Une chronique d’Eric de Beukelaer,chroniqueur.
L’écrasante majorité des musulmans de Belgique condamnent le terrorisme. Approuvent-ils, pour autant, le pluralisme ?
L’islam est-il acquis à la distinction entre religion et Etat – un des socles de la démocratie ?
Les critiques objectent que la foi musulmane a dans ses gènes, d’établir une société régie par la charia. « Tu verras
Charité bien ordonnée… Pour répondre à cette inquiétude, étudions le catholicisme. En 1864, le pape Pie IX promulgue le « Syllabus ». Il y condamne la démocratie, la liberté de religion et la séparation entre Eglise et Etat. Le raisonnement était limpide : le catholicisme est la vraie religion et il est dans l’intérêt de l’homme de découvrir la vérité. Dès lors, dans un Etat à majorité catholique, le catholicisme doit être la religion d’Etat.
Les autres convictions seront tolérées, à condition de ne pas chercher à se propager. Une position théologique, somme toute, assez comparable à celle défendue, de nos jours, par les régimes islamistes.
En 1965, Paul VI signe « Dignitatis humanae », la déclaration du Concile Vatican II sur la liberté religieuse. Les temps ont changé. Le message aussi : « Ce Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. » (n°2). Pareille évolution est le fruit d’une prise de conscience théologique, que quatorze siècles de religion d’Etat avaient fait perdre de vue : une vérité spirituelle ne peut être accueillie que librement. Légitimement, la religion se veut une boussole. Cependant, cette boussole perd le Nord sous l’emprise de la contrainte. Dans l’espace public, chaque citoyen doit donc jouir d’une totale liberté de conscience, afin de pouvoir chercher – avec authenticité – la vérité spirituelle qui donnera sens à sa vie. Toute alliance entre le sabre et le goupillon dévoie la politique et pervertit la religion.
Un travail théologique réconcilia catholicisme et démocratie. La question du jour est de savoir où la pensée musulmane se situe sur pareil chemin. Soit le théologien musulman considère que les prescrits du Coran et les enseignements du Prophète sont la constitution qui doit régir toute société où la foi musulmane est majoritaire. Dans ce cas, nous retrouvons une vision comparable à celle du « Syllabus » de Pie IX, avec l’alliance du sabre et du croissant. C’est ce que l’on nomme le courant islamiste. Soit le théologien musulman considère que le Coran – comme parole de Dieu – est la source première d’où découlent les principes dont vivent les croyants de « l’oumma », mais que ceci ne dispense pas de respecter l’autonomie de l’espace politique – où dominent liberté de conscience et raison. Alors, l’Islam se marie à la démocratie avec autant de bonheur que le christianisme.
Il s’agit donc de soutenir ces compatriotes musulmans qui appellent à la poursuite résolue d’un tel travail théologique : « Musulmans de Belgique, d’Europe, quelles que soient nos origines, nous sommes face à nos responsabilités. […] Nous devons surtout passer au-delà des interdits, des tabous, des impensables et des impensés qui nous sont imposés au nom d’une tradition de quatorze siècles, aujourd’hui profondément défigurée par ceux qui prétendent parler en son nom et au nom de tous. Nous appelons donc l’EMB et ses organisations partenaires à lancer ce chantier urgent, qui viendra, en son temps nourrir la formation des imams en Belgique qui se profile à l’horizon. Le défi est de taille, mais #OnEstLà avec beaucoup d’autres pour rebondir et penser l’islam dont nous avons besoin : ouvert, progressiste, spirituel et sources d’inspiration. »
(Michaël Privot et Radouane Attiya, islamologues belges, Appel du 25 mars 2016).
NDLR : Cet homme parle comme un livre. Maïmonide disait des lettrés qui n’avaient pas de discernement que ce sont des ânes qui portent des livres.
Si ce brave homme pourrait avoir raison sur les principes, il oublie quelque chose de fondamental, c’est qu’il n’y a ni Pape ni Concile en Islam. Et surtout qu’il y a plusieurs islams qui s’entretuent à cause de leur vision différente les uns des autres sur la légitimité des sources de cette religion mais toutes aussi intolérantes les unes que les autres sur leur interprétation.
Pour que l’Islam ne soit pas mise au ban des Nations dites civilisées, il lui faudra clarifier ses positions, et ce n’est pas quelques musulmans égarés en Belgique ou en France, qui seront en capacité à mener non pas cette réforme, mais cette révolution, qui pourrait à terme mener à l’effondrement de cette religion qui ne s’est maintenue que par le sabre.
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