L’antisémitisme dans l’Université britannique

 

L’antisémitisme se manifeste dans diverses frange de la société britannique. La sphère politique est un de ces secteurs majeurs. Les incidents au sein du Parti Travailliste sont dominants, mais ils sont loin d’être les seuls[1]. L’Université est un autre lieu où les incidents antisémites se produisent régulièrement. Ils surviennent dans plusieurs universités, dont les plus réputées, ainsi qu’au sein des organisations étudiantes.

L’organisation juive de Défense à laquelle est confiée la Sécurité de la communauté écrivait dans un rapport de 2016, concernant l’université que « dans 41 incidents antisémites, les victimes étaient des étudiants juifs, des universitaires ou d’autres organismes étudiants, qu’on peut comparer à 21 incidents de ce genre enregistrés en 2015. Sur ces 41 incidents enregistrés dans ce secteur en 2016, 17 ont eu lieu sur le campus, alors qu’il y a eu 24 incidents qui ont affectés des étudiants,des universitaires ou des organismes universitaires à l’extérieur du campus[2]« .

En mai 2016, le Grand Rabbin Ephraim Mirvis a affirmé que les étudiants juifs étaient confrontés à un « mur d’anti-Sionisme, qu’ils sentent et dont ils savent pertinemment qu’il s’agit de haine des Juifs », quand ils se rendent à l’Université. Il ajoutait que les « têtes de file de l’université devraient avoir « honte » que le « dénigrement dui Sionisme » puisse avoir libre cours sur leurs campus[3]« .

La Baronne Deech, qui occupait le bureau le plus élevé dans le traitement des plaintes des étudiants, au Royaume-Uni, déclarait que beaucoup d’étudiants juifs pensaient que les Juifs ne devaient plus étudier dans un grand nombre d’universités, à cause de l’antisémitisme. Ce panel d’universités « interdites aux Juifs » comprenaient  SOAS à Londres (School of Oriental and African Studies), Exeter, Southampton et Manchester. Plusieurs des universités accusées ont fermement démenti que se seraient le cas. La Baronne Deech a alors déclaré : « les niveaux extrêmes d’hostilité envers Israël dans les universités à travers tout le pays peut, certaines fois, aller si loin que cela s’apparente réellement à de l’antisémitisme[4]« .

Jonathan Arkush, le Président du Bureau des Députés (Juifs), l’organisation coordinatrice de la communauté juive britannique, a conseillé aux étudiants juifs, en mars 2017, de rester prudents, car ils n’étaient plus en sécurité dans la prestigieuse London School of Economics. Il l’a dit juste après que la LSE ait invité l’universitaire américain Richard Falk, un ex-rapporteur spécial pour l’ONU sur la Palestine[5], qui tient les Juifs collectivement pour responsables de la souffrance des Palestiniens.

Depuis de nombreuses années, Falk incite contre Israël jusqu’à l’extrême. Le Centre Simon Wiesenthal publie une liste des dix pires antisémites/ et des pires insultes contre Israël dans le monde chaque année. En 2013, Falk est arrivé à la troisième place. Il avait alors supputé qu’Israël était sur le point de planifier un génocide équivalent à celui commis par les Nazis, il soutenait de toutes ses forces les attentats-suicide des Palestiniens et il démentait que le Hamas puisse, jamais ô grand jamais, être en quoi que ce soit une organisation terroriste[6].

L’antisémitisme issu des campus et de la sphère politique se conjugue à l’université d’Oxford. L’attention du public a été captivée par la propagation de l’antisémitisme au sein du parti travailliste, à partir de février 2016, quand Alex Chalmers, le co-Président du Club travailliste de l’Université d’Oxford (OULC) a démissionné à cause de l’antisémitisme qui se développait au sein de son organisation. Il écrivait, dans sa lettre de démission : « Soit le fait d’être membre de l’exécutif consiste à tourner en rond autour du terme « Zio » ( un terme péjoratif censé désigner les Juifs, généralement confiné aux sites internet dirigés par le Ku Klux Klan), soit ils abandonnent, soit les membres les plus importants de ce « club » expriment leur entière solidarité avec le Hamas et ils défendent ouvertement ses tactiques visant à massacrer indistinctement des civils[7]« .

Un an plus tard, le comité exécutif national du parti travailliste a décidé qu’aucune action ne devait être entreprise contre les étudiants de l’OULC. La Baronne Royall, qui a rédigé un rapport au nom du parti Travailliste au sein de l’OULC, a affirmé que cette décision ne faisait que confirmer « une vision largement répandue que nous ne prenons pas au sérieux le problème de l’antisémitisme[8]« .

Il y a aussi eu des incidents antisémites à l’Université de Cambridge. En mai 2017, le Recteur du Collège du Christ a reconnu qu’on avait suscité la « consternation et un préjudice » aux étudiants juifs, à cause d’une enquête trompeuse sur des plaintes déposées par deux étudiants juifs qui avaient subi des abus antisémites, de la part de membres de clubs de sport. La dissimulation initiale de cette affaire par l’université avait été divulguée par le Telegraph daily.[9]*.

En février 2017, on a découvert des tracts niant l’existence de la Shoah dans différents départements de l’Université de Cambridge, exposés sur des panneaux d’affichage et dans des parties communes. Le Vice-Chancelier de l’université, Sir Leszek Borysiewicz, a condamné ces agissements et exprimé sa profonde inquiétude[10]. Au cours de la même période, d’autres tracts identiques ont été découverts dans d’autres universités, comme au Collège Universitaire de Londres, à l’Université de Glasgow et à l’Université d’Edimbourg[11].

Des incidents antisémites de différentes natures sont aussi survenus à l’Université d’Edimbourg les années précédentes. En 2011, un diplomate israélien Yishmael Khaldi, a été assailli, alors qu’il devait s’y exprimer. En 2012, l’Ambassadeur Daniel Taub a été interrompu par des étudiants chantant et agitant des drapeaux palestiniens.

On a aussi rapporté que des étudiants juifs quittaient les cours à l’université, à cause de l’antisémitisme. Certains ont accusé le Conseil d’Administration de l’université de négliger totalement le problème[12]. En 2015, l’association des étudiants de l’Université d’Edimbourg (EUSA) a programmé un débat sur le boycott d’Israël la veille de Pessah de façon à ce que les étudiants juifs ne puissant pas s’exprimer contre les résolutions de BDS[13]. En 2016, on a découvert une affiche au sein de l’université qui prétendait que la Shoah était une imposture[14].

Les problèmes d’antisémitisme se manifestent aussi au sein de l’Union Nationale des Etudiants Juifs (NUS). La précédente présidente de ce syndicat, Malia Bouattia, a été condamnée par la Commission des affaires intérieures de la Chambre des Communes pour avoir désigné l’Université de Birmingham comme étant un “avant-poste Sioniste[15]”.  Un an plus tard,on a assisté à un nouveau scandale au sein du NUS, lorsque trois candidats qui détenaient des positions au sein de la commission exécutive ou se portaient candidat pour y siéger, ont été pris en flagrant-délit de commentaires antisémites[16].

Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que la définition de l’antisémitisme retenue par l’Alliance Internationale pour le Souvenir de la Shoah, qui a été adoptée par le gouvernement britannique[17] ne soit pas très appréciée par les antisémites et leurs allies au sein du monde universitaire[18]. La définition de l’IHRA, a été, par exemple, rejetée, par le syndicat des Universités et Lycées, qui comprend 110.000 membres et dispose d’une longue histoire relative à l’incitation anti-israélienne[19]. Ce qui figure ci-dessus n’est qu’un échantillon parmi de bien plus nombreuses illustrations de ce même phénomène.

 

Par Manfred Gerstenfeld

Le Dr. Manfred Gerstenfeld est le Président d’Honneur du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem. Il a reçu un Prix d’Excellence pour l’ensemble de ses réalisations, de la part du Journal for the Study of Antisemitism, et le Prix International du Leadership de la part du Centre Simon Wiesenthal.

Adaptation : Marc Brzustowski

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[1] www.israelnationalnews.com/Articles/Article.aspx/20599

[2] https://cst.org.uk/data/file/b/e/Incidents%20Report%202016.1486376547.pdf, page 7

[3] www.independent.co.uk/student/news/chief-rabbi-ephraim-mirvis-urges-university-vice-chancellors-to-address-growing-anti-semitism-a7022081.html

[4] www.telegraph.co.uk/education/2016/12/22/britains-top-universities-becoming-no-go-zones-jews-baroness/

[5] http://jewishnews.timesofisrael.com/jewish-students-told-dont-study-at-lse-by-board-president/

[6] www.wiesenthal.com/atf/cf/%7B54d385e6-f1b9-4e9f-8e94-890c3e6dd277%7D/TOP-TEN-2013.PDF

[7] www.independent.co.uk/student/news/oxford-university-labour-club-co-chair-alex-chalmers-resigns-amid-anti-semitism-row-a6878826.html

[8] www.thejc.com/news/uk-news/oxford-labour-1.430828

[9] www.telegraph.co.uk/news/2017/05/11/master-cambridge-college-admits-causing-hurt-jewish-students

[10] www.cambridge-news.co.uk/news/cambridge-news/vice-chancellor-profoundly-concerned-more-12575041

[11] http://jewishnews.timesofisrael.com/holocaust-denial-leaflets-distributed-on-uk-campuses/

[12] www.thejc.com/news/uk-news/university-students-quit-after-toxic-antisemitism-in-edinburgh-1.39270

[13] www.jpost.com/Diaspora/Edinburgh-University-students-accused-of-anti-Semitism-over-Passover-BDS-vote-395900

[14] https://thetab.com/uk/edinburgh/2016/04/20/appalling-anti-semitic-poster-found-kings-buildings-23500

[15] www.independent.co.uk/news/education/nus-president-malia-bouattia-anti-semitism-parliament-home-affairs-select-committee-israel-a7363591.html

[16] http://jewishnews.timesofisrael.com/nus-candidates-step-down/

[17] www.theguardian.com/society/2016/dec/12/antisemitism-definition-government-combat-hate-crime-jews-israel

[18] http://jewishnews.timesofisrael.com/four-universities-reject-uks-definition-of-anti-semitism/

[19] http://jewishnews.timesofisrael.com/ucu-antisemitism-definition/

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