Arabie: «MBS» en opération de séduction à Paris

Le prince héritier effectue une visite exceptionnellement longue en France pour arracher l’Expo universelle de 2030.

Redevenu un acteur international incontournable, le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman (MBS) effectue une longue opération de relations publiques en France où il était attendu mercredi pour plusieurs jours.

Les points forts de sa visite – un an après la première, marquée par une bronca des ONG contre ses atteintes aux droits humains – tourneront autour de l’appui lundi à la candidature saoudienne pour accueillir l’Exposition universelle de 2030, sa participation au Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, organisé les 22 et 23 juin par Emmanuel Macron avec lequel le dirigeant saoudien déjeunera vendredi à l’Élysée, et éventuellement un passage par le Salon aéronautique du Bourget.

Pléthore de ministres

Selon plusieurs sources françaises familières de l’Arabie, «la priorité de “MBS” à Paris est clairement de faire avancer la candidature de Riyad pour l’Expo de 2030». «Alors que le vote n’aura lieu qu’en novembre, sa présence lundi lors d’une réunion du comité en charge de recueillir les candidatures marque à quel point il est important pour l’Arabie d’obtenir cet événement», estime une de ces sources. Un homme d’affaires fin connaisseur du Golfe ajoute que «le prince héritier, qui suit personnellement ce dossier, vient pour voir le maximum de dirigeants internationaux, notamment africains, en vue de l’Expo. C’est pourquoi il devrait résider à Paris et non pas dans son château de Louveciennes en banlieue.»

L’Exposition universelle à Riyad en 2030 coïnciderait avec le terme de son plan de réformes économiques et sociétales, appelé Vision 2030, qui est le pilier de l’action du jeune prince pour sortir son pays du «tout pétrole» et en faire un acteur mondial de la transition énergétique, comme du sport international. Dans son opération de séduction, «MBS» est accompagné d’une pléthore de ministres, également chargés de promouvoir la candidature de Riyad auprès de leurs interlocuteurs français et autres.

Jeudi 22 et vendredi 23 juin, il participera au Sommet pour un nouveau pacte financier mondial organisé par Emmanuel Macron, a fait savoir le palais royal saoudien. À l’Élysée, on explique qu’il s’agit de «faire converger les financements privés et publics là où la planète et les peuples en ont le plus besoin, que ce soit pour lutter contre la pauvreté, conduire la nécessaire transition climatique, et protéger la biodiversité». Il sera intéressant de voir si l’homme fort de la puissante pétromonarchie du Golfe mettra la main au pot en annonçant des financements lors de cette conférence.

Vendredi prochain, MM. Macron et Ben Salman auront un déjeuner de travail à l’Élysée. «La relation franco-saoudienne est oscillante», résume un diplomate, en référence aux hauts et bas des précédents entretiens entre les deux dirigeants. «La France n’est plus le partenaire de substitution de l’Arabie», regrette ce diplomate, allusion au rôle privilégié que Paris jouait jadis quand Riyad et son allié historique américain se fâchaient. Maintenant, la Chine a pris le relais.

Économiquement et politiquement, les positions françaises en Arabie ont reculé. L’une des rares annonces envisagées pendant cette visite pourrait être l’achat d’Airbus lors du passage de «MBS» au Salon du Bourget, où le prince héritier compte surtout assister au premier vol d’un appareil de sa nouvelle compagnie aérienne, Riyadh Air.

La bête noire de la France

Diplomatiquement, l’Arabie de «MBS» s’est émancipée de ses alliances traditionnelles – américaines et européennes – pour se tourner vers la Chine. Pas plus tard que dimanche, le royaume a annoncé des accords d’investissements de 8 milliards de dollars en Chine lors d’un forum où 3500 hommes d’affaires chinois étaient présents à Riyad.

Le spectaculaire rapprochement, conclu sous l’égide de Pékin, entre l’Arabie et l’Iran – bête noire de la France au Moyen-Orient – ne fait pas, non plus, les affaires de Paris, qui milite pour davantage de pressions sur Téhéran, dont les actions sont jugées déstabilisatrices et ses ambitions nucléaires dangereuses pour la paix. Or, relève le diplomate, «avec le rapprochement saoudo-iranien, les pays du Golfe ne s’opposent plus à un nouvel arrangement nucléaire même au rabais entre l’Iran et les grandes puissances». Selon nos informations, Téhéran a demandé 10 milliards de dollars d’engagements financiers à l’Arabie lors des négociations conclues entre les deux pays. «Riyad attend de voir comment Téhéran va se comporter notamment au Yémen», tempère la source diplomatique. Nul doute qu’Emmanuel Macron sondera son interlocuteur sur ses intentions iraniennes.

Le Liban, toujours sans président de la République où l’Arabie dispose de leviers, et la guerre en Ukraine seront également évoqués entre les deux dirigeants. Emmanuel Macron cherchera une nouvelle fois à éloigner «MBS» de la Russie… Probablement en vain.

JForum avec  Georges Malbrunot www.lefigaro.fr

 

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Franck DEBANNER

Les déjections antijuives, en particulier celles en ramassis dans les ONG, sont remontées, à mort, contre MBS, qui ne met plus l’antisémitisme virulent et les déchets nazislamistes qui vont avec, au centre de ses préoccupations.

Chacun d’entre nous a le devoir de détruire les déchets composant ces ONG.