L’exode en cours : une gigantesque affaire de gros sous.
Un réseau mondial doté des moyens les plus modernes. Les affaires des passeurs gérées par le crime organisé.
La plus grande agence de voyage du monde c’est la mafia. Des centaines de milliers de migrants de partout arrivent en Europe par des canaux illégaux.
En règle générale les entrées illégales réussissent et c’est bien dans l‘intérêt des passeurs. Lorsque dans les villages africains on reçoit les appels des proches ayant passés ou lorsqu’une grande famille syrienne a obtenu l’hébergement d’un des leurs en Allemagne, cela signifie de nouvelles affaires pour les boss-passeurs : le grand exode se poursuit et les affaires prospèrent.
L’ingéniosité et la flexibilité sont étonnantes. Dans des agences de hameaux sénégalais, on peut réserver son passage pour l’Europe à un prix exorbitant. Au Pakistan, des bataillons quotidiens de prétendus ouvriers agricoles munis de documents officiels se mettent en route pour l’Italie. Des gardes-frontières turcs et grecs gagnent jusqu’à trois fois leur salaire en fermant les yeux. Dans les ports, les ventes de bateaux se multiplient.
Lorsqu’un pays renforce son système de surveillance aux frontières, comme dernièrement l’Albanie, la route est modifiée rapidement. Lorsque la Hollande et l’Allemagne reconnaissent tout à coup les érythréens comme réfugiés de guerre, ne se présentent plus que des personnes en possession de faux papiers érythréens, comme par magie.
Pour celui qui a assez d’argent – 7000 euros au minimum – il est possible de se faire passer pour un touriste avec faux papiers d’Arabie saoudite et atterrir en Europe centrale, chemise hawaïenne et appareil photo compris. Le groupe de voyage peut également prendre le charter, poursuivre sur un yacht de luxe volé, ce qui lui permettra de traverser les postes frontières du Péloponnèse vers l’Apulie, pour continuer ensuite par-delà les Alpes.
Même une somme à six chiffres pour un bateau sans billet de retour ne pose pas de problème pour les boss-passeurs, puisque le gain d’une traversée se monte à 5 millions d’euros. En comparaison, Frontex, l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures, dispose de 90 millions d’euros par an.
Les enquêteurs savent que pour chaque réseau de passeurs démantelé, un nouveau au moins fait surface. Tout est parfaitement organisé et techniquement performant : du recruteur sur place en passant par les organisateurs à Istanbul, au Caire ou à Tripoli, des capitaines aux personnes de contact en Italie ou en Allemagne. Des migrants sont en route quotidiennement à travers le Sahara en se dirigeant au GPS.
Le flux financier – estimé à 20 milliards de dollars par an – est principalement géré par des commerçants islamiques selon le système « hawala » et échappe donc à tout contrôle financier.
Source et lire la suite en allemand : Die Welt
Merci à Caroline pour la présentation de l’article et la traduction.