Le prochain président US peut annuler l’accord avec l’Iran– Hoenlein

Hoenlein (vice-président de la conférence des Présidents des principales organisations juives en Amérique)  affirme qu’il n’est pas juste de présenter l’accord avec l’Iran comme une défaite pour les groupes de pression et la communauté pro-israélienne aux Etats-Unis puisque le débat ne concernait pas seulement Israël.

 

L’accord nucléaire a été voté aux Etats-Unis à cause d’une « manœuvre parlementaire » et par conséquent, le prochain Président peut très bien se considérer comme n’étant pas lié par lui, a déclaré mardi, Malcolm Hoenlein, le Vice-Président exécutif de la Conférence des Présidents des Principales Organisations Juives Américaines. 

Hoenlein a déclaré au Jérusalem Post, juste avant la réunion annuelle de la conférence, prévue à Jérusalem dans deux semaines, que bien que l’accord ait été accepté, il ne s’agit pas d’un traité signé et, par conséquent, le prochain, Président peut parfaitement en réviser le contenu ou le considérer comme non-advenu. Il a souligné que les sondages annoncent que 80 % du public américain s’y oppose. 

L’accord est parvenu à s’imposer par la seule force d’une manœuvre parlementaire,  » mais personne ne dispose d’un accord signé », dit-il. « Vous n’êtes pas face à un traité que le Président peut signer, parce qu’il sait pertinemment qu’il n’aurait pas pu être voté (devant le Congrès et le Sénat). En conséquence de quoi, le prochain Président peut très bien déclaré qu’il ne se sent pas lié par lui ». 

Selon Hoenlein, « Je verrais très bien le prochain Président comme doté de la volonté de le reconsidérer, d’examiner ses termes et de constater quelles mesures ont réellement été appliquées ou pas ». 

Hoenlein a affirmé qu’il n’est pas juste de présenter cet accord comme une défaite pour la communauté pro-israélienne aux Etats-Unis,puisque le débat ne portait pas sur Israël et que l’Amérique elle-même est également menacée par le déverrouillage des vannes, par la levée des sanctions au profit de l’Iran, qui est à nouveau en mesure d’inonder d’argent ses supplétifs à travers le globe avec cet argent frais. 

Il a cité un chercheur du Washington Institute disant qu’il y a environ entre 30.000 et 40.000 agents du Hezbollah en Amérique du Sud et qu’ils ont creusé des tunnels depuis le Mexique et qui débouchent aux Etats-Unis.

« Les hommes du Hezbollah sont présents au Mexique », signale Hoenlein. « L’Iran dispose de sites de fabrication d’armes en Amérique du Sud, toutes sortes de trafics, dont ceux à partir d’une des plus grandes réserves d’uranium, le second après le Canada, au Venezuela.”

Hoenlein dévoile que cette usine de production d’uranium est située près d’usines russes et chinoises », « donc si vous voulez la bombarder, vous rencontrez un très gros problème ». 

Hoenlein affirme aussi que le Hezbollah dirige un réseau illégal de contrebande de cigarettes dans environ 50 localités tout le long de la frontière Canado-américaine, ce qui coûte la bagatelle de plus de 300 millions de $ de perte des revenus des impôts à l’Etat de New-York. Sous cet éclairage c’est une grave erreur stratégique de la part des Etats-Unis de faire comme si l’Iran n’était qu’un problème qui ne concernerait qu’Israël ou le Moyen-Orient. 

Concernant les 350 jours que doit encore durer l’Administration Obama, Hoenlein fait remarquer qu’un mois passé au Moyen-Orient représente une longue période d’événements successifs, sans parler d’une année entière. 

« Nous avons une administration en place, nous devons travailler avec elle et examiner ce que nous pouvons faire avec elle », dit-il, pragmatique, en ajoutant que des gens, au sein de l’Administration, lui ont dit que le Moyen-Orient ne va pas être le principal point de focalisation durant la dernière année de mandat du Président Barack Obama.

« Il y a bien d’autres problèmes sur lesquels le Président va se concentrer comme étant ses priorités », dit-il en ajoutant que le Secrétaire d’Etat John Kerry a « clairement mis l’accent sur ce processus diplomatique, en particulier, parce que l’Administration a l’intention de bloquer les initiatives françaises de conférence internationale et de résolution d’Etat Palestinien au Conseil de Sécurité de l’ONU ».

Hoenlein a affirmé que bien qu’il y ait des désaccords de fond avec l’Administration Obama, « nous devons aussi reconnaître qu’il y a eu beaucoup de choses positives entre Israël et les Etats-Unis » [laissant entendre, notamment, les contrats d’armements]

Il a cité cette coopération militaire et sécuritaire étroite et aussi rappelé le discours d’Obama à l’Ambassade israélienne la semaine dernière, qui fait de lui le Premier Président à s’exprimer au sein de l’Ambassade, en disant que cela transmet un message positif de réconciliation.

Concernant le fait de savoir si Obama pourrait mettre son veto à une éventuelle résolution devant le Conseil de Sécurité sur le Moyen-Orient, à laquelle Israël serait opposé, Hoenlein pense que cela devrait dépendre du texte de la résolution. Il affirme qu’il ne croit pas que l’actuelle campagne pour les élections américaines jouera dans les considérations retenues par Obama. 

Comme s’agissant de ce qu’il pense vraiment de ce qui se cache derrière l’initiative française récente d’en appeler à une conférence internationale sur la paix au Moyen-Orient et si elle échoue, ce qui est plus que probable, de reconnaître alors un Etat Palestinien, Hoenlein avoue qu’il reste difficile de déchiffrer exactement les motivations et la logique tenue par la France, dans une suite de démarches incohérentes. 

« La veille ils peuvent soutenir les meilleures positions et le jour suivant lancer ces campagnes calamiteuses », dit-il. Rappelant la vaste population musulmane qui vit en France, Hoenlein pense que les facteurs de politique intérieure (clientélisme pré-électoral) font partie des enjeux importants dans ce type de « décisions ». 

Il ajoute : « Ils aimeraient bien jouer dans la Cour des grands sur la scène internationale et s’attribuer un rôle dominant sur cette question. Je pense que, trop souvent, ces pays dont la France, cherchent la moindre occasion pour couper l’herbe sous le pied des Etats-Unis ».

Il déclare qu’il n’a pas trouvé la moindre preuve que les gestes de la France seraient coordonnés avec Washington.

jpost.com

Adaptation : Marc Brzustowski