Etats-Unis / Turquie: la crise des missiles sol-air

La marche turque vers Poutine

L’alliance historique entre la Turquie et les Etats-Unis appartiendrait-elle au passé ?

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis sont les alliés les plus importants de la Turquie. Cette relation a survécu à la fin de la guerre froide, mais aujourd’hui, l’effet conjugué de la personnalité de Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie qui dirige le pays depuis 2003, de l’affaiblissement considérable de l’armée turque – chantre de la relation avec Washington -, de l’islamisation de la société turque et du bouleversement des rapports de force dans la région (retour de la Russie en Syrie, baisse de l’influence américaine), ont créé les conditions d’une crise majeure qui, pour la première fois depuis un demi-siècle, risque d’aboutir à une rupture entre les deux alliés.

Le seul précédent: la crise chypriote de 1974

Le rapprochement de la Turquie avec les États-Unis a commencé en 1947 lorsque le Congrès des États-Unis a désigné la Turquie, conformément aux dispositions de la doctrine Truman, comme bénéficiaire d’une assistance économique et militaire spéciale.

Un intérêt mutuel à contenir l’expansion soviétique a servi de fondement aux relations entre les États-Unis et la Turquie pour les quatre décennies à venir.

Pour soutenir la stratégie globale des États-Unis pendant la guerre froide, la Turquie a fourni du personnel aux forces des Nations Unies pendant la guerre de Corée (1950-1953), est devenue membre de l’OTAN en 1952, membre fondateur du Pacte de Bagdad (désormais CenTO) signé en 1955, et a approuvé les principes de la doctrine Eisenhower de 1957.

Dans les années 1950 et 1960, la Turquie a généralement coopéré avec d’autres alliés des États-Unis au Moyen-Orient (Iran, Israël et Jordanie) pour contenir l’influence des pays (Égypte, Irak et Syrie) considérés comme des clients soviétiques.

Tout au long de la Guerre froide, la Turquie a été le rempart du flanc sud-est de l’OTAN et risquant une guerre nucléaire sur son sol pendant la crise des missiles de Cuba. Depuis 1954, la Turquie accueille la base aérienne d’Incirlik, une importante base d’opérations de l’armée de l’air américaine, qui a joué un rôle crucial pendant la guerre froide et la guerre du Golfe, et abrite également une cinquantaine d’armes nucléaires américaines.

L’exception notable à cette relation a été la crise chypriote, avec l’invasion en 1974 par la Turquie du nord de l’île grecque qu’elle occupe depuis.

En réponse, le Congrès américain a imposé un embargo sur les ventes d’armes à la Turquie, ce qui a provoqué des tensions entre les deux pays. La situation ne s’est pas améliorée avant la fin de la décennie pour connaître ensuite une autre petite crise en 1978 autour de la sortie du film Midnight Express. Mais depuis, les relations ont été plutôt au beau fixe.

Si depuis quelques mois les Etats-Unis et la Turquie semblent être sur une trajectoire de collision, c’est parce qu’Ankara insiste sur son droit d’acheter un système avancé de défense aérienne S-400 de fabrication russe. Et ce n’est pas une mince affaire pour un pays membre de l’OTAN et partenaire des Etats-Unis dans le projet militaire le plus ambitieux : l’avion de combat F-35, future plateforme principale des forces aériennes occidentales majeures.

OTAN: cherchez l’intrus

Les premiers éléments du nouveau système russe acheté par la Turquie sont arrivés vendredi à la base aérienne Murted d’Ankara. Les chaînes de télévision turques ont diffusé des images d’avions cargo russes arrivant à la base et de matériel déchargé. Washington a répliqué en gelant la participation turque au sein du programme F-35 – l’avion américain avancé qui équipera de nombreuses forces aériennes de l’OTAN au cours de la prochaine décennie.

Les pilotes turcs sont déjà exclus des entraînements et le volet industriel du programme risque lui aussi de souffrir, avec des conséquences importantes pour la chaîne turque des sous-traitants.

Car la Turquie est partenaire du programme de fabrication de certains éléments et a été désignée comme l’un des sites de maintenance de ses moteurs. Presque 1000 pièces détachées du F-35 sont fabriquées en Turquie, dont environ 400 le sont exclusivement et les commandes pour l’économie locale s’élèvent à quelque 12 milliards de dollars.

Cette controverse a donc des dimensions politiques, militaires et économiques importantes et elle soulève des questions quant à la fiabilité de la Turquie en tant qu’allié et partenaire de l’OTAN, et fait s’interroger sur sa stratégie diplomatique.

Etant donné sa situation géographique clé sur le flanc sud de l’alliance – maîtrise des entrées et sorties de la Mer noire, longue côte méditerranéenne, une base avancée à Chypre et la deuxième armée de terre de l’alliance – ainsi que son rôle dans la crise syrienne, la Turquie n’est pas un pays dont l’OTAN peut facilement se passer. Lire la suite

source: www.causeur.fr

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Jg

Rien ne est statique ,les situations évoluent ,les USA doivent s adapter ,et considérer les bases de l armée a l étranger comme des portes avions qu on peut déplacer aisément ….
Les régimes arabes musulmans ,n ont jamais fait preuve de stabilité ,s allier avec eux ,c est de souscrire un contrat sur le court terme ,quant a la confiance et la loyauté ,c est une notion bonne pour le quai d Orsay qui valide tous les comportements mafieux de ses amis et alliés arabes.