisation, ils font l’objet d’un bras de fer avec Paris pour leur restitution à leur pays d’origine.

En dehors de quelques vestiges de cromagnon, de mammouths, de grottes et cavernes et des cheveux de Jeanne d’arc qu’ils disent vierge, ce pays possède un patrimoine historique misérable, qu’il essaie de valoriser avec des objets volés à des pays étrangers…

Pour info, le musée Lermitage possède plus de 85% d’œuvres issues du patrimoine russe, et moins de 20% d’œuvres étrangères.
C’est de loin le plus prestigieux musée au monde, et sans doute le plus riche aussi.
Rendez aux juifs ce qui leur appartient bandes de voleurs !

ynor

Pas besoin non plus de faire la promotion de la Russie qui elle aussi a colonisé, pillé, massacré, déporté, assimilé de force, que ce soit dans le Caucase, en Asie centrale ou en Sibérie… Vous êtes probablement un troll russe, pas un « citoyen français ».

boudot emmanuel

Le Louvre au 3/4 rempli d’oeuvres venant d’Afrique et de Chine !!! vous avez l’air de bien connaitre votre sujet !!!

LE CHAT DORT

DE Saulcy ne fut qu une canaille cupide
un condottière qui se transforma en archéologue…..

saulcY ………. avec un Y comme dans quai d’ orsaY

la même canaille antijuive depuis des siècles, et qui continue ses méfaits de lèche babouche, n oublions jamais le consul de France de Damas dont l’ immonde vilenie, soutenant l’ accusation d’ egorgement d’ enfant chrétien, a la même époque,(1840 ) fit les delices d’ une France qui n’ a pas vraiment reconnu sa maxima culpa, et couta la vie a bien des Juifs alors

https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_de_Damas

andre

En effet: quand on lit

« C’est l’ère des consuls européens à Jérusalem. », on ne peut s’empecher de penser immediatement au consul Ratti-Menton
dont vous rappelez l’ignoble participation a une entreprise antisemite criminelle.

davidex

Ce n’est pas le cas Sarah Halimi (que son âme repose en paix) qui ‘boosterait’ l’optimisme quant-à la décision de justice…

sincere

La France dhimi remplie bien son role de colon qui fait la lecon au peuple autochtone d Israel .Toute l’archeologie prouve la Veracite, l’authenticite du peuple juif sur sa terre millénaire:
Ou est la fierté de la France?
Celle qui depouille les juifs de leur histoire et alloue l argent de nos impots aux colons musulmans appelés a tord palestinens pour encourager le terrorisme sur les juifs…
Celle dont la justice se fourvoye pour legitimer partout le crime de juifs et soutenir toutes les dictatures y compris l iran . Elle soutien ceux qui desirent jeter les juifs a la mer..

La France se perd…

Rosa SAHSAN

Il y a longtemps que la France s’est perdue.
Souvenons nous de la célèbre phrase dégueulasse de De Gaulle Peuple fier, sûr de lui et dominateur. On ne peut pas oublié cela.
ROSA

Élie de Paris

À l’époque du pillage, la France était au faîte de ses comptoirs et autre colonisation. Aussi les empires entretenaient des relations courtoises « en amis ». Le Louvre est archi plein de ces pièces qui, lorsqu’elles n’ont pas été achetées à un état, proviennent de pillage par corruption, spoliation, voir massacre.
On entend un Macron, actuellement, interjeter des tirades comme sa moitié a dû lui apprendre, que la colonisation, c’est vilain, pas beau, méchant, abominable, ça vole et ça piétine…
Le tombeau, le sarcophage, comme les cendres de cette formidable reine, qui a reconnu la Vérité. Nous sommes ses ayant-droits !
Qui lui dira que, quand on a été bien élevé, ne peut pas dire une chose et faire son contraire ?