Dans les premiers jours de sa mission, le Prophète Muhammad a caressé l’idée de faire de Jérusalem le point focal des prières pour l’Islam. Mais il a vite abandonné l’idée et a adopté sa ville natale de la Mecque. Pour cette raison, certains auteurs musulmans classiques se référent à Jérusalem comme « la rejetée, » comme une première épouse qui est remplacée par une nouvelle favorite. Au XIe siècle le calife Chiite Fatmide, Al-Hakim a même ordonné la destruction de Jérusalem.

« Le porte-drapeau du Jihad pour libérer Jérusalem ».

C’est ainsi qu’est présentée la « Palestine », un nouveau livre, publié aux éditions révolution islamique la semaine dernière à Téhéran, identifie l’auteur.

L’auteur est le « Grand Ayatollah Seyyed Ali Husseini Khamenei, » le « Guide suprême » de la République islamique en Iran, un homme dont la fatwa a été reconnu par le Président américain Barack Obama comme ayant force de loi.

Édité par Saeed Solh-Mirzai, le livre de 416 pages a reçu l’approbation du Bureau de Khamenei et est donc le document officiel concernant sa position sur la question.

 Dès le départ Khamenei prend une position claire: Israël n’a pas le droit d’exister en tant qu’État.

Il utilise trois mots. L’un est « nabudi » qui signifie « anéantissement ». L’autre est « IALA » qui signifie « graduel », et, enfin il y a « zaval » l’ « effacement. »

Khamenei affirme que sa stratégie pour la destruction d’Israël n’est pas fondée sur l’antisémitisme, qu’il décrit comme un phénomène européen.

Sa position est basée sur « principes islamiques bien établis », affirme-t-il.

L’une d’elles-c’est qu’une terre qui tombe sous la domination musulmane, même brièvement, ne peut plus jamais être cédée aux non-musulmans. Ce qui importe dans l’Islam c’est le contrôle du gouvernement de la terre, même si la majorité des habitants est non musulmane. Les Khomeynistes ne sont pas les seuls à le croire.

Des dizaines de cartes circulent dans le monde musulman, montrant l’étendue des territoires musulmans perdus et tombés entre les mains de l’infidèle qui doivent être récupérés. Il s’agit de grandes parties de la Russie et l’Europe, près d’un tiers de la Chine, l’ensemble de l’Inde et les parties des Philippines et de Thaïlande.

Toutefois, selon Khamenei (Israël), qui il étiquète comme « adou » et « doshman », sens « ennemi » et « l’ennemi », est un cas particulier pour trois raisons. La première est qu’il est un allié loyal « du Grand Satan américain » et il est un élément clé dans son système de « mal » à dominer « le cœur de l’Oumma. »

La deuxième raison est qu’Israël a fait la guerre aux musulmans à plusieurs reprises, devenant ainsi un infidèle « hostile » (« kaffir al-harbi »).

Enfin, Israël est un cas particulier car il occupe Jérusalem, que Khamenei qualifie de  « de troisième Ville sainte de l’Islam ». Il laisse entendre que l’un de ses « vœux le plus cher » est un jour de prier à Jérusalem.

Khamenei insiste qu’il ne recommande pas de « guerres classiques » pour rayer Israël de la carte. Ni qu’il veut le « massacre de Juifs ». Ce qu’il recommande est une longue période de guerre de faible intensité conçue pour rendre la vie désagréable voire impossible à une majorité de Juifs israéliens pour qu’ils quittent le pays.

Son calcul est basé sur l’hypothèse qu’un grand nombre d’Israéliens ont la double nationalité et préféreront l’émigration aux États-Unis et en Europe à des menaces quotidiennes de mort.

Khamenei ne fait aucune référence au programme nucléaire iranien. Mais l’idée sous-jacente est qu’une arme nucléaire de l’Iran pousserait Israël à réfléchir à deux fois avant d’essayer de contrer la stratégie de Khamenei en menant une action militaire contre la République islamique.

Dans l’analyse de Khamenei, une fois que le coût d’un séjour en Israël est devenu trop élevé pour de nombreux Juifs, les puissances occidentales, notamment les Etats-Unis, qui ont soutenu l’Etat juif depuis des décennies, pourraient décider que le coût de faire ainsi est plus élevé que les avantages admissibles.

Grâce au président Obama, les États-Unis se sont distanciés d’Israël à un degré inimaginable il y a une dizaine d’années.

Khamenei compte sur « la lassitude d’Israël ». La communauté internationale commencerait à regarder ce qu’il appelle « un mécanisme pratique et logique » de la fin d’un vieux conflit .

« Pratique et logique mécanisme » de Khamenei qui ne comprend pas la formule de deux Etats sous n’importe quelle forme.

« La solution est une formule d’État unique, » déclare-t-il. Cet État, doit s’appeler la Palestine, il serait sous domination musulmane, mais permettrait aux non musulmans, y compris certains Juifs israéliens qui pourraient manifester de « véritables racines » dans la région, pour rester comme « minorité protégée  ».

D’après le régime de Khamenei, Israël plus la Cisjordanie et Gaza seraient sous mandat de l’ONU pendant une brève période au cours de laquelle un référendum se tiendrait pour créer le nouvel Etat de Palestine.

Tous les Palestiniens et leurs descendants, où qu’ils soient, seraient en mesure de voter, tandis que des Juifs « qui sont venus d’ailleurs » seraient exclus.

Khamenei ne mentionne aucun chiffre pour les électeurs possibles de son référendum de rêve. Mais des études menées par le ministère des affaires étrangères à Téhéran suggèrent qu’au moins 8 millions de Palestiniens à travers le monde seraient en mesure de voter, contre 2,2 millions juifs « acceptables » comme des citoyens futurs de la nouvelle Palestine. Ainsi, le « Guide suprême » est certain des résultats de son référendum proposé.

Il ne dit pas clairement si le Royaume de Jordanie, qui se trouve dans 80% de la Palestine historique, serait incluse dans son plan d’État unique. Toutefois, une majorité de jordaniens, qui sont d’origine palestinienne, serait en mesure de voter au référendum et, logiquement, devenir des citoyens de la nouvelle Palestine.

Khamenei est fier de la réussite de ses plans pour rendre la vie impossible aux Israéliens grâce à des attaques terroristes du Liban et de Gaza. Son dernier projet consiste à recruter des « combattants » en Cisjordanie du style des unités du Hezbollah.

« Nous sommes intervenus en matière de lutte contre Israël et on a emporté la victoire dans la guerre de 33 jours faite par le Hezbollah contre Israël en 2006 et la guerre de 22 jours entre le Hamas et Israël dans la bande de Gaza », se vante-t-il.

Khamenei décrit Israël comme « une tumeur cancéreuse » dont élimination signifierait que « l’hégémonie et les menaces de l’Occident seront discréditées » au Moyen-Orient. À sa place, se vante-t-il, « l’hégémonie de l’Iran sera encouragée. »

Le livre de Khamenei traite également de l’Holocauste, qu’il considère comme « un stratagème de propagande » ou d’une contestation. « S’il y a eu une telle chose, » écrit-il, « nous ne savons pourquoi c’est arrivé ni comment. »

Khamenei a été en contact avec les négationnistes professionnels depuis les années 1990. En 2000, il a invité le négationniste suisses Jürgen Graf à Téhéran et l’a reçu en audiences privées. Le négationniste Français- Roger Garaudy, un stalinien qui s’est converti à l’Islam, a été également fêté à Téhéran que « l’Europe » a plus le grand philosophe vivant. »

C’est avec le soutien de Khamenei que l’ancien Président Mahmoud Ahmadinejad a mis en place un « centre de recherche sur l’Holocauste » dirigé par Muhammad-Ali Ramin, un fonctionnaire iranien avec des liens néo-nazis allemands qui ont également organisé des séminaires annuels de « Fin d’Israël ».

Malgré les efforts pour dissimuler sa haine d’Israël en termes islamiques, le livre indique clairement que Khamenei est plus influencé par l’antisémitisme de style occidental que par des relations classiques de l’Islam avec les Juifs.

Son argument au sujet de territoires devenant « irrévocablement islamiques » ne prend pas, pas seulement en raison de son incompatibilité. Il n’a rien à dire sur les vastes morceaux de l’ancien territoire islamique, dont certains ayant appartenu à l’Iran depuis des millénaires, maintenant sous la domination russe.

Ni qu’il est prêt à se lancer dans le Jihad pour chasser les chinois hors de Xinjiang, un khanat musulman jusqu’à la fin des années 1940.

Israël, qui, en termes de territoire, représente un pour cent de l’Arabie saoudite, est un très menu fretin.

L’effusion de larmes de Khamenei pour « les souffrances des musulmans Palestiniens » est aussi peu convaincante. Pour, commencer, tous les Palestiniens ne sont pas musulmans. Et, s’il s’agissait seulement de musulmans malades qui méritent la sympathie, pourquoi le « Guide suprême » ne se bat pas la poitrine pour les Rohingya de Birmanie et les Tchétchènes massacrés et enchaînés par Vladimir Putin, sans oublier de mentionner des musulmans tués quotidiennement par leurs compatriotes musulmans partout dans le monde ?

À aucun moment dans ces 416 pages Khamenei ne mentionne la nécessité de prendre en compte l’opinion des Israéliens ou de Palestiniens au sujet de sa recette miracle. Que se passe-t-il si palestiniens et israéliens voulaient une solution à deux Etats ?

Que se passe-t-il si ils choisissent de régler leurs problèmes par la négociation et le compromis plutôt que ce qui est proposé par le régime « effacement de la carte » Hein?

Khamenei révèle son ignorance des traditions islamiques quand il désigne Jérusalem comme « notre ville sainte ». Même un élève de théologie islamique, doit savoir que la « cité Sainte » et « la Terre Sainte » sont des concepts chrétiens qui n’ont aucune place dans l’Islam.

Dans l’Islam, l’adjectif « Saint » est réservé uniquement pour Allah et ne peut s’appliquer à quelque chose ou quelqu’un d’autre. Le Coran lui-même est étiqueté « al-Majid » (glorieux) et n’est pas un livre Saint comme la Bible pour les chrétiens.

Le « Guide suprême » devrait savoir que la Mecque est désignée comme « al-Mukarramah » (le prodigue) et Médine comme « al-Munawwar » (l’illuminée). Même les villes sanctuaires Shi’ite de l’Irak ne sont pas étiquetées « muqqaddas » (Sainte). Najaf est désignée comme « al-Ashraf »  (la plus Noble) et Karbala comme »al-Mualla »(la Sublime).

Dans les premiers jours de sa mission, le Prophète Muhammad a caressé l’idée de faire de Jérusalem le foyer des prières pour l’Islam. Très vite, il abandonna l’idée et a adopté à sa ville natale de la Mecque, où le cube noir (kaabah) avait été un aimant pour les pèlerins depuis des siècles avant l’Islam. Pour cette raison, certains auteurs musulmans classiques font référence à Jérusalem comme « la mise au rebut » (al-yarmiyah) comme une première épouse qui est remplacée par une nouvelle favorite. Au XIe siècle, le calife fatmide chiite Al-Hakim, a même ordonné la destruction de Jérusalem « l’abandonnée ».

La question d’Israël et de la Palestine ce n’est pas du religieux. C’est un conflit politique sur le territoire, des frontières, un partage de ressources en eau et la sécurité. Ceux qui, comme Khamenei, essayent d’injecter une dose d’inimitié religieuse dans ce cocktail déjà complexe méritent peu de sympathie.

Par Amir Taheri –  Gatestone Institute

Adaptation Mordeh’aï pour malaassot.com http://malaassot.over-blog.com/2015/08/le-plan-de-l-ayatollah-pour-israel-et-la-palestine.html

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