L’éditeur Fayard a confirmé ce mercredi qu’il allait publier l’an prochain une réédition critique du livre d’Adolf Hitler, Mein Kampf, accompagnée de commentaires de chercheurs pour mettre en perspective et démonter les arguments de cette apologie de la violence et du racisme.

Mein Kampf [Mon Combat, ndlr], le pamphlet d’Adolf Hitler rédigé entre 1923 et 1924, base idéologique qui mena le IIIe Reich à la Solution finale, va être réédité. « Les éditions Fayard entendent mener à bien comme prévu la publication de Mein Kampf , qui tombe dans le domaine public en janvier 2016″, a indiqué l’éditeur dans un communiqué ce mercredi.

L’éditeur avait commencé à réfléchir dès 2011 sur la pertinence de publier cet ouvrage en français, quand il serait tombé dans le domaine public. « La publication de ce livre central dans l’histoire du XXe siècle sera accompagnée d’un appareil critique, établi par un comité scientifique d’historiens français et étrangers », a souligné le communiqué de Fayard.

 Aucune date précise n’a été donnée pour sa sortie. L’éditeur a promis de fournir en début d’année prochaine des détails sur le dispositif encadrant cette publication, « les partenaires associés à cette entreprise ainsi que sur l’institution destinataire des éventuels bénéfices ».

La vente de Mein Kampf est-elle légale?

La vente de Mein Kampf peut paraître scandaleuse, elle n’est pas pour autant illicite. Elle est autorisée en France depuis une décision de la Cour d’appel de Paris, en 1979. Depuis, l’ouvrage, vendu par les Nouvelles éditions latines [la maison d’édition qui a acheté les droits en 1934, « proche de la droite nationaliste française et condamnées pour collaboration à la Libération », ndlr] a été classé dans la catégorie « ouvrage historique ». D’une traduction médiocre, cette édition a été vendue à 2 500 exemplaires en 2015, selon les estimations de l’institut GfK.

Sa publication et toutes celles à venir, doivent se soumettre à certaines conditions. D’abord, le livre doit être vendu dans sa version d’origine en français. Ensuite, le livre doit être accompagné d’un texte de huit pages en tête d’ouvrage mettant en garde le lecteur sur le caractère haineux et raciste des propos tenus et rappelant les crimes du régime hitlérien.

Interdit de vente en Allemagne et aux Pays-Bas

Reste que le débat sur la commercialisation du livre d’Adolf Hitler reste largement ouvert. Certains arguent que Mein Kampf fait l’apologie du meurtre (de masse) et que l’ouvrage ne peut donc pas se cacher derrière le principe de liberté d’expression, d’autres en appellent au devoir de mémoire à la nécessité d’étudier et de comprendre, de ne pas oublier l’Histoire, pour ne pas la revivre.

Le livre d’Hitler, qui compte environ 800 pages, est également disponible sur internet sans aucun appareil critique. Malgré les réserves du Land de Bavière, propriétaire des droits du livre jusqu’au 31 décembre 2015, une édition critique de Mein Kampf est également attendue en Allemagne le 1er janvier prochain.

Ce sera la première édition en allemand depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. L’original de Mein Kampf a été publié en 1925 en Allemagne où une version complétée est parue l’année suivante. Le livre y demeure pour l’instant interdit de commercialisation, comme aux Pays-Bas.

l’express.fr

La diffusion de Mein Kampf dans le monde arabe

La diffusion de « Mein Kampf » dans le monde arabe n’est pas nouvelle. Elle remonte à 1934 lorsque le Mufti Amin Al-Husseini en a fait publier des extraits dans un journal irakien. Après la guerre, un proche collaborateur de Goebbels, Von Leers – réfugié comme d’autres anciens nazis de haut rang en Egypte et en Syrie, où ils occupèrent des fonctions officielles – publie au Caire une version de Mein Kampf. Réédité plusieurs fois depuis, l’ouvrage est accessible en librairie ou sur les trottoirs, d’un bout à l’autre du monde arabo-musulman, au même titre qu’une autre pièce maîtresse de la propagande antisémite du Troisième Reich : « Les Protocoles des sages de Sion ». Ce brûlot dont Hitler écrivait : « le jour où il sera devenu le livre de chevet d’un peuple, le péril juif pourra être considéré comme conjuré » est toujours explicitement cité dans la Charte du mouvement islamiste palestinien Hamas (4).

A l’heure de l’internet où tout et n’importe quoi peut être diffusé, il serait vain de tenter d’interdire de tels ouvrages. Par ailleurs, concernant Mein Kampf, les droits qui, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, appartiennent au Land de Bavière (Allemagne), lequel veille, non sans difficultés, à l’interdiction de la diffusion du livre, tomberont dans le domaine public en 2015. Aussi serait-il sans doute plus réaliste d’envisager, comme le préconisent des historiens et juristes qui font autorité sur la question, des éditions critiques qui mettent en garde le lecteur de manière claire.

Eduquer les esprits : un besoin impérieux

Cela étant, des éditions ainsi conçues, ne seront pleinement efficaces dans le monde arabe et notamment dans un pays comme le Maroc que si elles sont accompagnées d’une politique éducative et culturelle véritablement placée sous le sceau de l’ouverture d’esprit, de la tolérance et du sens critique, et non pas seulement affichée dans des déclarations d’intention et dans le préambule de la Constitution marocaine. Que si la lecture raisonnée devient une priorité, de l’école primaire à l’université. Que si les programmes et manuels scolaires – contrairement à ce qui est le cas aujourd’hui – ne passent pas sous un silence assourdissant l’antisémitisme nazi et l’extermination des juifs d’Europe.

Et cela, au motif fallacieux que traiter de ces questions serait primo une légitimation de l’Etat d’Israël, et secundo accréditerait la Shoah, laquelle ferait encore, pour certains, l’objet de doutes sérieux quant à sa réalité historique. A ce type d’arguments, l’intellectuel palestinien Edward Saïd répondait : « Dire que nous devons prendre conscience de la réalité de l’Holocauste ne signifie aucunement accepter l’idée selon laquelle l’Holocauste excuse le sionisme du mal fait aux Palestiniens. Au contraire, reconnaître l’histoire de l’Holocauste et la folie du génocide contre le peuple juif nous rend plus crédibles pour ce qui est de notre propre histoire… »

N’est-ce pas à ces conditions, entre autres, que les libraires patentés et ceux qui exposent sur les trottoirs de Rabat et d’ailleurs pourront offrir au lecteur de quoi maintenir en éveil sa faculté de raisonner et nourrir son esprit sans risquer de l’empoisonner ?

A la fin du XVIIIème siècle, le peintre espagnol Goya – très critique à l’égard du système d’éducation, du fanatisme religieux et des superstitions – dessina une série de 80 gravures pour dénoncer les travers de la société dans laquelle il vivait. Au bas de l’une d’elles, représentant l’artiste lui-même en plein cauchemar, on lit cet avertissement : « le sommeil de la raison engendre des monstres ».

www.huffingtonpost

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Laurence

Pour une fois je suis d’accord avec mélenchon
Mein kampf ne doit pas etre réédité !!!