«Gilets jaunes» : indignation après la dégradation de la stèle du maréchal Juin à Paris

VIDÉO – En marge d’un rassemblement de «gilets jaunes» samedi 16 novembre, le monument d’hommage à Alphonse Juin, héros de la campagne d’Italie, a été attaqué par des casseurs.

Des casseurs s'attaquent à la barre de fer au monument d'hommage situé place d'Italie à Paris.
Des casseurs s’attaquent à la barre de fer au monument d’hommage situé place d’Italie à Paris. Capture d’écran du FigaroLive

Si beaucoup de «gilets jaunes» se plaisent à arborer, depuis un an, des drapeaux français décorés d’une croix de Lorraine, tel n’était pas le cas, loin de là, des casseurs de la place d’Italie qui, pour certains, se sont attaqués, samedi 16 novembre, à la statue du maréchal Alphonse Juin, héros de la Seconde Guerre mondiale. A la tête du Corps expéditionnaire français en Italie, il fut le vainqueur de Garigliano, bataille décisive du 13 mai 1944 qui permit ensuite l’offensive des Alliés sur Rome.

«Gilets jaunes» : des casseurs fracturent un monument dédié au maréchal Juin
Samedi 16 novembre, à l’occasion du premier anniversaire des «gilets jaunes», les manifestants s’en sont pris au monument du maréchal Juin, situé place d’Italie.

La stèle d’hommage, sévèrement dégradée par plusieurs individus masqués et munis de barres métalliques, est située au centre de cette place de sud parisien. C’est cet endroit qui a servi à la préfecture de police de Paris de «point de fixation» pour concentrer en un même lieu les centaines d’individus «ultrajaunes» ou d’«ultragauche» présents samedi en marge des rassemblements de «gilets jaunes» venus, notamment dans la capitale, pour marquer le premier anniversaire de leur mouvement.

Alors qu’on lui montrait des images de casseurs s’attaquant au monument historique, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a expliqué qu’«ils ne s’en prennent pas au monument du maréchal Juin, ils fabriquent des armes. Ils cassent les plaques de marbre parce qu’ils ont bien conscience qu’elles sont dangereuses et ils s’en servent comme des projectiles contre nos forces de sécurité». «Ce sont aussi des imbéciles, on peut être à la fois imbécile, brute et voyou», a lâché le ministre. Pour sa part, la ministre des Armées, Florence Parly, a dénoncé «un manque criant de sens et de respect».

Florence Parly

@florence_parly

Notre mémoire nationale est le ciment de nos valeurs républicaines. Détruire ce qui nous rassemble traduit un manque criant de sens et de respect. https://twitter.com/YahooActuFR/status/1195722629321236480 

Yahoo Actualités

@YahooActuFR

🔴 Le monument du maréchal Juin vandalisé par des manifestants, Place d’Italie à Paris.#giletsjaunes #Acte53 #16novembre

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«C’est une nouvelle fois notre mémoire nationale commune qui est saccagée bafouée par des individus casseurs qui sont complètement hors de la république (…) Ces actes là sont très condamnables, j’espère que la police pourra retrouver ces individus et qu’ils pourront être jugé de façon très sévère», a déclaré un autre membre du gouvernement, la secrétaire d’Etat aux Anciens combattants, Geneviève Darrieussecq, sur Europe 1, ce dimanche 17 novembre.

Triste écho à l’Arc de Triomphe

«Une nouvelle fois» : comme le sous-entend elle-même la secrétaire d’Etat, ces nouvelles dégradations font tristement écho au saccage de l’Arc de Triomphe, le 2 décembre dernier, déjà en marge d’une manifestation des «gilets jaunes». A l’intérieur de ce monument national, érigé en 1836, plusieurs statues datant du 19e siècle et célébrant l’histoire de France, avaient été détruites. L’Arc de Triomphe avait également été tagué. Certaines inscriptions faisaient référence aux «gilets jaunes», mais d’autres davantage à l’extrême gauche. Parmi celles-ci : «Justice pour Adama», référence à Adama Traoré, mort à 24 ans d’un arrêt cardiaque en 2016 après une interpellation et dont la mémoire a été érigée par certains militants en symbole des violences policières. Or, sur la statue du maréchal Juin, également taguée, l’inscription «Adama» était aussi lisible ce samedi. «Apres l’Arc de Triomphe, encore des profanations de notre histoire», a déploré la députée LR des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer, sur Twitter.

Jérôme Godefroy@jeromegodefroy

Place d’Italie hier. La racaille jaune et ses supplétifs blackbloc dégradent le monument au corps expéditionnaire français en Italie (43-44) et au maréchal Juin, héros de la 2ème guerre mondiale, après avoir souillé l’Arc-de-Triomphe l’an dernier. Ce sont des ennemis de la Nation

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Comme l’a rappelé la secrétaire d’Etat aux Anciens combattants sur Europe 1, le monument ne représentait pas un hommage au seul Alphonse Juin mais comprenait «également des noms de soldats morts dans la campagne d’Italie que menait» l’officier élevé en 1952 à la dignité de «maréchal de France» – il fut le seul général de la Seconde guerre mondiale, d’ailleurs, à l’être de son vivant.

Vainqueur de Garigliano

Né en 1888 et mort en 1967, Alphonse Juin était issu d’une famille modeste de «pieds-noirs» d’Algérie. Fils et petit-fils de gendarmes, il fit Saint-Cyr après avoir étudié au grand lycée d’Alger. A l’Ecole spéciale militaire, il sortit major de la «promotion de Fès» (1912), dont faisait également partie Charles de Gaulle, qu’il sera d’ailleurs l’un des seuls à tutoyer lorsque le Général devint président de la République en 1958 (mais ils se brouillèrent vivement sur la question algérienne). Nommé en 1943 par De Gaulle à la tête du Corps expéditionnaire français en Italie (après avoir été pétainiste et antigaulliste pendant la première partie de la guerre), il réalisa, au printemps 1944, un coup d’éclat lors de la bataille de Garigliano.

Le général Alphonse Juin en 1944.
Le général Alphonse Juin en 1944. The National Historical Society

Alors que les troupes américaines piétinaient face aux lignes allemandes qu’elles ne parvenaient pas à battre frontalement, le général français choisit de déborder la position ennemie sur ses flancs grâce à une attaque des tabors marocains du général Guillaume et du 4e régiment de tirailleurs tunisiens. «Il avait une armée très diverse avec beaucoup de soldats africains qui sont morts pour notre République, pour lutter contre le nazisme. Cette mémoire collective, il faut vraiment que les Français l’appréhendent comme un vrai ciment national», a ainsi salué Geneviève Darrieussecq.

» LIRE AUSSI – La Seconde Guerre mondiale comme vous ne l’avez jamais vue

Cette victoire française permit ensuite aux forces alliés de marcher vers Rome. Il resta ensuite chef d’état-major de la Défense nationale jusqu’en 1947, date à laquelle il devint résident général au Maroc. De 1951 à 1956, il fut commandant en chef du secteur Centre-Europe de l’OTAN. A la fin des années 50 et jusqu’à sa mort en 1967, ce «pied-noir» d’Algérie s’opposa vivement aux indépendances des pays d’Afrique du Nord.

lefigaro.fr


Les ambiguïtés de Juin sous Vichy

L’Armée de Vichy

À la suite des accords de Paris négociés par Darlan avec l’Allemagne, il est libéré le 15 juin 1941 à la demande du gouvernement de Vichy comme d’autres officiers réputés pour leur connaissance de l’Afrique. Précisément, il avait été repéré par Charles Huntziger qui l’avait recommandé à Jacques Benoist-Méchin alors secrétaire d’État aux rapports franco-allemands, qui l’inscrit ainsi dans le premier protocole, en tête des 961 officiers dont la France demandait la libération au titre de complément d’effectifs de son armée d’Afrique.

Pétainiste et antigaulliste, il est envisagé par Vichy comme ministre de la Guerre. Il est finalement intégré à l’Armée de Vichy et nommé le 16 juillet 1941, adjoint au général commandant supérieur des troupes du Maroc14 le général Noguès, puis le 20 novembre 1941 général de corps d’armée, commandant en chef des forces d’Afrique du Nord où il remplace le général Weygand dans ses fonctions militaires, mais non dans toutes ses fonctions de proconsul.

Le 20 décembre 1941, avec le délégué général du gouvernement de Vichy Fernand de Brinon, il est convoqué à Berlin par Göring. L’historien Robert Paxton parle de cette rencontre comme d’un dialogue de sourds. Göring demande que les Français explicitent « clairement leur intention » de laisser l’Axe utiliser la base de Bizerte en Tunisie et accordent à Rommel, alors en campagne en Libye, « une liberté de mouvement de nature à lui faciliter la poursuite des combats, peut-être avec les Français à ses côtés ». Juin insiste pour que les Allemands autorisent les troupes françaises à renforcer leur armement en Afrique pour mieux défendre l’Empire français, particulièrement au sud de la Tunisie. Juin promet que les forces de Rommel ne seront pas retenues le long de la frontière tunisienne. En fin de compte, Göring, loin d’être satisfait indique que les demandes françaises d’augmenter l’armement de l’armée d’Afrique resteront conditionnées à la satisfaction des demandes allemandes en Tunisie.

Juin a signifié à son ministre de la Guerre Bridoux qu’il « ne souhaite pas entrer dans la voie vers laquelle tendent les Allemands des commissions d’Afrique du Nord et qui pourraient mener la France à la collaboration militaire ». En Algérie personne ne doute que, dans son for intérieur, Juin n’admet pas l’occupation de la Métropole par les Allemands et qu’il voudrait éviter un tel destin à l’Empire. Le consul américain à Casablanca est informé des probables sentiments de Juin. On lui dit que Juin « ne tiendrait probablement pas sa parole » si les Allemands envahissaient l’Afrique du Nord.

Ainsi, lorsque le 8 novembre 1942, l’ensemble des officiers de l’armée d’Afrique sont surpris par le débarquement allié en Afrique du Nord, Alphonse Juin est tiraillé entre ses sentiments anti-allemands et son sens de la discipline vis-à-vis des autorités de Vichy. N’a-t-il pas également déclaré à Bridoux en juillet 1942 que ses troupes « feraient loyalement leur devoir contre tout agresseur, quel qu’il soit » ? Par l’intermédiaire de son subordonné le commandant Dorange, Juin, qui ne se doute pas qu’un débarquement américain est imminent, est entré en contact avec le consul américain d’Alger Robert Murphy pour demander comment, en cas d’agression allemande, les États-Unis réagiraient à une demande d’aide massive de la part de la France. À cette occasion, il avertit également Murphy qu’il donnerait l’ordre à ses troupes de résister si les États-Unis attaquaient en premier, sans provocation allemande.

Les premières nouvelles du débarquement allié en Afrique du Nord atteignent Juin dans les premières heures du 8 novembre, peu après minuit, lorsque les hommes du général Mast, un de ses subordonnés impliqué dans les préparatifs de l’opération avec les Américains, prennent le contrôle des points forts de la ville. Sa résidence est encerclée par un groupe de jeunes lycéens commandés par l’aspirant de réserve Pauphilet, agissant avec un groupe de 400 résistants mal armés.

Juin, destinataire d’une lettre de Roosevelt lui demandant d’accueillir les troupes alliées en amies, rejette cette demande présentée par le consul Murphy, et se retranche derrière l’autorité de l’amiral Darlan, ancien vice-président du Conseil resté commandant en chef des forces militaires et qui est alors présent à Alger. Libéré au matin par la garde mobile, il organise la reconquête de la ville contre les résistants, mais, convaincu que la partie est jouée, ne fait rien pour rejeter les Alliés. À 17 h 30, il signe avec l’accord de l’amiral Darlan, une suspension d’armes limitée à la place d’Alger, où l’on dénombre 13 morts français.

Mais ce premier cessez-le-feu concernait seulement Alger : Darlan et Juin, désormais entre les mains des Alliés, allaient refuser pendant trois jours de donner l’ordre de cessez-le-feu à leurs subordonnés d’Oran et du Maroc, où le combat sanglant entre Français et Alliés allait se poursuivre inutilement. Ce fut seulement à suite des pressions particulièrement vigoureuses du général Clark que Juin et Darlan finirent, trois jours plus tard et sous la menace, par ordonner le cessez-le-feu à leurs subordonnés d’Oran et du Maroc.

Ainsi, ce même 8 novembre 1942, à Oran et au Maroc, les généraux Boisseau et Noguès, subordonnés de Juin, qui n’ont pas été « neutralisés » comme à Alger, accueillent les Alliés à coups de canon. Juin ordonne aux forces françaises de maintenir « un contact élastique, sans agressivité ». Dans l’après-midi du 8 novembre, à 17 h 35, Darlan décharge Juin de son autorité en dehors de la région d’Alger et charge Noguès de la défense du Maroc et le général Barré de la défense de la Tunisie. Juin rend compte qu’il « s’efforcera d’exécuter les ordres du maréchal, mais qu’étant entre les mains des Américains, il ne peut que laisser l’entière initiative aux commandants des théâtres est et ouest ». Le 11 novembre, après avoir appris, vers midi, l’invasion de la zone libre par les Allemands, il fait savoir à ses subordonnés que « dès réception du présent message, la position de neutralité vis-à-vis de l’Axe cesse ».

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4 Commentaires
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andre

Un autre point obscur de la carriere du Marechal Juin concerne l’erreur colossale qu’il fit, au cours de la Campagne d’Italie, en lachant ses troupes coloniales pendant deux jours. Les Italiens commemorent sous le nom de « maroquinades » les viols, pillages et autres exactions en masse qui resulterent de cette decision legere. Cela n’excuse nullement, bien sur, la degradation du monument rappelant la participation francaise a la Campagne d’Italie.

Franck

Tout à fait exact; Juin avait dans l’esprit de punir le peuple italien pour le « coup de poignard dans le dos  » c’est a dire la déclaration de guerre contre la France faite par Mussolini. C’était une drôle de conception des lois de la guerre: se venger sur les civils des fautes du gouvernement fasciste. Beaucoup de femmes italiennes furent violées par les tirailleurs auxquels Juin avait lâché la bride. Dans certains cas il y eut des représailles sanglantes de civils contre les tirailleurs

pilami

non pas jaune les blacks blocks ne pas confondre