Après avoir privilégié la diplomatie, l’administration Biden change de ton pour pousser Téhéran à renoncer à ses ambitions nucléaires.

Chantre de la diplomatie avec l’Iran, Joe Biden a pour l’heure échoué dans son pari de circonscrire les ambitions nucléaires de la République islamique par la voie pacifique. Alors que les discussions à Vienne pour trouver une solution négociée avec Téhéran marquent le pas, le président américain change de ton et se montre désormais menaçant à l’égard de l’Iran. « Au vu des avancées continues du programme nucléaire iranien, le président a demandé à son équipe de se préparer pour le cas où la diplomatie échouerait et que nous devrions nous tourner vers d’autres options, et cela demande des préparatifs », a indiqué jeudi la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki. « Si la diplomatie ne peut reprendre rapidement et si le programme nucléaire iranien continue d’accélérer, nous n’aurons pas d’autre choix que de prendre des mesures supplémentaires pour restreindre davantage les secteurs qui produisent des revenus pour l’Iran. » comprennez des sanctions supplémentaires.

Pour faire entendre raison à Téhéran, Joe Biden renoue avec une arme utilisée à foison par son prédécesseur Donald Trump contre la République islamique : les sanctions économiques. Une délégation américaine du secrétariat au Trésor doit se rendre cette semaine aux Émirats arabes unis dans le but de s’assurer de l’application par les banques et le secteur privé émirien des mesures punitives américaines. Des voyages similaires auront lieu au Japon et en Corée du Sud. Le levier économique a déjà montré une certaine efficacité avec la République islamique.

Limite des sanctions

Loin de faire reculer le régime de Téhéran sur son programme nucléaire controversé, les plus de 1 500 sanctions imposées par Donald Trump contre l’Iran de 2017 à 2020 l’ont au contraire poussé à reprendre ses activités d’enrichissement d’uranium les plus sensibles. Et si l’économie iranienne a été durement touchée, elle a toutefois été maintenue à flot grâce aux ventes de pétrole à la Chine, qui permettent à l’Iran d’écouler aujourd’hui près de 800 000 barils par jour. Le projet de budget du gouvernement iranien pour la nouvelle année table d’ailleurs sur une production quotidienne de 1,2 million de barils de pétrole malgré les sanctions américaines. Mais tout cela se fait au prix cher, l’inflation atteint des niveaux records, la jeunesse cherche à fuir le pays, et des manifestations plus violentes deviennent récurrentes.

Consciente des faiblesses de la pression économique contre Téhéran, l’administration Biden brandit désormais ouvertement la menace militaire pour empêcher la République islamique de se doter de la bombe nucléaire. Les États-Unis conservent une « gamme très robuste d’options militaires » contre l’Iran, a déclaré jeudi au Financial Times le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central de l’armée américaine (CENTCOM). « Malgré un retrait de leurs forces au Moyen-Orient, les États-Unis peuvent toujours frapper l’Iran si nécessaire », explique au Point l’ancien colonel des Marines Mark F. Cancian, désormais haut conseiller au Center for Strategic and International Studies. « Des bombardiers peuvent décoller des États-Unis, des navires dans l’océan Indien peuvent lancer des missiles Tomahawk de longue portée, et des avions tactiques stationnés dans la région peuvent mener leurs propres frappes. »

Différentes options militaires

Les différentes options militaires contre l’Iran auraient été présentées le 25 octobre dernier au conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, selon l’agence de presse Reuters.Mais la révélation de ces préparatifs, en pleines négociations sur le nucléaire à Vienne, vise avant tout à faire pression sur la partie iranienne afin de l’amener à assouplir ses positions. « Il semble extrêmement peu probable que les États-Unis lancent eux-mêmes une attaque, concède Mark Cancian. L’administration Biden souhaitera garder les options ouvertes pour la négociation, même si les Iraniens adoptent une ligne dure. »

Une intervention militaire des États-Unis contre les installations nucléaires iraniennes serait extrêmement difficile à justifier sur le plan intérieur. Elle provoquerait à n’en pas douter une riposte militaire de Téhéran contre les intérêts américains au Moyen-Orient et déclencherait un engrenage incontrôlable pouvant conduire à une guerre, ce que souhaite à tout prix éviter Joe Biden. « Tout l’effort de la politique étrangère des États-Unis est désormais centré sur l’arrêt des conflits sans fin et l’administration Biden n’a pas l’intention, pour le moment, de lancer une guerre au Moyen-Orient », analyse le chercheur Martin Quencez, directeur adjoint au think tank transatlantique German Marshall Fund. « Le président américain ne bénéficie pas du soutien politique pour mener une telle intervention, qui le placerait sur la même ligne que ses prédécesseurs alors qu’il souhaite marquer une rupture sur le plan militaire dans la région. »

Bombe nucléaire

L’Iran en est bien conscient et fait monter les enchères à Vienne en réclamant la levée de la totalité des sanctions américaines et la garantie qu’ils ne se retireront pas à nouveau d’un accord, comme Donald Trump l’a fait en mai 2018. En échange, Téhéran consentirait à réduire ses activités nucléaires les plus sensibles, conformément à l’ancien texte signé en 2015. Mais, là non plus, Joe Biden ne semble pas en mesure d’assumer le coût politique de ce qui serait vécu au Congrès – où il ne dispose que d’une infime majorité – comme une reddition américaine au diktat de Téhéran. Et pendant que les discussions s’enlisent, la République islamique poursuit tambour battant son programme atomique, s’approchant chaque jour davantage de la capacité à se doter d’une bombe, ce qu’elle dément.

Dans son combat contre un Iran nucléaire, Joe Biden est aidé de son plus proche allié dans la région : Israël. Estimant que ce scénario catastrophe pourrait mettre en danger son existence même, l’État hébreu, qui a déjà mené de nombreuses actions de sabotage contre le programme iranien, pousse depuis cet été les États-Unis à accepter l’idée d’une opération militaire contre la République islamique. À l’occasion de la visite à Washington jeudi dernier du ministre israélien de la Défense Benny Gantz, les deux pays ont discuté d’exercices conjoints visant à se préparer à cette éventualité.

Attaque d’Israël

« Au lieu de frapper seuls, les États-Unis pourraient plutôt autoriser ou même faciliter une frappe des Israéliens », estime l’ancien colonel des Marines Mark F. Cancian. « Ces derniers ont déjà montré par le passé qu’ils étaient prêts à franchir le pas, comme en témoignent leurs attaques contre les réacteurs nucléaires en Irak (1981) et en Syrie (2007). » Sauf qu’à la différence de ces deux pays, l’Iran a disséminé ses activités nucléaires sur plusieurs sites, dont certains (Natanz, Fordo) sont enterrés pour éviter d’être la cible de bombardements étrangers.

Pour perforer ces centrales d’enrichissement d’uranium, Israël aurait besoin de bombes massives anti-bunker guidées de dernière génération, que les États-Unis sont les seuls à posséder. « Même si Israël bombardait l’usine de Fordo, ce pour quoi elle ne dispose pas de la technologie nécessaire, alors il ne pourrait pas anéantir le savoir acquis par l’Iran en matière de nucléaire », pointe Hamzeh Safavi, professeur de sciences politiques et membre du conseil scientifique de l’université de Téhéran. « Si l’Iran ne cherche pas la bombe atomique et ne s’est pas lancé dans sa construction, assure le chercheur, il a en revanche accédé à la technologie nucléaire, qui ne disparaîtra pas avec des frappes. » Reste enfin pour l’État hébreu le risque de se retrouver, en cas d’intervention contre l’Iran, sous un barrage de tirs de missiles de précision en provenance de la République islamique et de ses alliés dans la région, Hezbollah libanais en tête. Un scénario qui ne serait pas pour déplaire aux franges les plus dures du régime iranien.

Le Point – JForum

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Yaacov

Tout le monde sait qu’aux Etats-Unis c’est Obama qui est au commande. Toute la litanie Biden n’est que de la poudre aux yeux et il ne fera rien au plan militaire. Il n’a pas de soutien politique serieux au Congres. Israel est pret a attaquer l’Iran et la question est de savoir si Biden donnera son feu vert et s’il est pret a soutenir malgre tout, toutes les actions militaires israeliennes. That is the question???

shimon ohayon

un maccabee qui parle c est bidonnant

Merci

Sadam Hussein aussi montrait ses muscles , Israël a détruit la centrale nucléaire ossirak et aussi celle des syriens construite avec le concours de Kim jong il , les iraniens savent que Israel est fort et réussira à vaporiser leur site maudit , surtout le plus important c’est de dégager les ordures mollahs du pouvoir à jamais….

Guidon

Tout ça, c’est du baratin. Il ne fera rien, son seul but est d’empêcher Israël de régler le problème et de permettre à l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire. On va voir si Benett va se laisser endormir par ce pourri et son maître qui se cache derrière lui.