L’Australie durcit enfin la loi contre l’antisémitisme

L’Australie adopte la loi la plus sévère jamais adoptée contre les crimes haineux

Une peine d’un an de prison pour avoir effectué le salut nazi fait partie des sanctions prévues par cette loi sans précédent, promulguée en réponse à la montée de l’antisémitisme à travers le pays.

Des manifestants à Sydney près d’un panneau interdisant le drapeau du Hezbollah | Photo : AFP

Le Parlement australien a adopté jeudi une loi historique prévoyant des peines de prison allant d’un à six ans pour les crimes haineux et les délits de terrorisme. Cette loi, que les responsables gouvernementaux qualifient de « loi la plus sévère que l’Australie ait jamais eue contre les crimes haineux », exige une incarcération minimale de 12 mois pour les crimes haineux « mineurs » tels que l’exécution d’un salut nazi. En outre, elle prévoit des peines allant jusqu’à six ans pour les crimes haineux liés au terrorisme.

Cette législation rigoureuse a été adoptée dans un contexte de multiplication des incidents antisémites qui dominent le discours national. Récemment, les autorités ont découvert à Sydney une caravane contenant des explosifs et un message antisémite. La semaine précédente, des incendiaires ont ciblé une garderie adjacente à une école juive et à une synagogue, dégradant les locaux avec des graffitis antisémites. En décembre, une synagogue de Melbourne a été incendiée en présence de fidèles – un incident qui, bien qu’il n’ait pas fait de victimes graves, a profondément perturbé la nation.

Un homme travaille près de l’endroit où un incendie a endommagé une école maternelle et un centre d’apprentissage précoce situés près d’une synagogue à Sydney, en Australie, le 21 janvier 2025. Crédit photo : Steve Markham/AAP Image via AP

« Je veux que les personnes qui se livrent à l’antisémitisme soient tenues responsables, inculpées et emprisonnées », a déclaré le Premier ministre Anthony Albanese à Sky News. Albanese a fait l’objet de nombreuses critiques de la part d’Israël concernant la réponse jugée inadéquate de son administration aux menaces croissantes contre les Juifs, y compris des reproches directs du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Cette loi a déclenché un débat politique intense. Le Parti travailliste, qui s’oppose depuis toujours aux peines obligatoires au motif qu’elles ne dissuadent pas les criminels et compromettent le pouvoir discrétionnaire des juges, fait l’objet de nombreuses critiques. L’ancien ministre de l’Industrie et des Sciences, Kim Carr, a critiqué son propre parti pour ce qu’il a qualifié de « violation flagrante du programme national du Parti travailliste ». L’opposition, quant à elle, accuse le gouvernement de tarder à agir.

« Le Parlement ne siège pas aujourd’hui en raison de la détermination du parti travailliste », a déclaré le sénateur James Paterson aux journalistes à Canberra. « Le Premier ministre a été contraint de se battre pour finalement présenter une législation sévère qui garantira de véritables sanctions pour ce comportement ».

Le ministre de l’Intérieur Tony Burke, s’adressant au Parlement lors de la présentation des amendements, a souligné que « ce n’est pas une question de politique ». Il a précisé : « La question est de savoir si le Parlement australien considère qu’il est acceptable de soutenir, de menacer ou de commettre des violences contre une autre personne en raison de son identité, de la personne qu’elle prie ou de la personne qu’elle aime. »

Les premières propositions législatives introduites au parlement de Canberra l’année dernière préconisaient des sanctions plus sévères pour ceux qui menacent ou commettent des violences en raison de leur race, de leur nationalité, de leur origine ou de leurs origines ethniques, ainsi que de leurs opinions politiques, de leur orientation sexuelle, de leur sexe et d’autres caractéristiques protégées. Cependant, la récente recrudescence des incidents antisémites, considérée en Australie comme une escalade significative, a accéléré l’adoption de la loi et amplifié son importance.

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