« Islamo-gauchiste », « haine des juifs » : pourquoi des députés de gauche ont quitté les bancs de l’Assemblée.

Interrogé mardi sur l’antisémitisme, le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, a pointé du doigt « l’extrême gauche » et une récente proposition de résolution polémique sur Israël, provoquant des réactions outrées des députés de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) et leur départ des bancs de l’hémicycle.

C’était la dernière séance. Ce mardi, les ultimes questions au gouvernement avant la trêve parlementaire estivale ont vu une grande partie des députés de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) quitter l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Retour sur cet épisode, en cinq actes, qui a débuté par une question posée par Meyer Habib à la Première ministre, Élisabeth Borne.

1. Meyer Habib contre les « islamo gauchistes de cet hémicycle »

En cause ? Une question posée à la Première ministre par le député Meyer Habib (membre apparenté du groupe Les Républicains) relative à l’attentat de la rue des Rosiers à Paris, le 9 août 1982. Dans sa prise de parole, l’élu des Français de l’étranger a estimé que quarante ans plus tard, « le nouvel antisémitisme est toujours présent en France, notamment à la gauche de cet hémicycle, avec les islamo-gauchistes et cette résolution immonde de 37 députés Nupes qui, eux au moins, sont clairs dans leur haine des juifs et d’Israël ». « Ils ont troqué le bleu ouvrier contre le vert islamiste, la faucille et le marteau contre la charia », a ajouté Meyer Habib, citant l’appel de Michel Onfray publié dans le JDD.

Meyer Habib parle en fait de la proposition de résolution (lire ici ) déposée mi-juillet par le député communiste Jean-Paul Lecoq et signée par une trentaine de députés de la Nupes. Le texte accusait Israël d’institutionnaliser « un régime d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien ». L’élu socialiste Jérôme Guedj avait dénoncé cette résolution qui « transpire la détestation d’Israël » et affirmé qu’elle « n’engageait pas » le PS.

2. Le ministre Éric Dupond-Moretti et son « petit mot pour l’extrême gauche »

Dans sa réponse à Meyer Habib, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a tenu à avoir « un petit mot pour l’extrême gauche » : « Corbyn, l’apartheid, les mots que vous avez choisi pour commenter le discours du président de la République. Ils vous collent à la peau ». Au même moment, plusieurs députés de La France insoumise quittaient l’hémicycle, suivis d’une grande partie des élus de la Nupes. Avant de revenir une dizaine de minutes plus tard.

3. Le socialiste Boris Vallaud répond aux accusations

Dans la foulée, le président du groupe socialiste, Boris Vallaud, a pris la parole pour réagir aux accusations. « Je voudrais dire en solennité et en gravité que dans cet hémicycle comme partout en France, l’antisémitisme n’est pas une opinion, c’est un délit qu’il faut combattre sans relâche », a alors déclaré l’élu, jugeant « malvenu de décerner des brevets » car « ce combat doit être celui de tous les démocrates ». A l’intention de la Première ministre, Boris Vallaud a ajouté que cette dernière aurait « toujours à [ses] côtés celles et ceux qui ont en détestation la haine et l’antisémitisme ». 

Vous défendez comme nous la lutte contre l’antisémitisme mais ce n’est pas le cas de tout le monde sur ces bancs ! 

4. La Première ministre exclut les Insoumis du champ des « républicains »

En guise de réponse, Élisabeth Borne a affirmé que « personne n’a mis en doute la position des groupes socialiste, communiste et écologiste », excluant de fait, et sans le nommer, celui de La France insoumise. Avant de poursuivre : « Nous savons que vous êtes des républicains et que vous défendez comme nous la lutte contre l’antisémitisme mais ce n’est pas le cas de tout le monde sur ces bancs ! »

Comme le règlement le lui permet, le socialiste Boris Vallaud a repris la parole pour demander « une union sacrée dans cet hémicycle, sur tous les bancs, contre ce fléau absolu ». 

5. Sandrine Rousseau défend LFI, Aymeric Caron demande des excuses

Dans leur prise de parole suivante, plusieurs députés de gauche ont profité de leur question pour revenir sur cet épisode. A l’image de l’écologiste Sandrine Rousseau pour qui il est « indigne de qualifier les députés LFI d’antisémites ». « L’antisémitisme se règle dans les tribunaux et sa banalisation contribue à sa diffusion », a-t-elle ajouté.

De son côté, Aymeric Caron (REV, LFI) a « exigé des excuses » de la part d’Élisabeth Borne : « Vous instrumentalisez une résolution à l’initiative de nos camarades communistes exclusivement contre La France insoumise, c’est particulièrement scandaleux et sordide. »

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Jean-Jacques Amerein

Article de Guillaume Erner dans Charlie hebdo du 3 août 2022 :

POUTINE ET LES JUIFS

« Rien ne permet d’affirmer que Poutine est le nouvel Hitler.
« En revanche, tout suggère qu’il ressemble de plus en plus à Staline, notamment dans son traitement de la question juive.
« Voilà une conséquence supplémentaire de la guerre en Ukraine : avant, Poutine avait une politique israélienne ; maintenant, il a une politique juive, c’est-à-dire antijuive.
« Ainsi, la justice russe veut liquider la branche nationale de l’Agence juive (The New York Times, 21/7), qui assiste les Juifs qui veulent émigrer. Un cataclysme : jusqu’ici Poutine était un fidèle de l’Etat hébreux, il vivait une vraie romance avec l’ancien Premier ministre Benyamin Netanyahou, qui a, pour sa part, toujours cultivé l’amitié des dictateurs. Une entente cordiale, notamment sur le dos des Syriens.
« Mais avec l’invasion de l’Ukraine, tout a changé. Le grand rabbin de Moscou s’est réfugié en Israël pour ne pas avoir à cautionner la guerre, impardonnable faute de goût. Il resterait presque 200 000 Juifs en Russie.
Comme beaucoup de Russes, ils veulent fuir, mais eux ont la possibilité de le faire en Israël.
« Les en empêcher est une manière de signifier au pays qu’il est sous cloche, que les émigrants sont des déserteurs. Mais c’est aussi une manière de réactiver la thématique stalinienne des Juifs sionistes traîtres à la mère patrie.
« Un vieux classique soviétique (et universel) : lorsque les choses vont mal, il n’est jamais inutile de s’en prendre aux Juifs. Pour Poutine, comme pour Staline (et pour quantité d’autres dirigeants), le problème juif est la solution. »

Vont-ils rééditer bientôt les Protocoles !!! ?

galil308

Bravo, enfin, merci à Meyer Habib et Eric Dupont-Moretti, il reste néanmoins à Macron et Borne à légiférer enfin sur l’antisionisme et l’antisémitisme, comme seul et même crime contre l’humanité…

Ce crime des signataires nupes doit être jugé et frapper d’indignité nationale et inéligibilité à vie ces individus semant des germes comparables à l’incitation de la « solution finale ».

Leroidavid

Le discours de Meyer Habib était excellent, car il a aussi dénoncé l’abjecte duplicité de Macron et Borne, qui font voter les résolutions antisémites de l’ONU !

Donc il n’y a pas que la Nupes qui est antisémite…

Pierre

La nupes s’est affirmée antisioniste dès son entrée à l’assemblée. Dénoncer l’apartheid que serait l’état d’Israel était une priorité malgré les problèmes de pouvoir d’achat, d’insécurité, de réchauffement climatique, d’accès à l’énergie… et pas de condamnation de la Chine, de la Russie, de l’Iran, de l’Algerie, de l’Afghanistan, de la libye, de la Syrie, du Venezuela… La nupes comprend des membres du ps, pc, verts et lfi. Leur point commun, la haine d’Israel. A moins que des raisons électoralistes ne se cachent derrière cette haine d’Israel. Quoi qu’il en soit, la nupes donne la nausée.