L’affaire qui semble compromettre lourdement le président américain commence dès novembre dernier, mais la Maison-Blanche a choisi de ne communiquer que lundi 9 janvier à son sujet. Dans un communiqué, la présidence a indiqué que des documents classés confidentiels datant de la vice-présidence de Joe Biden (sous Barack Obama de 2009 à 2017) ont été retrouvés dans les locaux d’un cercle de réflexion de Washington, que Joe Biden utilisait de temps en temps comme lieu de travail. «Les documents n’avaient pas fait l’objet d’une quelconque requête ou demande antérieure», a ajouté son conseiller juridique Richard Sauber.

«Je ne sais pas ce qu’il y a dans les documents», affirme Joe Biden

Interrogé sur le sujet à l’occasion de son déplacement au Mexique, Joe Biden a déclaré mardi qu’il ignorait le contenu des documents confidentiels en question. «On m’a prévenu de la découverte, et j’ai été surpris d’apprendre que des documents en rapport avec le gouvernement avaient été apportés dans ce bureau. Mais je ne sais pas ce qu’il y a dans les documents», a-t-il déclaré.

Les documents ont été retrouvés «quand mes avocats ont nettoyé mon bureau à l’université de Pennsylvanie», a détaillé Joe Biden. Ses avocats «coopéreront pleinement» lors de l’examen de ces documents, a-t-il assuré.

Une deuxième salve dans sa résidence privée

Après cette première découverte, ses avocats ont inspecté ses deux résidences privées. Dans le garage de sa maison de Wilmington, dans le Delaware, ainsi que dans une pièce adjacente, «un petit nombre de documents supplémentaires» ont été alors retrouvés, datant de l’administration Obama-Biden et eux aussi «classés confidentiels». Ces documents «auraient pu être transférés pendant la transition de 2017», a expliqué jeudi dans un communiqué l’avocat de la présidence, Richard Sauber.

En revanche, aucun document n’a été retrouvé dans sa résidence de la ville balnéaire de Rehoboth, sur la côte est, a précisé l’avocat. Le ministère de la Justice a été immédiatement informé pour prendre possession des dossiers.

La présidence évoque une «erreur»

Pris en défaut, le président démocrate a assuré lui-même être disposé à «coopérer pleinement» avec la justice américaine. L’avocat de la présidence évoque une «erreur». «Une enquête minutieuse montrera que ces documents ont été déplacés par inadvertance, et que le président et ses avocats ont agi promptement lorsqu’ils ont découvert cette erreur», a déclaré Richard Sauber dans un communiqué.

Un procureur spécial nommé pour l’enquête

Le speaker républicain à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, craignant qu’il bénéficie d’un traitement de faveur, a immédiatement appelé le Congrès américain à ouvrir une enquête parlementaire. Pour étouffer tout soupçon de favoritisme, le ministre américain de la Justice Merrick Garland a nommé un procureur spécial pour prendre en charge l’affaire. Robert Hur, un ancien procureur fédéral, a été choisi à ce poste.

Ce dernier devra répondre à de nombreuses interrogations. Comment des documents datant de plus de cinq ans ont-ils pu rester cachés sans que les Archives nationales ne les réclament ? Comment Joe Biden a-t-il pu les oublier ? Pourquoi les Archives ne les ont-elles jamais réclamés, alors qu’elles avaient elles-mêmes identifié les documents conservés par Donald Trump ?

Lors d’une conférence de presse jeudi, la porte-parole de la Maison-Blanche a assuré que Joe Biden œuvrait avec la plus grande «transparence», mais elle a botté en touche à de nombreuses reprises, au nom de l’indépendance de la justice. Karine Jean-Pierre n’a notamment pas expliqué pourquoi l’exécutif américain avait communiqué immédiatement sur les documents retrouvés à Wilmington, mais avait attendu deux mois, et la parution de révélations dans la presse, pour ceux trouvés au Penn Biden Center, à Washington.