Au cours des 48 dernières heures, les retombées de la catastrophe de l’avion russe Il-20 se sont transformées en mesures hostiles de la part de Moscou envers Israël, comme l’a rapporté DEBKAfile.

1. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a annoncé vendredi 28 septembre que la Russie avait déjà remis à la Syrie des systèmes avancés de défense antimissile S-300. C’était un jour après que le conseiller de la sécurité nationale russe, Nikolaï Patrushev, a rencontré à Téhéran son homologue Ali Shamkhani. Un compromis aurait dû être proposé lors de cette réunion, au cours de laquelle Israël cesserait ses frappes aériennes en Syrie si l’Iran arrêtait d’envoyer des armes au Hezbollah via la Syrie. Les responsables russes ont fait comprendre que cet accord serait scellé au plus tôt entre le président Vladimir Poutine et le Premier ministre Benyamin Netanyahu. Jusque là, l’envoi des S-300 resterait en suspens. Cependant, comme l’a indiqué Lavrov, soit Israël a été délibérément induit en erreur, soit Moscou a radicalement changé de cap au cours des dernières 48 heures. Netanyahu a sèchement répliqué  à ce dévoilement russe en disant que cet envoi de S-300 était totalement « irresponsable »

2. Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, a critiqué de façon caustiques les médias arabes vendredi, disant qu’Israël devait cesser de tirer partie de «nos erreurs». Il faisait allusion aux propos de dénigrement, éventuellement condescendants des sources militaires israéliennes quand ils ont démenti une quelconque responsabilité dans le crash de l’IL-20. En effet, la réponse de Tsahal à l’avertissement du ministre russe de la Défense, Sergueï Shoigu, concernant le déclenchement d’une guerre électronique, était la suivante : «Notre armée de l’air peut traiter leurs systèmes». Beaucoup d’Israéliens ont utilisé les réseaux sociaux pour y déverser leur mépris envers les capacités militaires russes. Cette attitude irrite sans aucun doute Moscou et contribue à sa décision de renforcer sa position militaire en Syrie contre Israël.
3. Les experts militaires russes ont décrit les nouveaux systèmes de guerre électronique – par le biais des médias locaux – comme déjà installés en Syrie, conformément à la promesse de Shoigu, et capables de suivre les avions israéliens en Israël et en Europe alors qu’ils étaient encore au sol.
   Comme l’a dit un expert russe: «Une fois qu’un avion est repéré sur un aérodrome, le système de guerre radio-électronique renforcé lui attribue automatiquement un numéro cible» pour les défenses aériennes russes et syriennes.
4. En plus des systèmes S-300 et de guerre électronique améliorés, les Russes travaillent durant des heures supplémentaires pour installer un nouveau système antimissile Pechora M2 à courte portée, destiné à renforcer les défenses de Damas. Également connue sous le nom de Neva S-125, cette arme a été améliorée au cours des deux dernières années pour intercepter les avions volant à basse altitude, les missiles de croisière et les hélicoptères de combat qui contournent les ceintures de missiles S-300 et S-400.

Pechora M2

Le président russe a du mal à faire face à la ferme détermination du Premier ministre Netanyahu à chasser les forces iraniennes de Syrie et à sa rhétorique anti-Téhéran en constante augmentation. Poutine estime que l’objectif de Netanyahu est irréaliste. Cette vue est également partagée par une partie de l’administration Trump. Le nouveau conseiller du président américain sur la Syrie, James Jeffrey, a déclaré vendredi 28 septembre au Centre des Nations Unies. «Nous ne forcerons pas les Iraniens à quitter la Syrie. Nous ne pensons même pas que les Russes peuvent forcer les Iraniens à quitter la Syrie, parce que la force implique la force, une action militaire.

Ainsi, Israël, sans le soutien militaire actif des États-Unis ou de la Russie, peut-il atteindre seul l’objectif de Netanyahu?

Pour le moment, non seulement la Russie devient de plus en plus obstructive, selon les sources militaires et de renseignement de DEBKAfile, mais elle est réellement hostile: les nouvelles mesures de défense aérienne et de guerre électronique que Moscou livre à la Syrie indiquent que l’armée russe prépare une guerre d’usure contre Israël. Ces systèmes peuvent être suivis par des escadrons d’avions de combat russes avancés.

À bien des égards, l’histoire se répète : dans les années 1969-1970, Israël a riposté à une guerre d’usure égyptienne soutenue par l’Union soviétique en enfermant une zone de sécurité de 30 km de profondeur à l’intérieur de la frontière égyptienne où ses forces aériennes pouvaient opérer librement. Et ce, jusqu’à ce que la Russie soviétique installe une ligne de missiles anti-aériens SA-3 autour du barrage d’Assouan, du Caire et d’Alexandrie. 15 000 militaires soviétiques sont en outre envoyés en Égypte. Moscou a ensuite déployé quatre escadrons de chasseurs Mig-21 et ses Mig-25 les plus avancés. Les avions de guerre israéliens les ont repoussés avec de lourdes pertes en nombre d’avions et en équipages : Le 18 avril 1970 a lieu le premier combat entre l’aviation israélienne et des avions MiG pilotés par les Soviétiques. Le 30 juillet 1970, cinq avions MiG russes sont abattus par les forces israéliennes. À la suite de ce combat, Moscou fait alors pression sur les Égyptiens afin d’accepter un cessez-le-feu. Les États-Unis sont alors intervenus et ont négocié un cessez-le-feu russo-israélien, conclu en août 1970.

Les capacités de la Russie et d’Israël ont changé de manière encore méconnue au cours des 48 dernières années. Néanmoins, l’armée de l’air israélienne s’est prudemment abstenue lors des raids sur la Syrie depuis que le conflit avec Moscou a éclaté suite à la catastrophe de l’avion espion.

 29 sept. 2018 @ 19:44 guerre électronique , IL20 , conflit israélo-Russie , S-300 , la Syrie , la guerre d’usure

Adaptation : Marc Brzustowski

Russia ramps up anti-Israel measures in Syria for possible war of attrition