L’antisémitisme musulman au Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, la présence d’attitudes antisémites et anti-israéliennes est de deux à quatre fois plus élevée parmi les Musulmans que dans la population générale. C’est une des conclusions majeures d’un récent rapport intitulé : « Antiésmitisme dans la Grande-Bretagne contemporaine, une étude des attitudes envers les Juifs et Israël ». L’étude a été publiéepar l’Institut Juif de Recherche Politique (JPR) et le Service de Protection de la Communauté (CST). L. Daniel Staetsky ren est l’auteur.
Ses éditeurs affirment qu’il s’agit du relevé le plus vaste et le plus détaillé des attitudes envers les Juifs et Israël jamais mené en Grande- Bretagne[1]. Même si cette recherche conduit à bien d’autres découvertes sur les comportements antisionistes et antisémites, on ne pourra évoquer ici qu’une partie d’entre elles.
Si on se focalise sur les attitudes de la population musulmane de Grande-Bretagne envers Israël et les Juifs, les réponses fournies aux questions posées à chaque sondé montrent que les Musulmans ont toujours une opinion plus négative envers Israël et/ou les Juifs que la population générale. Par exemple, dans la population générale, 13% répondent par l’affirmative à l’assertion : « Les Juifs pensent qu’ils sont meilleurs que les autres peuples ». Parmi les Musulmans, ce tableau est de 28%. L’étude distingue aussi les réponses faites âr des Musulmans religieux, ce qui est rarement le cas dans d’autres études similaires, partout ailleurs. Là, cette tendance s’élève à 32%[2].
A la question : « Les Juifs deviennent-ils riches au détriment des autres? », 12% de la population générale et 27% des Musulmans répondent « oui » à cette proposition. Parmi les Musulmans religieux, la tendance s’accroît à 33%, soit 1/3. Tout comme à la question : « Les Juifs ont trop de pouvoir en Grande-Bretagne », on trouve 8% de la population générale qui s’accorde avec ce préjugé tenace, 27% de Musulmans et 32% de Musulmans pratiquants.
Cherchant à savoir si, selon les Britanniques, « Les Juifs exploitent le statut de victime de la Shoah pour atteindre leurs propres objectifs », 10% de la population générale pensent que c’est le cas, contre 25% de Musulmans. Parmi les fervents Musulmans, la courbe se situe à nouveau plus haut, avec 29% de convaincus.
A la déclaration que « Les intérêts des Juifs de Grande-Bretagne sont très différents de ceux du reste de la nation », 12% de la population générale le croient, pour 22% de Musulmans. Parmi les Musulmans religieux cette statistique monte jusqu’à 28%. Comme pour l’idée fausse que la Shoah aurait été exagérée : 3% de la population générale le sous-entend, pour 14% de Musulmans et 18% de Musulmans pratiquants, qui l’affirment.
Quand on demande aux sondés si « La Shoah est un mythe », 2% de la population générale approuve, 8% de Musulmans et 10% de Musulmans à forte pratique religieuse. Une question a été uniquement posée aux Musulmans : « Les Juifs ont été maudits ou rejetés à cause de leur refus de croire en Allah » : 11%des Musulmans et 15% des pratiquants assidus de l’Islam ont répondu par l’affirmative.
En ce qui concerne les opinions positives envers les Juifs, le taux de Musulmans est inférieur à la population générale : 78% de la population générale pensent « qu’un Juif Britannique est aussi britannique qu’un Britannique de souche » ; 61% des Musulmans le pensent aussi alors que 59% des Musulmans pratiquants s’accordent sur ce point.
A la question : « Les Juifs Britanniques apportent une contribution positive à la société britanniques », 61% de la population générale le croient, contre seulement 37% de Musulmans et 34% de Musulmans pratiquants.
La conclusion est claire. On ne peut pas faire grand-chose quant aux opinions de citoyens enracinés, mais on peut examiner de bien des façons, le cas de ceux qui sont entrés dans le pays. Nous ne devrions cependant pas cultiver les stéréotypes sur tous les Musulmans. Dans les faits réels, on ne trouve pas de réponse majoritaire univoque sur les questions concernant l’antisémitisme parmi les Musulmans ni même les Musulmans très religieux.
Les sondeurs ont aussi posé les mêmes questions aux Chrétiens Britanniques qu’à la population générale. Ils ont découvert que les opinions négatives des Chrétiens sur les Juifs dépassent rarement celles de la population générale. Concernant la remarque disant que « Les Juifs exploitent le statut de victime de la Shoah pour servir leurs propres objectifs », cette opnion est moins répandue chez les Chrétiens. A propos des deux questions positives, les Chrétiens ont une perception plus positive à propos de la question : « Le Juif Britannique est aussi Britannique que toute autre personne britannique » et « Les Juifs Britanniques apportent une contribution positive à la société anglaise[3]« .
L’étude affirme que 4, 5% de la population actuelle au Royaume-Uni sont musulmans. Un grand nombre d’entre eux sont des antisémites importés. On a démontré que, de manière générale, il existe une forte corrélation entre les attitudes antisémites et antisionistes. Parmi les Musulmans qui ont répondu par l’affirmative à sept des neuf questions qui indiquent des attitudes antisémites, 87% adoptent aussi des attitudes anti-israéliennes[4].
Ce projet conclut aussi que les Musulmans les moins religieux sont le groupe parmi tous les Musulmans qui adoptent le moins d’attitudes antisémites et anti-israéliennes. Les pourcentages chez eux se rapprochent des niveaux de la population générale, bien qu’ils se maintiennent au-dessus de la moyenne[5].
Il y a une autre source qualitative qui montre que l’antisémitisme parmi les Musulmans est plus élevé que parmi la population générale. Si on prête attention aux nombreuses injures antisémites mis en lumière au sein du Parti Travailliste britannique, on s’aperçoit que le pourcentage d’auteurs musulmans (socialistes) est bien plus élevé et ce de manière disproportionnée[6].
Une deuxième observation est que ces insultes commises par des Musulmans appartenant au parti travailliste sont parmi les plus extrémistes qui soient. L’ancien Maire de Blackburn, Salim Mulla, a prétendu qu’Israël a créé Daesh et il a ajouté : « Les Juifs Sionistes sont le déshonneur de l’humanité ».
La députée travailliste Naz Shah, a suggéré qu’on devrait relocaliser les Juifs aux Etats-Unis. Elle a présenté ses excuses un peu plus tard. Avant qu’elle ne le fasse, une autre députée musulmane et travailliste a défendu Shah sur la BBC.
Shah avait été employée comme assistante parlementaire de Mohammed Sabir, membre du conseil municipal de Bradford, soupçonné d’avoir prétendu que les Juifs orthodoxes russes étaient impliqués dans les trafics sexuels alimentant la prostitution.
Sabir avait aussi posté sur Twiter des messages sur « La Shoah palestinienne » à Gaza. D’autres représentants musulmans du parti travailliste ont déclaré qu’ils espèrent que l’Iran utilisera des armes nucléaires pour « éradiquer Israël de la terre », ou « Israël se comporte comme les Nazis » et « Sans l’homme que je plébiscite, Hitler, les Juifs auraient éradiqué la Palestine depuis des années, désolé, mais c’est un fait ».
D’autres représentants musulmans du parti travailliste continuent de s’illustrer dans ce registre. L’un des plus récents a été Nasreen Khan. Elle a ensuite été exclue du parti, en tant que candidate probable en vue d’un siège au Conseil de Bradford. On trouve, parmi ses tweets passés : « Qu’est que les Juifs ont pu faire de bon pour le monde[7]« . Elle s’est ensuite excusée.
Quand, il y a plus d’un an et demi, j’ai attiré l’attention sur le rôle, à la fois disproportionné et extrémiste, des Musulmans dans l’incitation anti-israélienne et antisémite au sein du parti travailliste, ce sujet n’a pas soulevé de tollé particulier dans la presse anglaise. Les choses sont globalement restées du pareil au même jusqu’à présent.
C’est dans la ligne générale des médias qui détournent les yeux à propos des attitudes anti-israéliennes et antisémites des Musulmans. Partout ailleurs, l’expérience démontre qu’on peut retarder la publication des preuves, mais pas les faire tout-à-fait disparaître. D’autant plus que l’incitation à la haine, chez les Musulmans, bien qu’elle ne concerne pas la majorité, reste répandue.
Par Manfred Gerstenfeld
Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.
Adaptation : Marc Brzustowski.
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[1] Daniel Staetsky. Antisemitism in contemporary Great Britain: A study of attitudes towards Jews and Israel. Institute for Jewish Policy Research. September 2017. www.jpr.org.uk/documents/JPR.2017.Antisemitism_in_contemporary_Great_Britain.pdf
[2] Ibid, pg. 57. For the general population, see pg 34.
[3] Ibid, pg.53.
[4] Ibid, pg. 50.
[5] Ibid, pg.6.
[6] https://www.israelnationalnews.com/Articles/Article.aspx/18841
[7] www.thejc.com/news/uk-news/labour-drop-nasreen-khan-as-council-candidate-over-antisemitic-posts-1.448151
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