Ehud Barak a récemment fait une longue critique dans Haaretz du nouveau livre important de Micah Goodman, « Catch 67 », à laquelle Goodman a répondu la semaine suivante. Goodman soutient que la victoire d’Israël en 1967 a créé « un piège » dont les conséquences s’observent dans le dilemme actuel auquel Israël est confronté. Dans ce dilemme les deux parties (la gauche et la droite politiques israéliennes) auraient raison. Barak n’est pas d’accord. Selon lui, le choix est clair : la gauche a raison.

La vision de Barak et son commentaire sur le livre de Goodman ignorent la réalité des choix actuels qui se posent à Israël. Nous ne sommes pas confrontés à un dilemme concernant l’abandon des territoires. Nous sommes confrontés à une tâche désagréable et à un besoin de patience sur plusieurs décennies.

Israël n’a pas le choix actuellement ni de donner des terres aux Palestiniens de créer un Etat palestinien; Israël n’est donc pas confronté à un dilemme.

Alors qu’il y a indubitablement des Palestiniens en quête de paix, en tant que communauté, les Palestiniens n’ont même pas commencé à discuter de la possibilité d’une paix qui accepterait Israël et mettrait fin à la volonté des palestiniens de reprendre toute la terre « du fleuve à la mer ». Ni entamé un débat public sur la possibilité d’installer la plupart des «réfugiés» en dehors d’Israël. Sans débat entre les Palestiniens sur ces questions, ils ne peuvent en aucun cas abandonner leur détermination à détruire Israël et se résoudre à faire une paix véritable.

Il n’y a aucune chance pour qu’il puisse y avoir un véritable accord de paix maintenant, et ce, quelque soit la quantité de terre qu’Israël serait disposé à abandonner. Une véritable solution à deux Etats mettrait un terme aux efforts palestiniens et arabes depuis un siècle de vaincre israël, et ils ne sont pas encore prêts à accepter la défaite. Quel que soit le désaccord qui existe entre les Israéliens quant à la quantité de terres, le cas échéant, qu’Israël devrait abandonner pour obtenir la paix, ce désaccord n’est pas ce qui fait obstacle à la paix.

Pour Gaza c’était simple, mais pour la Cisjordanie c’est compliquée. Israël ne peut en aucun cas se séparer de la population palestinienne en Cisjordanie sans un accord palestinien. C’est à cause du besoin militaire d’Israël d’accéder à la vallée du Jourdain, ce qui serait valable même s’il n’y avait pas de blocs d’implantations.

Même si toutes les implantations idéologiques et les avant-postes étaient démantelés, aucun retrait israélien unilatéral ne pourrait engendrer un nouveau statu quo stable que nous pourrions imposer aux Palestiniens. En outre, Israël est toujours considéré internationalement comme « occupant » Gaza même s’il s’est complètement retiré. Il en irait de même pour la Judée et la Samarie après un retrait unilatéral israélien. Les Palestiniens insisteraient sur le fait qu’ils sont toujours occupés et prendraient des mesures pour forcer Israël à intervenir dans les zones évacuées.

Alors les Palestiniens nous auraient piégés. Bien que nous nous sommes engagés sur un principe d’occupation temporaire en Judée-Samarie, nous y resterons longtemps. Nous devrons également continuer à faire de nos enfants des soldats et inévitablement nous ferons des victimes dans nos rangs et dans le camp adverse. On ne nous a pas donné notre foyer national sur un plateau d’argent.

Cette réalité signifie que la question de savoir de quelle terre nous devrions nous séparer est une question qui n’est pas centrale dans un avenir proche. Quand il y a une réelle possibilité d’améliorer les choses sur le terrain, il convient d’envisager de céder des terres, mais les conditions régionales et peut-être même mondiales sont imprévisibles et seront bientôt différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui. Nos désaccords sur la quantité de terres, le cas échéant, à abandonner, ne font aucune différence pour le moment. Nous ne sommes pas confrontés à un dilemme pratique. Il n’y a pas de raison pour que les juifs s’entre déchirent sur cette question de la terre. Nous devrions être prêts à en céder, le cas échéant que dans le cas où cela représenterait des avantages tangibles pour nous.

Une forte majorité d’Israéliens et de membres de notre gouvernement ont décidé qu’Israël devrait être prêt à abandonner la majeure partie de la Judée et de la Samarie pour avoir la paix, et peut-être même pour nous séparer des Palestiniens sans faire la paix. Une majorité encore plus grande s’oppose à tout retrait dans l’état d’esprit actuel où se trouve la communauté palestinienne. Par conséquent, il n’est pas vrai que notre conflit avec les Palestiniens est le résultat d’une insistance obstinée ou égoïste de conserver toute la terre d’Israël. Mais nous ne pouvons rien faire à l’heure actuelle, pour mettre en œuvre notre volonté d’abandonner la plus grande partie de la Cisjordanie.

Que pouvons-nous faire pour améliorer les choses pendant que nous vivons avec ce statu quo? Premièrement, si nous reconnaissons que les Palestiniens ne nous donneront aucune chance de ne pas être des «occupants», nous pouvons travailler ensemble, à gauche et à droite, pour réduire les dommages moraux et autres de «l’occupation». Et nous pouvons arrêter les injures en interne et les accusations mutuelles que nous nous lançons à la figure, et des reproches que nous nous faisons aux uns et aux autres, de ne pas avoir essayé assez fermement de mettre fin à l’occupation. Nous ne devrions pas nous battre pour quelque chose que nous n’avons aucun pouvoir de changer. L’énergie utilisée pour de tels combats devrait viser à rendre l’occupation moins nocive.

Notre position diplomatique s’améliorerait également si moins d’Israéliens se blâmaient pour cette poursuite de l’occupation alors qu’Israël n’a pas le choix en la matière.

Sur le long terme, nous devrions faire tout ce que nous pouvons pour que les Palestiniens et le monde arabe soient plus disposés à abandonner leur détermination à nous détruire. Être plus gentil avec eux pourrait aider, même si ce n’est généralement pas une stratégie très efficace au Moyen-Orient. Il peut être plus utile de leur laisser voir que nous ne sommes pas déchirés par une division interne ou incapables de supporter le fardeau moral d’être des occupants, et leur laisser entendre plutôt que nous sommes aussi désireux qu’eux, de continuer à vivre indéfiniment avec le statu quo. Les États-Unis pourraient aider en remplaçant leur fausse «impartialité» par une stratégie visant à rétablir la vérité qui prouverait au monde arabe que les États-Unis ne les aideront pas à détruire Israël.

Beaucoup d’Israéliens affirment que nous devons trouver une solution à notre conflit avec les Palestiniens, et certains insistent sur le fait que c’est un problème qu’il est urgent de résoudre (« La Paix Maintenant »). Mais l’expérience des soixante premières années de l’existence d’Israël devrait nous apprendre que la patience paye et qu’elle nécessaire. Qu’est-ce qui nous oblige à proposer une quelconque solution, si l’autre partie est incapable de l’entendre?

Cela ne veut pas dire que le statu quo est sans dangers. Nous sommes forts mais aussi vulnérables et tout à fait capables de commettre des erreurs décisives. Mais l’empressement à régler notre conflit avec les Palestiniens ne nous donnera pas davantage de sécurité. Ni autre chose. Garder notre patrie ici exige que nous acceptions les dangers et les coûts humains de toutes sortes que cela entraîne.

{M. Singer, fondateur et membre senior de l’Institut Hudson, est un chercheur senior au Centre Begin-Sadat pour les études stratégiques à l’Université Bar-Ilan en Israël.

Docteur Max Singer Besa center – traduction JFORUM

 

 

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Calimero

Je ne suis pas d’accord ni avec Micah Goodman ni avec Ehud Barak. Evidemment Micah Goodman fait une analyse juste du point de vue de la conjoncture actuelle et de son approche du conflit, tel qu’il est défini par les médias et l’ONU. Par contre la position d’Ehud Barak est nulle et non avenu, on dirait que l’homme vit sur une autre planète et se trouve à mille lieux du conflit Israélo-Arabe.
Seulement ce que dit l’ONU et les médias sur le conflit Israélo-Arabe est inexact. D’abord en parlant des « frontières » entre Israël et les pays Arabes alentour. C’est faux, il ne s’agit juridiquement pas des « frontières », mais « d’Armistice ». Les Arabes en 1949 ont insisté eux-mêmes pour les appeler « ligne d’Armistice » et non pas « Frontière ». Donc appeler les territoires de Judée-Samarie comme « territoire occupé » par Israël est faux, car il n’y avait pas auparavant des frontières entre Israël et les pays Arabes.

Amram

moisejesus Jan 21, 2018 at 17 h 54 min
Tu est musulman et tu t’appelle Jésus qui est Juif!!!!! Israël rendra peut-être la Judée et la Samarie, mais dans 100 000 ans, après en verrat.

André

La Grande Bretagne a déjà offert aux arabes environ 80% de la Palestine à la Jordanie qui a en plus occupé la Judée/Samarie pendant 19 ans. Les arabes ont refusé un partage de ce qui restait de la Palestine. Malgré ce comportement, est il logique que les juifs acceptent tous ces grignotages de leur terre. Il faudrait maintenant pour régler ce problème, que tous les arabes dit palestiniens aillent en Jordanie afin qu’il y ait 2 pays indépendants et pas un pays arabe en plus.

DANY83270

si les « Arabes Palestiniens » demandent à Israël de leur céder des terres e Judée-Samarie (Cis-Jordanie) , cela signifie qu’ils reconnaissent que Israël en est le propriétaire !
C’est donc un aveu qui a une importance capitale en droit international lorsque le plaignant (Arabes palestiniens) reconnaît lui-même qu’il réclame quelque chose qui appartient à quelqu’un d’autre en utilisant le terrorisme comme moyen de pression pour parvenir à ses fins; CQFD

julie

Super ce texte !!! Il faudrait que TRUMP puisse l’entendre !!! et en prendre de la graine …. Son gendre y serait sûrement mieux disposé , c’est avec lui et l’ambassadeur qu’il faut discuter : IL EST URGENT d’ATTENDRE !!!
Et le jour où les palos auraient leur Etat, comment allez-vous les empêcher de venir en ISRAEL faire des attentats !!!! Aujourd’hui on dit que ce sont des résistants et le jour où ils auront leur ETAT on dira  » on ne peux rien faire , ce sont des loups solitaires «