Intelligence israélienne : pas de boycott du monde démocratique ou arabo-musulman

 

Le 21 octobre 2018, le quotidien Haaretz a publié un article concernant la commercialisation, par Israël, des outils technologiques destinés à combattre le crime ou les opérations terroristes dans le monde. L’organisation BDS (Boycott Désinvestissement et Sanctions, qui appelle au boycott des produits en provenance d’Israël) ne serait sûrement pas ravie d’apprendre que de nombreux pays, démocratiques ou appartenant au monde arabo-musulman, en sont friands.

Herzliya Pituah (situé au nord de Tel-Aviv) est l’un des centres de l’industrie de la haute technologie israélienne. Le groupe NSO, y a développé « Pégasus », un système d’espionnage qui permet une surveillance quasi illimitée de la circulation des informations dans les téléphones portables. Il permet de savoir où ils se trouvent, d’en prendre le contrôle, de les écouter, d’enregistrer les conversations, de photographier les utilisateurs et ceux qui se trouvent à proximité, de lire  et d’écrire des SMS et des e-mails, de télécharger des applications et d’accéder aux appli­cations qui s’y trouvent, aux photos, aux agendas, ou aux contacts…

Le système (développé à l’origine dans un poulailler du Moshav de Beni Zion) a été acheté au prix de 130 millions d’euros, en 2014 (5 ans après sa mise au point). C’est Fransesco Partner, l’une des plus grandes sociétés d’investissement internationales spécialisées dans les technologies de pointe, qui en a fait l’acquisition (elle fait suite à la prise de contrôle des sociétés israéliennes Ex Libris et Dmatek). Un an plus tard, Fransesco Partner réalisait un bénéficie de 75 millions de dollars.

Herzliya Pituah accueille également la société Verint System qui a débuté son activité comme unité de renseignement de Comverse Technology (créée par l’homme d’affaires américano-israélien Jacob Kobi Alexander). Désormais, la société, dirigée par Dan Bodner, emploie 5200 personnes dans plusieurs pays (dont 1 000 au siège d’Herzliya Pituah). Elle a notamment développé des systèmes de reconnaissance faciale, à partir des photos publiées sur les comptes Face book. (Il faut se garder d’indiquer à BDS qu’elle a reçu des millions d’Euros d’aides de l’Union Européenne).

Rappelons que les systèmes de la société Verint ont permis de lutter contre les enlèvements au Mozambique et les braconnages au Botswana. S’agissant du Nigéria, les systèmes israéliens de Vernit ont permis de s’en prendre énergiquement à l’orga­nisation terroriste Boko Haram.

Evoquons enfin la société de renseignement Sigmabit du groupe Elbit qui commercialise des systèmes qui interceptent des informations qui transitent entre des appareils, au fur et à mesure de leur transmission. Le mécanisme physique est relativement simple : le système Circles peut être installé sur des drones, des véhicules de surveillance et même dans une valise portée par un agent sur le terrain.

Ainsi, et en quelques années, Israël est devenu le véritable centre de commercialisation des outils de surveillance et d’interception des communications (que l’on peut qualifier d’espionnage), fabriqué à Herzliya Pituah, et dont chaque pays est doté. La députée israélienne Tamar Zandberg (Meretz) s’en est d’ailleurs émue : elle a demandé en justice la suspension du permis d’exportation de la NSO. La Présidente de la Cour Suprême, Esther Hayut, le lui a refusé, compte tenu de l’importance de ce commerce pour l’économie israélienne. (Notons également que la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset indique ne pas être informée des exportations d’Israël concernant le domaine militaire et le renseignement).

Ainsi, l’enquête du Haaretz a révélé que les sociétés israéliennes ont vendu des logiciels d’espionnage et de collecte de renseignements à Bahreïn, à l’Indonésie, à l’Angola, au Mozambique, à la République dominicaine, à l’Azerbaïdjan, au Swaziland, au Botswana, au Bangladesh, au Salvador, au Panama et au Nicaragua. Elle a également confirmé les ventes antérieures de ces outils à la Malaisie, au Vietnam, au Mexique, en Ouzbékistan, au Kazakhstan, à l’Éthiopie, au Sud-Soudan, au Honduras, à Trinité-et-Tobago, au Pérou, en Colombie, en Ouganda, au Nigéria, en Équateur et, également, …aux Émirats arabes unis.

Théoriquement, l’exportation de ces outils de collecte d’informations doit être approuvée par l’Agence de contrôle des exportations de la défense (une unité du ministère de la Défense), afin de renforcer la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Pour ce qu’il en est de la formation à l’utilisation de ces outils, « l’unité 8200» (corps du renseignement des Forces armées israéliennes) est considérée comme une des meilleures de écoles de formation de cyber-espions. Or, il arrive que les militaires mettent leurs compétences au service d’entreprises privées (après leur passage dans l’armée). L’inconvénient résulte alors de ce que le matériel est parfois utilisé par les pays acheteurs pour s’en servir contre leurs propres ressortissants, et qu’il permet de violer la vie privée et l’intimité des citoyens.

Autrement dit, le matériel de surveillance est utilisé à des fins malveillantes : comme pour localiser et emprisonner des militants des droits de l’homme dans les pays totalitaires, voire persécuter les membres de la communauté homosexuelle (par exemple en Indonésie où les relations homos constituent des infractions pénales, ou encore en Azerbaïdjan). Il arrive également que ces outils servent à faire taire des personnes qui critiquent les gouvernements des pays dans lesquels ils vivent : au Nigéria, les produits israéliens de Circles Technologies ont été vendus en 2012 aux gouverneurs de Delta et de Bayelsa, qui l’ont utiliser pour surveiller le rival politique, son épouse et ses collaborateurs. En 2013, la société israélienne Elbit Systems a décroché un contrat nigérian de 40 millions de dollars pour un programme d’espionnage. En décembre 2017, Citizen Lab a annoncé que le logiciel espion PC 360 avait été utilisé en Éthiopie contre des dissidents vivant aux États-Unis et en Grande-Bretagne…

De même, les systèmes NSO et Circles ont permis aux Émirats Arabes Unis de surveiller 159 membres de la famille royale qatarie, de hauts responsables du gouvernement et divers citoyens de ce pays… Le plus comique (eu égard au contexte) résulte de ce que le matériel israélien a également été utilisé, par des pays musulmans (qui n’entretiennent pas de relations diplomatiques avec Israël), pour monter des procès dans lesquels ils est reproché à leurs ressortissants, … des comportements hérétiques contre l’Islam.

Bien évidemment, la commercialisation des outils se fait dans la plus grande discrétion : après son rachat par le fonds d’actions américain Francisco Partners, la société NSO a été rebaptisée Q Cyber ​​Technologies, puis est devenue une filiale d’une société OSY Technologies, immatriculée au Luxembourg, puis d’une autre immatriculée dans les îles Vierges britanniques et, enfin, dans les îles Caïman. Bien évidemment, le centre de contrôle de NSO se situe bien à Herzliya Pituah.

Les appels au boycott des produits israéliens dans le monde sont donc d’une parfaite hypocrisie : tous les pays sont dépendants de la technologie israélienne.

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picotin

vont surtout boycotter des mangues , des dates et des avocats !!