Bientôt un mémorial de la Shoah à Lyon

Une souscription publique est lancée à l’initiative de trois associations pour l’érection d’un monument à la mémoire des six millions de victimes, place Carnot.

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Une souscription publique a été ouverte pour recueillir les dons.

Pierre Jacques/hemis.fr/AFP

Publié le 01/10 à 14h01

Après Drancy, Paris, et Toulouse qui a inauguré le sien en 2008, Lyon souhaite à son tour ériger un Mémorial pour les victimes de la  Shoah . Une souscription publique a été ouverte pour recueillir les dons « à partir de un euro », souligne Jean-Oliver Viout, président de l’Association pour l’édification du monument. Cet ancien magistrat, membre du Service d’Aide et de Veille Déontologique au  Conseil Supérieur de la Magistrature , était l’adjoint du procureur général Pierre Truche au procès pour crime contre l’humanité du SS Klaus Barbie à Lyon, en 1987.

Le sage a été sciemment choisi à l’extérieur de la communauté juive par les trois associations à l’initiative du projet (Association des fils et filles des déportés juifs de France, le CRIF et l’Union des Déportés d’Auschwitz Birkenau et des camps de Haute Silésie). Projet « universel, non communautaire », largement soutenu par la Ville de Lyon. Il embrasse les victimes de l’Holocauste de toutes origines de 1933 à 1945, ainsi que le dira l’inscription : « A la mémoire des 6 millions de victimes, dont 1,5 million d’enfants. 6.200 provenaient de notre région ».

Axe mémoriel

Un concours national sera lancé en janvier pour choisir un artiste. Le cahier des charges sera succinct afin de laisser libre cours à la création. « Mais le monument devra être d’une grandeur significative et évoquer symboliquement la Shoah pour interpeller le passant », dit Jean-Olivier Voit. Son emplacement est déjà réservé sur la place Carnot, face à la gare de Perrache d’où sont partis les convois de déportation .

Il sera visible du bout de la rue Victor-Hugo, répondant à la statue du Veilleur de Pierre à l’autre extrémité, symbole de la Résistance sur la place Bellecour. Et à la Borne de Verdun à quelques hectomètres de là, qui rappelle le sacrifice des poilus de 14-18. Le triptyque achèvera, selon  André Soulier, avocat pénaliste, président du Comité de Parrainage et ancien premier adjoint, de faire de la rue Victor Hugo « l’axe mémoriel de Lyon », ville où sévirent la milice de Paul Touvier et « le boucher » de la Gestapo, mais qui fut aussi la capitale de la Résistance.

L’Association pour l’édification du Mémorial, domiciliée au centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation où l’on peut lui adresser les chèques, espère collecter 150 à 200.000 euros. Un site internet sera ouvert prochainement pour recevoir les dons en ligne.

Léa Delpont (Correspondante à Lyon)

lesechos.fr

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Bonaparte

Une histoire banale parmi tant d’autres dans la région lyonnaise .

La dénonciation .

Les Enfants d’Izieu auraient été dénoncés par un français de Metz . Cependant, le procès de Klaus Barbie se termine sans que l’on connaisse, en définitive, le responsable .

Fritz Loebman, qui travaille, depuis septembre 1943 à la ferme de Lucien Bourdon à Brens, est de retour à la Maison d’Izieu, une semaine avant23 la rafle du 6 avril 1944 .

Lucien Bourdon est né en Lorraine en 1906, donc officiellement né en Allemagne. Il fréquente l’école allemande. Mais il ne veut pas s’engager dans la Wehrmacht. Avec son épouse, il décide de quitter la Lorraine et de s’installer dans une ferme à Izieu. Durant l’occupation, il est de notoriété publique en bons termes avec les Allemands qui avaient une garnison dans la ville voisine de Belley. Un jour Lucien Bourdon demande à Miron Zlatin, le mari de Sabine Zlatin, la directrice de la Maison d’Izieu, s’il y a un grand garçon pour l’aider à sa ferme. Les Zlatin désignent Fritz Loebmann, grand pour son âge de 15 ans, et qui possède une fausse carte d’identité, au nom de François Loban. Il est probable que Fritz Loebmann a laissé trainer une lettre dans la maison des Bourdon. Lucien Bourdon réalise que Fritz Loebmann et les autres Enfants d’Izieu sont Juifs. L’information passe à Klaus Barbie. Il ordonne la rafle. Lucien Bourdon renvoie Fritz Loebmann chez les Zlatin, au motif qu’en définitive, il n’a pas besoin de lui, n’étant pas en pleine saison. Une semaine plus tard, le 6 avril 1944, les Allemands arrivent à la Maison d’Izieu.

Lucien Bourdon accompagne la Gestapo et assiste aux arrestations . Sa présence est attestée par Julien Favet, s’identifiant comme domestique agricole lors du procès Barbie .

Le lendemain, le 7 avril 1944 , ou, selon les sources, le 8 avril 1944 ou encore la semaine suivante , en tous cas certainement peu après, Lucien Bourdon et son épouse retournent, avec l’aide des Allemands, en Lorraine .

Dans les derniers mois de la guerre, Lucien Bourdon devient garde dans le camp d’internés politiques à Sarrebruck22), en Sarre (Allemagne). Le 15 mars 1945, il est incorporé dans les rangs de la Wehrmacht, avant d’être arrêté par l’armée américaine, quinze jours plus tard. En juin 1945, il est rapatrié en France .

Lucien Bourdon est soupçonné d’avoir dénoncé les enfants d’lzieu. Il est à nouveau arrêté le 1er mars 1946 près de Metz et transféré à Lyon où il est inculpé de trahison. L’un des chefs d’inculpation est d’avoir entretenu des intelligences avec une puissance étrangère, l’Allemagne, ou avec ses agents, en vue de favoriser les entreprises de cette puissance contre la France. Faute de preuves suffisantes, l’accusation de dénonciation n’est pas retenue mais, le 13 juin 1947, la Cour de justice de Lyon le juge « coupable d’indignité nationale » et le condamne à la « dégradation nationale à vie » . Il est néanmoins immédiatement remis en liberté .

En 1987, lors du Procès Barbie, Lucien Bourdon est toujours en vie. Malgré une demande à comparaître, il est absent au procès .