« Je suis juif et j’ai protégé un membre du Ku Klux Klan »

Avant même que les membres du KKK ne sortent de leur véhicule, ils ont été attaqués. Le conducteur a démarré et des contre-manifestants ont frappé la camionnette avec des planches de bois, brisant la vitre côté conducteur ainsi que le pare-brise.

Dans la rue, sont restés trois membres du Klan qui n’avaient pas pu s’enfuir. Ils se battaient avec des contre-manifestants, et l’un des types du Klan [qui s’était retrouvé séparé des deux autres, NDLR] est tombé par terre, ou alors peut-être a-t-il été poussé. En tout cas, personne ne l’a aidé et je ne voyais aucune présence policière. Je me suis donc mis au-dessus de lui pour le protéger. Il a pu se relever, et on a commencé à marcher. Il était visiblement blessé. Je n’oublierai jamais la terreur dans les yeux de ce type. Certains contre-manifestants nous ont suivis, et j’ai fait de mon mieux pour calmer le jeu.

Environ trois minutes après que j’ai commencé à filmer, les voitures de police sont arrivées. Je suis persuadé que la police nous a sauvé la vie à tous les deux.

Lorsque les policiers arrivent (vers 5’00), on entend des cris dans la vidéo. Quand Brian Levin se retourne, il filme des policiers qui séparent deux hommes : l’un d’eux, un jeune homme, est un contre-manifestant dont le torse est couvert de sang, l’autre est un membre du Klu Klux Klan. Il a les mains ensanglantées. Immédiatement, il admet avoir poignardé le jeune homme, mais clame qu’il l’a fait pour se défendre après avoir été attaqué.

Deux autre contre-manifestants ont été blessés par le Klu Klux Klan lors de ces confrontations : l’un avec un couteau, l’autre avec une arme non-identifiée, selon la police locale. Leur blessures sont toutefois mineures. En tout, douze personnes ont été arrêtées, des deux côtés.

« Même si la vaste majorité de notre communauté n’est pas d’accord avec ce groupe, nous ne pouvons pas les empêcher de se rassembler de façon légale pour exprimer leur opinions « , a écrit le chef de la police d’Anaheim, Raul Quezada, dans un communiqué. « La violence est inacceptable et nous arrêterons toute personne qui commet une agression ou un crime dans notre ville ».

Notre Observateur, quant à lui, dit espérer que l’homme qu’il a aidé, William Quigg – qui s’est avéré être le « grand dragon « , c’est-à-dire le chef de la section locale du Klu Klux Klan – changera de façon de penser après cet incident. Il dit avoir demandé à Quigg, « Que pensez-vous du fait qu’un homme juif vous ait sauvé la vie ? » À quoi Quigg aurait simplement répondu « Merci ».

Ils votent Donald Trump

Comme on peut le voir dans la vidéo (à partir de 4’00), une fois que la police prend contrôle de la situation, notre Observateur pose des questions à Quigg. Il lui demande d’abord s’il comprend pourquoi les gens sont fâchés, étant donné l’historique violent du Klu Klux Klan. Quigg répond : « Nous ne sommes pas le même Klan qu’autrefois. Nous sommes un mouvement de défense des droits civiques chrétiens et blancs » et pas, précise-t-il, des suprémacistes blancs. Une ligne de défense souvent invoquée par les membres du Klu Klux Klan, qui tentent, malgré des fréquentes sorties xénophobes, de redorer leur blason.

Levin demande ensuite à Quigg son opinion sur Adolf Hitler. Réponse : « C’était un grand homme au début – il a fait sortir l’Allemagne des bidonvilles et l’a transformée en superpuissance ». Levin tente d’avancer : « Et l’Holocauste, le massacre de 6 millions de juifs et d’autres personnes ? » Ce à quoi Quigg répond : « Ce n’était pas 6 millions de juifs. Il n’y en avait pas tant dans toute l’Europe. « 

Levin s’adresse également à un autre membre du Klan, un homme âgé. Il lui demande pour qui il compte voter aux prochaines élections présidentielles. Réponse : « Donald Trump « . La semaine dernière, le candidat républicain avait suscité une énième polémique en refusant de rejeter le soutien d’un ancien membre du Klu Klux Klan, aujourd’hui suprémaciste blanc virulent.