Imam de Bordeaux: ses mots trahissent sa pensée

Si par nature un antisémite est un ignorant de la chose juive, dans certains cas il est aussi ignorant de ses propres bases religieuses ou idéologiques.

Texte de l’imam de Bordeaux

L’agression antisémite qui vient de se produire à Marseille n’est, hélas, pas la première. Les attaques contre les juifs ont commencé bien avant l’émergence de Daech. Cette organisation n’est qu’un alibi pour ceux qui s’en revendiquent, c’est un moyen pour eux de cracher leur haine contre la société.

Nous sommes face à un terrorisme libéralisé, qui se fait à coups de couteau, à travers des menaces, qui diffuse son idéologie en attendant que certains s’en saisissent et agissent sans attendre de directives précises d’un état-major. Face à ce phénomène, je suis inquiet à double titre, en tant que citoyen français et en tant que musulman.

Les imams doivent éviter de confondre politique et théologie

D’un point de vue théologique, il faut rappeler que ces agressions sont antinomiques avec l’islam. Le Coran cite vingt-cinq prophètes, dont vingt sont juifs. S’en prendre à un juif parce qu’il est juif revient donc à s’en prendre à travers lui à Abraham, à Moïse, à Jésus, qui sont tous des prophètes du Coran.

Les jeunes habités par la haine ne connaissent pas le Coran, ils en ont une compréhension déformée par une idéologie qui se pare d’un vernis théologique trompeur pour justifier la violence et l’antisémitisme. Certes, l’exclusion (NDLR: de qui? des Français de toute confession habitent les banlieues, sont-ils tous des assassins ?) existe, et il faut la combattre, mais elle ne justifie en rien le racisme (NDLR, nous parlons d’antisémitisme, n’est-ce pas ?). Si aujourd’hui, l’organisation Etat islamique recrute aussi aisément en France, c’est notamment parce que nous sommes passés subrepticement de l’antisionisme à l’antisémitisme (NDLR : Cet imam n’a lui aussi pas comprit que l’antisionisme, c’est simplement de l’antisémitisme) . Le conflit politique est devenu un conflit théologique (NDLR, le conflit n’a jamais été politique, il a toujours été théologique. C’est à la demande expresse des monarchies du Golf et de l’Arabie saoudite en particulier qu’aucune paix n’était envisageable avec Israël, et cela pour des raisons purement théologiques).

Circonstances historiques

Ce passage a été préparé par une concurrence des revendications, par ce qui est vécu par certains Français musulmans comme une injustice. Le ministre de l’intérieur à leurs yeux ne condamnerait pas avec la même force les agressions dont sont victimes les musulmans (NDLR: de quelles agressions parle-t-il, de celles qui sont commises par les musulmans envers un grand nombre de victimes françaises et juives en particulier, ou de celles qui sont exceptionnelles de musulmans et pour lesquelles les Juifs sont totalement étrangers?) , les juifs seraient davantage écoutés.

Certains n’ont pas encore compris que l’histoire des juifs en France n’est pas comparable à celle des musulmans en France, ils n’ont pas compris non plus que cela justifie que les juifs soient davantage défendus. Les musulmans n’ont pas vécu cette histoire et ont parfois du mal à se l’approprier. Or, c’est un chapitre déterminant de l’histoire de notre pays, les Français musulmans doivent l’assumer.

C’est pourquoi les imams doivent faire attention à leurs discours. Ils doivent éviter de confondre politique et théologie. Il faut pratiquer ce que j’appelle la théologie préventive, c’est-à-dire faire attention à comment un texte peut être compris s’il n’est pas bien interprété, s’assurer qu’il soit en phase avec la société actuelle.

Ces passages coraniques n’ont pas de valeur absolue, il faut rester dans les limites des circonstances historiques de ces événements. Le Prophète dit lui-même que tout musulman qui tue un chrétien ou un juif vivant en paix avec les musulmans ne verra pas le paradis. On peut également lire dans le Coran que Dieu a choisi les enfants d’Israël (banû Israël) en connaissance de cause (Coran, chapitre 44, verset 32). Tout cela doit être rappelé.

Incidents relativement isolés

Pour en revenir à Marseille, il faut aussi dire que si ces agressions sont choquantes et condamnables, elles restent malgré tout des incidents relativement isolés. Nous ne sommes pas en guerre civile. La règle reste la cohabitation pacifique des communautés. Le problème de la radicalisation ne sera pas traité avec des déclarations ou des mesures sécuritaires. A part le traitement symptomatique sécuritaire, il faut plutôt rénover l’école, retrouver un projet commun, s’attaquer à la source du mal, l’inculture (NDLR: peut-être que la première des incultures puisque ces assassins se réclament de l’Islam, passe non par une révolution de l’école de la République laïque, mais de l’Islam et d’une réécriture du Coran avec un nouvel enseignement de l’Islam de paix, et non de haine et de guerre).

Il faut également que la diversité transparaisse au niveau médiatique et politique. Ce n’est pas normal qu’il y ait une population qui soit ainsi absente (NDLR: il trouve que l’on ne parle pas assez de Fofana, de Mérah, de Mehdi Nemmouche arrêté à Marseille, des frères Kouachi, d’Amedy Coulibaly, de Sid Ahmed Ghlam, de Yassin Salhi etc..etc..) il faut montrer davantage d’exemples de réussite. Les médias ne s’intéressent à elle que pour parler de délinquance et de terrorisme. Cette population doit être plus visible, elle doit pouvoir être représentée de manière positive.

On donne en ce moment l’impression que l’intégration ne fonctionne pas, ce qui n’est pas vrai. La caricature prédomine. L’homme musulman n’est jamais célébré. On met davantage en avant des femmes musulmanes qui réussissent. Ce qui est déjà une avancée. Toute cette logique doit être rééquilibrée pour être plus juste, car elle alimente le cercle infernal de l’exclusion, de la haine et de la violence. (NDLR : c’est à cause de cette violence, de cette inculture, que les juifs ont tous quitté les pays arabes, à quelques exceptions près qui confirment la règles). 

Tareq Oubrou est le recteur de la mosquée de Bordeaux. Un site Internet de l’organisation Etat islamique a récemment lancé des menaces à son encontre.

Marc-Olivier Bherer – Le Monde.fr

Moralité : L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. PASCAL, Pensées, – Soyons tout de même reconnaissants de la bonne volonté affichée.