Le pays entier en rêvait, les Bleus ne l’ont malheureusement pas fait. L’espoir de toute une nation s’est évaporé en moins de deux heures et l’équipe de Deschamps a échoué à conjurer le sort qui semble s’abattre sur la France comme une fatalité.

L’enchantement et la joie véhiculés par chacune des victoires des Bleus depuis le début de l’Euro étaient presque parvenues à occulter les événements tragiques de novembre dernier, la crise économique, l’impopularité croissante du président et la crise de confiance envers l’Europe après le Brexit.

Mais peut-être cet enchantement ne devait-il durer qu’un temps pour que l’effet de diversion ne perdure pas et que les politiques cessent de se reposer sur le sport pour créer une unité de circonstances.

Certes, la victoire des Bleus aurait redonné du baume au cœur à un pays meurtri et en crise de confiance envers ses dirigeants mais pour combien de temps?

L’espoir misé sur l’équipe de France a agi comme une catharsis sociale mais celle-ci n’avait pas vocation à perdurer tant l’ampleur des défis politiques est grande.

L’échéance électorale de 2017 approche à grands pas et les récents sondages font état d’un manque de confiance croissant envers les candidats présupposés, rendant quasi-impossible tout pronostic qui ne profite pas au Front national.

Plus de huit personnes interrogées sur dix (82%) ne veulent pas d’une candidature du président Hollande et sept sur dix (71%) ne souhaitent pas celle de Sarkozy, selon un sondage publié jeudi par Le Parisien tandis qu’une autre enquête fait état de l’effondrement des cotes d’Alain Juppé et Emmanuel Macron (sondage Odoxa).

En revanche, plus de trois Français sur dix souhaitent une candidature de Marine Le Pen (38%), une constante qui semble s’installer dans la durée et que les Bleus ne sont pas parvenus à endiguer, malgré le sursis qu’ils ont accordé pendant un mois aux politiques et les propos insultants de la présidente du FN qui avait adressé ses félicitations aux « tirailleurs sénégalais » (en référence au corps de militaires de l’Armée coloniale) après la victoire contre l’Allemagne.

Le réveil est donc amer pour la France au lendemain de la défaite face au Portugal mais celle-ci doit agir comme un électrochoc pour ses dirigeants qui devrait prendre exemple sur l’équipe de France et faire émerger de nouveaux talents, comme le Petit Prince Griezmann et redonner de l’espoir à la génération Pogba.

Par Marion Bernard

Marion Bernard est journaliste, rédactrice en chef du site internet en français d’i24news.