Enola Gay

6 août 1945,vers 2h du matin, le B-29 Super Fortress « Enola Gay » décolle du terrain de North Field, à Tinian, dans les Iles Mariannes et prend le cap du Japon, en formation avec deux autres B-29.

Aux commandes d’Enola Gay, le Colonel Paul W. Tibbets Jr, commandant du 509th Composite Group, une unité spéciale qui sera le précurseur des Forces Aériennes Stratégiques américaines. Le Colonel Tibbets a nommé son avion, qu’il a personnellement choisi sur les chaines de production, du nom de sa mère, Enola Gay Tibbets. L’avion transporte la première bombe atomique opérationnelle de l’histoire, appelée Little Boy.
Atomic_cloud_over_HiroshimaA 8:15 et à une altitude de presque 10 000 mètres, Enola Gay largue Little Boy au-dessus d’Hiroshima. La bombe tombe pendant 44 secondes et, arrivée à l’altitude de 600 mètres, ses capteurs barométriques déclenchent la détonation nucléaire par fission d’Uranium 235.

L’éclair de l’explosion est en lui-même un danger. La luminosité d’une intensité plusieurs centaines de fois supérieure à celle du soleil brûle définitivement les yeux de toute personne qui regardait dans la direction de la bombe. Le blast, ou souffle, de l’explosion, suivi d’une boule de feu de plusieurs milliers de degrés, ravage instantanément la ville sur un rayon de presque 2 km autour du centre de l’explosion et seuls quelques rares bâtiments ne s’effondrent pas.

Les êtres vivants sont volatilisés. Le vide d’air créé par le blast est ensuite tout aussi violemment comblé dans un véritable ouragan qui ravage les quelques bâtiments qui ont résisté au choc initial. Des incendies se déclenchent partout sur une surface de 12 km2 autour de l’épicentre de l’explosion. Presque 80 000 personnes meurent en quelques secondes à Hiroshima et 70 000 autres sont blessées. Pour une force de 3 avions et un seule bombe, le résultat est sidérant de puissance.

article-2328834-19ECAB1D000005DC-516_634x500Aussi regrettable que l’utilisation d’une bombe nucléaire puisse être, il serait totalement faux, mensonger et d’une basse propagande que d’accuser les USA d’avoir voulu tester son nouveau jouet, de n’avoir aucun sentiment humain ou d’avoir voulu impressionner l’URSS.

Le troisième avion de la mission, qui n’avait pas de nom le 6 août, a ensuite été nommé « Necessary Evil » (Mal Nécessaire) ce qui illustre le dilemme moral jusqu’au sein des unités opérationnelles. Le bombardement atomique pouvait-il être évité et n’a t’il été qu’un caprice de puissance de ces satanés Yankees impérialistes?

Pour répondre à cette question, il faut remettre les choses en contexte. En 1945, les Japonais sont en guerre impérialiste depuis 1931, ils ont commis des ravages insoutenables en Chine, en Corée et dans tous le Sud-Est Asiatique.

Au plus fort de leur expansion, les Japonais s’approchent de la frontière indienne à l’Ouest, ont conquis la moitié du Pacifique à l’Est, lâchent des bombes sur le Nord de l’Australie au Sud et sont presque déjà à la frontière Russe au nord.

Le nombre de leurs victimes, que ce soit dans des massacres (Nankin, 1932), des réseaux d’esclavage sexuel pour militaires japonais ou des expérimentations bio-chimiques sur des chinois et prisonniers de guerre approche allègrement les 2 millions de personnes, parfois dans une cruauté indicible avec même des cas de cannibalisme sur des prisonniers de guerre par des officiers de haut rang.tumblr_meym3rs8H01rmv7bqo4_500 Le Japon est aux mains d’une caste militaire nationaliste extrême qui fait un mélange, savant mais contre nature et dévoyé, de la technologie et méthodes de combat moderne et du bushido, le code d’honneur du Samourai.

De façon très comparable, le Japon est à l’Asie ce que l’Allemagne Nazie est à l’Europe, à ceci près que les Japonais ne se rendent pas. Le culte de la mort dans l’honneur et une mentalité dépourvue de toutes les conventions occidentales sur la guerre, en font un ennemi terrible, cruel, irréductible et d’un acharnement qui dépasse toute mesure et tout entendement occidental. Les Japonais se suicident par milliers lorsque leur défaite est assurée mais uniquement après avoir fait le maximum de ravages dans une résistance affreusement acharnée.

Les troupes américaines ont déjà expérimenté cet acharnement sur toutes les îles qu’ils on péniblement reconquises mais lorsqu’ils abordent le territoire sacré du Japon, sur l’île d’Iwo Jima en février 1945, puis d’Okinawa en avril 1945, cet acharnement atteint son paroxysme. Truffées de pièges, de tranchées, de galeries secrètes, ces îles sont de véritables calvaires pour les US Marines malgré une écrasante supériorité en aviation, en matériel, en armes, en logistique et en effectifs.

Les combats sont atroces et se terminent souvent dans un corps à corps bestial, parfois avec des soldats japonais en train de brûler vifs sous l’effet des lances-flammes mais qui ne capitulent toujours pas.

okinC’est avec l’information de cet acharnement terrible et les informations selon lesquelles les Japonais ont embrigadé tout leur peuple dans une milice nationale chargée de participer aux combats sur le sol japonais que les stratèges américains en viennent à la conclusion effrayante qu’un débarquement américain au Japon et la victoire finale pourrait nécessiter jusqu’à 10 ans de combats affreux, 1 à 2 millions de morts parmi les troupes américaines et le double voir le triple dans la population japonaise.

Aussi étrange que ça puisse paraître, les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki sont motivés par la volonté de terminer la guerre et de sauvegarder des vies humaines. D’ailleurs, en termes de victimes, aucun des deux bombardements atomiques n’est le pire. Le 9 mars 1945, Tokyo est bombardé par 1700 tonnes de bombes incendiaires qui font 100 000 morts et ravagent 30 km2 dans l’agglomération de la ville.

Dernier point mais tout de même important, sur les 70 000 morts d’Hiroshima, près de 20 000 sont des soldats. Hiroshima est l’une des grandes villes du Sud de l’Archipel, elle contient un arsenal et est le centre de la défense militaire du Sud du Japon. Sa destruction, ainsi que celle des forces, installations et équipements qui y sont stationnés pour la défense du Japon, est tout à fait justifié dans l’hypothèse d’un débarquement américain venant du Sud, puisque les américains remontent vers le Japon par le Pacifique Sud.

BG PAUL W TIBBETS JR

Beaucoup s’offusquent que le Colonel Paul Tibbets n’ait jamais exprimé de remords pour sa mission et que les américains continuent de soutenir que les bombardements atomiques étaient justifiés mais une analyse plus complète et en contexte de la décision du Président Truman montre que cette décision était parfaitement justifiée, à la fois d’un point de vue stratégique pour assurer au plus vite la victoire américaine que d’un point de vue humain pour sauvegarder des vies et sauvegarder le Japon et sa culture. En ce bas monde, il faut parfois avoir recours à un « Necessary Evil » parce qu’il n’y a pas de solution optimale et que tout atermoiement faussement humaniste ne ferait que prolonger le calvaire et faire davantage de ravages.

Pug

Hiroshima, 6 août 1945

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