Il faut noter que jamais il n’y a eu de rupture de continuité dans la présence juive en Terre d’Israël, malgré  les expulsions, les interdits, les difficultés et les dangers. Malgré la concurrence de plusieurs centres spirituels, la vie juive n’a jamais disparu des quatre villes dites « saintes » : Jérusalem, Safed, Tibériade et Hebron.

Dans tout ceci il n’y a pas de projet politique malgré la centralité d’Eretz Israël dans la vie juive, malgré l’espérance du retour, malgré la permanence du yishouv les communautés juives obligées de vivre en dehors d’Israël rêvent d’un Israël symboliquement présent lors des fêtes.

La présence juive se maintient sans interruption en Palestine. Elle est  plus ou moins forte numériquement au gré des dominations successives et des rapports souvent discriminatoires voire sanglants que celles-ci entretiennent avec les populations juives. Les tentatives de retour à Sion sont soit individuelles ou collectives, se réalisent jusqu’au XIXème siècle pour des motifs religieux (élans messianiques) ou du fait des persécutions antisémites auxquelles sont soumis les Juifs dans les pays d’accueil.

Les principales vagues de migrants ont été celles : de groupe des Karaïtes au IXème siècle à Jérusalem, ils y construisent leur propre synagogue et fondent à Tibériade leur propre école.

Puis il y a eu le juifs originaires de France, d’Espagne, d’Allemagne et d’Angleterre se produisent aux XIIème et XIIIème siècles après la victoire de Saladin sur les Croisés

Un savant espagnol, Rabbi Nahmanide arrive à Jérusalem en 1267 il attire de nombreux disciples venus de pays orientaux. Il reconstitue la vie juive. Un autre savant Rabbi Obadia Bertinero quitte avec d’autres l’Italie pour la Palestine en 1488.

A un niveau plus réaliste, le fameux commentateur de la Mishna, Obadia Bertinero note lors de son arrivée en Eretz (fin du XVème siècle) « Ah ! Une poignée d’hommes comme moi et nous pourrions conquérir la Palestine et y établir le Royaume juif ! »

Au début du XVIème siècle, de nombreux immigrants d’Espagne et du Portugal fuyant l’Inquisition s’installent en Palestine. A la même époque arrivent des immigrés des Etats du Pape, de Sicile, d’Italie et d’Allemagne touchés également par les persécutions et les décrets d expulsion.

Ils s’installent à Jérusalem et surtout à Safed qui devient au milieu du XVIème siècle le premier centre du judaïsme mondial. Plusieurs faux messies se révèlent au cours des siècles et rencontrent toujours un écho auprès des populations juives. Ainsi Sabbatai Zvi connaît un grand chiffre : on compterait 80 navires appareillés à Amsterdam et le départ de 400 familles de Francfort.

L’ampleur de cet élan messianique permet à Juda Hassid et Haïm Malak d’entraîner en 1700 une alya d’environ 1500 immigrants. On estime à la fin du XVIème siècle, entre 20000 à 30000 juifs qui vivent en Palestine.

A la fin du XVIIIème siècle, le hassidisme, mouvement de piété intense et de profond mysticisme, met l’accent sur l’importance de l’immigration en terre d’Israël et entraîne de nombreux départs.

Tantôt les mobiles sont culturels (politiques et culturel) Il s’agit pour Yechiel ou Nahmanide de maintenir le yishouv, de consolider en Eretz la communauté concrète des juifs afin que la solidarité entre Eretz et Israël reste incarnée dans le réel.

Tantôt les causes sont nettement politiques mais dans cette perspective juive d’une politique messianique qui ne fait qu’une avec l’objectif spirituel, cest le cas de Sabbatai Zvi qui n’est pas le seul rêveur du Royaume messianique, en Eretz.

Les immigrants sont originaires de Pologne et de Russie. Les  groupes arrivent en 1764 et s’installent à Jérusalem, à Tibériade et en Galilée. Un groupe de hassidim disciples du  Gaon de Vilna s’établissent à Jérusalem. A la même époque de nombreux juifs d’Afrique du nord arrivent en Palestine.

Les conditions de vie sont misérables, les ponctions fiscales sont de plus en plus lourdes. Les communautés sont soutenues matériellement par une offrande obligatoire recueillie en diaspora, la Halouka, tandis que des émissaires de Terre Sainte viennent régulièrement collecter pour Eretz Israël.

L’idée d’un retour massif des juifs en terre d’Israël (Eretz Israël) apparaît au XIXe siècle, dans la foulée de la Révolution française, en concomitance avec la montée des nationalismes et la laïcisation des esprits.

Le 24 avril 1799, après sa victoire sur les Turcs au mont Thabor, pendant la campagne d’Égypte, le général Napoléon Bonaparte rédige ainsi, de Jérusalem, une Proclamation à la nation juive, aux héritiers légitimes de la Palestine : «Israélites, nation unique que les conquêtes et la tyrannie ont pu pendant des milliers d’années priver de leur terre ancestrale, mais ni de leur nom ni de leur existence nationale… Levez-vous… Vous avez le droit à une existence politique en tant que nation parmi les autres nations» !

Une première ferme juive est créée en Palestine par des immigrants, en 1810, sur le mont Deron. Le baron Salomon Mayer de Rotschild ainsi que des rabbins commencent bientôt à s’intéresser à la mise en valeur agricole de la Palestine.

Par son étymologie, le sionisme rappelle l’ancienneté des liens indissociables qui unissent le Peuple d’Israël, la Torah et la Terre d’Israël. Mais son suffixe isme  le rattache au mouvement européen des nationalités qui s’est affirmé au XIXème siècle. Le sionisme, s’il repose sur des aspirations millénaires, n’est devenu un mouvement politique nouveau qu’à l’extrême fin du dix neuvième siècle.

Un terme nouveau pour une réalité ancienne. Le mot sionisme est récent : il apparaît semble-t-il pour la première fois en 1892, sous la plume du journaliste autrichien Nathan Birnbaum. Il  désigne à la fois une idéologie et un mouvement politique qui a pour but la renaissance et l’indépendance des juifs en Terre d’Israël, leur patrie d’origine.

De toutes les réponses juives face à la modernité, le sionisme seul  a survécu. Ainsi le socialisme universaliste a sombré et l’autonomisme du Bund a été balayé par la Shoah.

 

Le sionisme politique est apparu né au XIXème siècle en réponse à l’essor des mouvements antisémites européens et aux pogroms de Russie de 1881, au 1er congrès antisémite international organisé en 1882 et à l’affaire Dreyfus en France et aux défis de la modernité. La rupture ne s’est pas faite d’un coup mais après les pogroms de 1882.

Les précurseurs du sionisme, qui ébauchent le projet sans toutefois parvenir à le nommer ni à lui donner une véritable suite concrète, viennent d’horizons très différents.
Moses Hess (1812-1875) est un laïc, d’abord théoricien du socialisme allemand. Une des premières manifestations nationalistes est la rédaction du livre Rome et Jérusalem, par Moses Hess en 1862: impressionné par le succès de l’unité italienne, l’auteur, par ailleurs proche de Karl Marx, y appelle à la création d’un État juif.

Dans  Rome et Jérusalem  publié en 1862 il prône la renaissance d’un Etat juif « aux principes mosaïques »c’est-à-dire socialiste et s’inspire de l’exemple du Risorgimento italien (d’où le titre de son livre).

Les juifs émancipés vont fournir l’édifice idéologique du sionisme politique alors que les juifs d’Europe orientale apportent la mystique et constituent les troupes les plus nombreuses et les plus  sûres du mouvement national

Les rabbins Hirsch Kalischer (1795-1875) né en Pologne, rabbin à Thorn en Prusse orientale ou Yehuda Alkalai (1798-1878) font eux appel à une interprétation volontariste de la tradition religieuse juive : l’homme ne saurait attendre passivement la venue du Messie, il doit y participer par la pratique des commandements, les mitsvot, en particulier celle de shivat haaretz, le « retour vers la Terre » d’Israël.

Le Rabbin Abraham Kalisher publie l’avertissement suivant à tout Juif qui envisage d’émigrer en Palestine : « un très grand nombre de changements, d’expériences, de coups du sort attendent tout individu qui arrive dans ce pays. »

Les ouvrages de ces différents auteurs, publiés dans les années 1860-1870, ne soulèvent guère d’échos de cercles très réduits d’admirateurs ou de contempteurs.

En 1865, Jérusalem compte alors dix huit mille habitants, juifs pour plus de la moitié. Pour la première fois, en dix huit siècles, ils constituent le groupe dominant de leur ancienne capitale. La plupart d’entre eux sont d’une très grande pauvreté. La communauté juive dépend pour sa survie des fonds collectés auprès des juifs de la diaspora et répartis selon le système complexe de la halouka, du partage.

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Elle est liée aussi aux généreuses contributions des philanthropes juifs, dont l’un des plus connus, Sir Moses Montefiore, joue un rôle de premier rang dans l’expansion de la Jérusalem juive au-delà des murailles de la Vieille Ville dans la Jérusalem-est.

Moïse Montefiore, au cours de ses sept voyages en Palestine, va tout tenter pour établir en Palestine des écoles, des oeuvres charitables, des entreprises agricoles. Dans son Journal, il indique qu’une épidémie de peste touche la Ville Sainte en 1839, il préfère alors ne pas y pénétrer. Les philanthropes juifs d’Europe occidentale vont chercher à améliorer les conditions de vie et à moderniser le vieux yishouv.

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The Mount of Olives and Garden of Gethsemane

Sir Moses Montefiore crée de nouveaux quartiers salubres, de nouvelles activités pour les juifs en dehors des murailles de la vieille ville de Jérusalem. Les grandes puissances (Angleterre) vont s’intéresser au sort des communautés juives. En 1870, Charles Netter va ouvrir une école agricole, grâce à l’Alliance Israélite Universelle, Mikvé Israel, qui est la première école professionnelle du pays. (A suivre)

Adaptation par JG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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CHARLES

Bonjour,
J’aimerais bien savoir pourquoi vous oublier dans votre article vous enlever la fameuse et la meilleure des immigrations d’une très gd importance de la moitié du dix neuvième siècle l’immigration Maghrébine organisé par le gd Rabbin David ben Simon zal dit Tsouf dvass ,suivit de l’immigration des Istanbulims et qui ont peuplé et construit des quartiers en vieille ville et en nouvelle ville .un gd dommage!!!