Dès le départ, le voyage au Proche-Orient du ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius était voué sinon à l’échec du moins au match nul. Car la position française présentait à Israël une sorte d’ultimatum en avertissant, que si des négociations israélo-palestiniennes n’aboutissent pas au bout d’un an ou 18 mois, l’ONU reconnaîtrait la Palestine comme État indépendant dans les frontières de 1967. C’est pratiquement poser des conditions préalables avant même de savoir si de telles négociations sont possibles.

L’on pourrait aussi se poser la question quel pouvoir détient Fabius pour parler au nom de l’ONU. Or, depuis 40 ans, il y a eu parfois des négociations, mais elles n’ont jamais abouti, pas plus que la dernière tentative sous l’égide des Etats Unis. Comment Fabius réussirait-il où John Kerry avait échoué ? En effet, une tentative de résolution présentée récemment au Conseil de sécurité et soutenue par la France, prévoyant un accord de paix dans les 12 mois ainsi que le retrait des israéliens des territoires contestés avant fin 2017 (pure illusion), avait échoué, certains membres, dont les Etats-Unis, ayant voté contre.

Connaissant d’avance la position de Paris, le Premier Ministre israélien Nethanyahu a prévenu à l’approche du voyage « qu’Israël rejettera toute tentative de nous imposer des dictats, sans proposer de véritables solutions concrètes. Dans les propositions internationales qui sont avancées et qu’on essaie en fait de nous imposer, il n’est fait aucune référence véritable aux besoins d’Israël en terme de sécurité ni à nos autres intérêts nationaux ».

« Ils essaient juste de nous pousser à accepter des frontières indéfendables en ignorant totalement ce qui se passera de l’autre côté de la frontière », a-t-il dit, « cela produira les mêmes résultats que nous avons vus et ressentis dans notre chair avec la bande de Gaza et le Liban. Nous ne le permettrons pas ».

Donc, rien de nouveau. Certes, en arrivant à Jérusalem, après Le Caire, Amman et Ramallah, Fabius a quelque peu baissé le ton, et les belles manières, dignes de la diplomatie, ont été respectées de part et d’autre. L’honneur et la façade ont été sauvés. Mais le Quai d’Orsay n’a pas trouvé du pain à mettre sur la planche des bilans.

Je précise que j’ai mentionne spécifiquement le Quai d’Orsay et non pas l’Elysée et encore moins Matignon, lesquels restent muets sur ces initiatives, mais ne les encouragent pas forcement. En effet, depuis de bonne lurette le Quai d’Orsay se distinguait comme la « bête noire » pour Israël. Il n’ y a pas très longtemps qu’on lui avait attribué pendant longtemps la formule « France – puissance Musulmane », reflétant son attitude régulière de pro-arabisme.

Une exception lors des années 50, avec Christian Pineau au Quai, et Guy Mollet à Matignon, ce qui avait abouti à la coopération militaire lors de la guerre de Suez en 1956.

La crise du canal de Suez marque un basculement des rapports de forces

Bref, un déplacement diplomatique de plus qui ne sera pas inscrit dans les annales. Certes, la classe politique, jouant le jeu, ne démontre pas l’indifférence manifestée par l’opinion publique, ayant d’autres chats à fouetter: des difficultés économiques de certaines couches sociales, des conflits ethniques, des discussions culturelles et idéologiques, mais surtout une certaine insécurité des individus.

En effet, à l’occasion du début du Ramadan, deux attentats commis en deux jours par des jeunes palestiniens isolés, donc sur leur initiative personnelle, ont fait un mort et deux blessés.

Ramenant ainsi le nombre de ce genre d’attentats -à l’arme blanche ou par véhicule- à 23 depuis le début de l’année, faisant trois morts et 63 blessés. Les chargés de la sécurité reconnaissent la difficulté de prévoir de telles initiatives, car non commanditées forcement par le Hamas ou le Jihad.

Mais là non plus, comme pour le déplacement de Laurent Fabius, rien de nouveau.

GK

 

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