Economie : “La France est déjà retombée en récession”.

Les chiffres sortent après l’élection présidentielle, mais avant les législatives. Si Macron a sauvé sa tête (en partie grâce au vote musulman), il n’est pas certain du tout qu’il puisse gouverner sereinement. La France fracturée en quatre quarts (Abstention – Droite – Gauche et Centre ), les trois groupes qui prétendront gouverner la France devront d’abord s’unir ou ne faire que de la figuration, et cela sous le contrôle du clan des abstentionnistes qui peuvent donner la majorité à l’un ou à l’autre, sauf à ne la donner à aucun des trois. Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, la crise économique, générera une crise sociale à quoi il faut le  risque de d’une crise politique, qui complètera l’impasse.

Inflation, consommation, investissement… Comme le pointe notre chroniqueur Marc Touati, tous les indicateurs sont au rouge dans l’Hexagone. L’économiste, président du cabinet ACDEFI, fait un constat implacable : sans thérapie de choc, le marasme économique pourrait durer.

A force d’avoir annoncé à hue et à dia qu’ils allaient plonger la Russie dans une grave récession, les pays occidentaux en ont oublié qu’ils étaient également menacés par le même sort. En effet, à peine un an et demi après être sortis de leur plus grave récession depuis la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis et certains pays de l’Union européenne ont déjà renoué avec la baisse de leur PIB au premier trimestre 2022 : – 0,4% pour l’Oncle Sam, – 0,2% en Italie, – 0,05% en France. Et si le PIB allemand a augmenté de 0,2% sur ce trimestre, c’est principalement en correction de la chute de 0,7% du quatrième trimestre 2021. Ce qui signifie que sur les deux derniers trimestres, le PIB allemand recule de 0,5%.

Quant à l’augmentation de 0,2% du PIB de la Zone euro au premier trimestre 2022, elle n’est malheureusement pas extrapolable, dans la mesure où une baisse d’au moins 0,4% est prévisible au deuxième trimestre 2022. Et ce, notamment à cause de l’explosion des tensions inflationnistes et des pénuries en tous genres qui cassent le pouvoir d’achat des ménages et limitent l’activité des entreprises, sans que les autorités budgétaires et monétaires puissent inverser la tendance.

Et c’est bien là que le bât blesse : après deux ans de pandémie, une flambée historique des dettes publiques et des “planches à billets”, qui a notamment entraîné une poussée inflationniste inconnue depuis le début des années 1980 avant même le début de la guerre en Ukraine, les pays occidentaux n’ont aujourd’hui plus de cartouches pour affronter une phase durable de forte inflation.

Bien sûr, les gouvernements peuvent distribuer des chèques, mais avec des dettes publiques à près de 120% du PIB, la marge de manœuvre est faible. D’autant que, compte tenu des dérapages inflationnistes, les banques centrales ne pourront plus utiliser la “planche à billets” pour financer la gabegie des dettes publiques. Et ce, en particulier dans la Zone euro, où la monnaie unique se déprécie massivement, ce qui accroît mécaniquement l’inflation importée.

Les statistiques qui viennent d’être publiées en France illustrent parfaitement ce dangereux piège dans lequel nous nous trouvons. En effet, au premier trimestre 2022, le PIB français a reculé de 0,5% hors stocks. Cette rechute s’explique principalement par la baisse de 1,3% de la consommation des ménages sur l’ensemble du premier trimestre 2022. Parallèlement, l’investissement logement des ménages a enregistré son deuxième trimestre consécutif de baisse, avec une chute de 1,1%, après déjà un recul de 0,1% le trimestre précédent. En outre, s’il sauve les meubles, l’investissement des entreprises n’a progressé que de 0,7% au premier trimestre 2022.

Le pire est que les indicateurs avancés de l’activité économique baissent nettement. A commencer par l’indice Insee de confiance des ménages qui, en avril, est tombé à un plancher depuis décembre 2018 et la crise des “gilets jaunes”. Dans ce cadre, et comme le montre le graphique ci-dessous, la consommation des ménages devrait encore régresser au deuxième trimestre 2022, engendrant une nouvelle diminution du PIB français pour le deuxième trimestre consécutif, ce qui signifiera un retour en récession pour notre “douce France”.

Et ce, d’autant que l’inflation ne cesse et ne cessera de progresser pendant encore plusieurs mois. En avril, le glissement annuel des prix à la consommation en France a d’ores et déjà atteint 4,8%, un sommet depuis novembre 1985. Selon les normes européennes, l’inflation française atteint même 5,4%.

Encore plus inquiétant, les prix à la production, indicateurs avancés des prix à la consommation, ont encore flambé en mars : +4,6% sur un mois et +24,4% en glissement annuel, un nouveau sommet historique.

Au regard du graphique ci-dessous qui illustre la corrélation entre le glissement annuel des prix à la production et celui des prix à la consommation, la flambée du premier montre que le second, c’est-à-dire l’inflation, pourrait prochainement avoisiner les 8%, ce qui constituerait un sommet depuis le début 1984.

Autrement dit, l’inflation française va encore se tendre au moins jusqu’à la fin de l’été 2022, grevant d’autant le pouvoir d’achat des ménages, donc leurs dépenses de consommation et d’investissement, ce qui se traduira par une nouvelle baisse du PIB dès le deuxième trimestre 2022.

D’autant plus que l’augmentation des pressions inflationnistes alimente la remontée des taux d’intérêt des obligations d’Etat et donc des crédits, ce qui freinera une nouvelle fois les dépenses des ménages et l’investissement des entreprises.

En conclusion, nous avons le regret d’annoncer que la France est déjà retombée en récession. Espérons simplement que, bien loin du déni de réalité habituel depuis une quarantaine d’années, cela incitera les dirigeants du pays à prendre les bonnes mesures et à engager la “thérapie de choc bienveillante” que j’appelle de mes vœux depuis des années (et que je détaille notamment dans ma dernière vidéo YouTube). En attendant, un petit conseil : attachez vos ceintures !

Marc Touati, économiste, président du cabinet ACDEFI

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