De tous les échos de ce séjour de Binyamin Netanyahu dans trois capitales africaines (Entebbe, Nairobi et Kigali), il ressort qu’il y a reçu l’accueil d’un chef à la tête d’une grande puissance. Il s’est même, dit-on, approché de la fosse aux lions présidentielle d’Addis-Abeba, bien plus près que ne l’avait fait aucun autre dirigeant étranger avant lui. Ni Obama, ni Poutine n’ont pu l’égaler.

Ce positionnement singulier, ce respect et ces honneurs auxquels le chef de l’Etat Hébreu a eu droit ne surgissent pas sur une feuille vierge. Il les doit en particulier au lobbying régional du Président kenyan, Uhuru Muigai Kenyatta, venu lui présenter certaines requêtes des dirigeants de la Corne de l’Afrique, en février dernier à Jérusalem. Les échanges sécuritaires et commerciaux entre Israël et le Kenya sont fort anciens et, entre autres, ce sont des officiers israéliens qui ont formé une bonne partie des unités d’élite de ce pays, lesquelles sont à l’origine du recul constant des Shebaab, dans la Somalie proche, hors de Kismaayo et Mogadiscio.

reine-de-saba

On peut en dire au moins autant de l’Ethiopie, liée à Israël par une histoire multiséculaire, depuis la Reine de Saba et le roi Shlomo (Salomon), du temps du bâtisseur de Temple et de la conquête des terres lointaines vers les rives d’Hophir, avec les marines dites « phéniciennes » du Roi Hiram de Tyr. Le Rwanda est comme un « pays-frère » de  par la tragédie génocidaire qui est le berceau de son histoire contemporaine (post 1994), à l’instar de l’Etat Juif, né peu avant (ou après, pour l’Indépendance officielle) les douleurs de la Shoah…

 Quant au sud-Soudan, Israël a été l’un des premiers Etats à lui tendre les bras, le reconnaître contre le puissant voisin de Khartoum, l’esclavagiste et à lui fournir les armes pour se défendre. Mais, ce n’est pas tout et l’influence israélienne, peu à peu, s’étend, par les bienfaits du « téléphone africain » à d’autres pays, dont certains musulmans, comme le Tchad ou la CentrAfrique, encore dans le giron français, bâtissent pas à pas une démarche d’approche mutuelle…

Premier périple israélien depuis Itzhak Rabin, en 1994, Binyamin Netanyahu inaugure là l’ouverture d’un nouveau portail, où les incursions officieuses ont déjà été nombreuses, depuis ce regain d’échanges, contemporain du « processus de paix ». Celui-ci a marqué une étape importante du dégel de certaines relations tendues avec différents blocs de pays, dont les anciens pays de l’Est, du temps de l’ère communiste. Cela a aussi été le cas, de l’Asie Centrale (Azerbaidjan, par exemple) et de certains pays du Golfe, qui ont longtemps maintenu des communications discrètes, voire secrètes avec Israël, pour ne pas s’attirer les foudres de la vox populi, -comme c’est encore le cas en Egypte, où les relations à haut niveau n’empêchent pas la haine ordinaire de la rue-.

Rien de tout cela en Afrique, même si le vieux schéma de la contestation des « pays non-alignés » contre « l’ordre mondial établi » a longtemps volé à Israël la soudaine popularité qu’on lui découvre en terres africaines. Et pour revenir à ce concept de « non-alignés », le grand pays continental qui donne le meilleur exemple de coopération réussie dans tous les domaines avec Israël, depuis au moins 1992 : la sécurité, la technologie, l’agriculture, l’eau et l’innovation, c’est, bel et bien l’Inde, modèle enviable de développement. Les bonnes relations économiques et au-delà, autant avec la Chine (et le reste de l’Asie) que la Russie, ne peut que renforcer cette engouement et cette curiosité partagée.

Bien sûr que les Africains, plus que d’autres, ont un besoin pressant des technologies de développement que propose la « Sart-Up Nation ». Elles sont légendaires en ce qui concerne l’irrigation, la dessalinisation, les eaux usées, les maladies tropicales diverses, le savoir-faire face aux catastrophes, mais aussi les technologies de pointe dans tous les domaines, susceptibles de leur donner le coup d’accélérateur tant recherché.

Et, évidemment, la maîtrise israélienne des méthodes de lutte anti-terroriste devient indispensable à mesure que progressent des groupes exterminateurs comme Al Shabaab ou Boko Haram, la branche africaine de l’Etat Islamique. Ce besoin de faire face collectivement a déjà vu le jour depuis plusieurs mois, grâce au développement  d’un centre de renseignement régional, quelque part, sans doute en Erythrée ou ailleurs…

Mais, les vraies raisons de ce rapprochement prennent leurs sources dans ce qu’on a appelé les « Printemps Arabes », à tel point la Corne de l’Afrique est devenue une sorte de plaque tournante, la première à être en risque de déstabilisation si et quand l’Egypte, par exemple, mais aussi le Yémen tout proche en Mer d’Aden subissent les chocs des révoltes et des guerres intestines dans les Etat-faillis arabes. Si on remonte au cas du sud-Soudan chrétien, par exemple, il est en prise directe et en conflit avec Khartoum, depuis longtemps la capitale, anciennement d’Al Qaïda, ensuite des contacts entre cette multinationale et l’Iran chiite, le Hezbollah et tous les mouvements terroristes issus des divers filiales de Frères Musulmans. L’ensemble des pays d’Afrique de l’Est comme de l’Ouest (voir le contingent français au Mali ou au Cameroun, etc.) ressent très fortement et violemment les soubresauts de cette transformation chaotique du monde arabo-musulman. Il lui faut bâtir des digues à la fois sécuritaires et économiques s’il veut que ses frêles constructions, ou ses propres « Etats-Faillis » ne soient entraînés par le Tsunami qui vient.

Au-delà de ces entailles marquantes du terrorisme, comme des lames de machettes sur le corps sculpté de l’Afrique, on pourrait entrevoir l’intérêt de l’Europe et de pays très présents, à coopérer plus intensivement avec Israël dans ses « matières fortes », afin de consolider les démocraties naissantes du continent noir. Le centre commun d’inquiétude, actuellement, pourrait être la Libye, principalement, aux confluents des intérêts égyptiens, franco-italiens, mais aussi maghrébins (pays quant à eux très éloignés d’Israël, sauf, sans doute, historiquement, le Maroc).

Ce que l’on voit se dessiner, regroupant ces anciens non-alignés, c’est, peut-être un nouvel alignement avec Israël, capable de faire bloc, par la qualité de ses échanges, contre les tentatives d’isolement systématiques dans l’ensemble des arènes de l’ONU, telles que le conçoivent les parrains de Mahmoud Abbas : à savoir les 54 pays arabes et musulmans votant comme un seul homme, à chaque fois que la question d’Israël est soulevée.

Avec eux, on a récemment vu que le bloc européen et occidental, même s’il fait pression sur Jérusalem, est capable de voter pour l’élection de Danny Danon à la tête de la Commission juridique de l’ONU, la même qui est censée traiter de « Droits » de l’homme et de « lois internationales » si souvent soulevées à l’encontre de l’Etat Juif.

Il n’est pas anodin qu’en Afrique, Netanyahu ait évoqué plusieurs autres déplacement possibles, cette année ou bientôt, à la fois en Asie Centrale, au Kazakhstan (coopération spatiale entre autres, à la station de Baïkonur) et en Azerbaïjdan (plus gros fournisseur de pétrole d’Israël à hauteur de 40% de ses besoins). Il a aussi envisagé un séjour en Amérique Latine, terre de conquête de l’Iran depuis divers attentats très ciblés contre des missions israéliennes à l’étranger (Buenos-Aires).

On aura donc rarement vu des pays accueillir le représentant israélien en si grandes pompes, ce qui, en soi, constitue déjà un cinglant revers pour les détracteurs de l’Etat Hébreu et en particulier pour celui qui fait un gros travail de sape dans toutes les instances internationales : Abbas ou les ONG de tout acabit dont le signe distinctif est l’antisionisme comme unique credo pour l’humanité. La densification des échanges risque d’être si importante que, bientôt l’idée même de « boycott » va être remisé au musée des luttes archaïques entretenues par sainte Rita. Comment parler de « colonisation » en des termes idéologiques clairement connotés, si et quand Israël passe en tête du développement et de la désaliénation en Afrique?

C’est tout un pan de la vieille terminologie marxiste de l’OLP qui va en prendre assurément un coup, au même rythme que les tentatives d’islamisation de l’Afrique par la Terreur continueront de reculer.

La force d’Israël, dans cette partie du monde est, certainement de ne pas arriver en terrain conquis, à la manière des anciennes puissances coloniales française et britannique, non plus comme l’une des deux grandes puissances bipolaires, Amérique et (ex-)Russie soviétique, au cours de la Guerre Froide et après, dans le but d’en faire de simples dominions sur-exploitables. Une nouvelle aire de coopération d’égal à égal, entre l’art juif de s’extraire de toute servitude et les arts de vivre africains, malgré toutes les exploitations subies, à commencer par l’esclavage arabo-musulman, dont le Soudan (Darfour) et d’autres ont continué de connaître l’infâme expérience, en restant des zones de déshumanisation, au cours des deux derniers siècles…

En tant que puissance régionale d’envergure « petite à moyenne », Israël a toutes les qualités requises pour devenir cette sorte de médiateur entre l’Occident et l’Afrique, et une zone-tampon ou de tremplin, face aux bouleversements au Moyen-Orient, endiguant ses menaces les plus sombres pour les autres régions du monde proche.

Par Marc Brzustowski©

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Havazelet

Excellent article, mais M. Brzustowski devrait réviser sa géographie.

Entebbe est l’ancienne capitale de l’Ouganda (et siège de l’aéroport international). La capitale de l’Ouganda est Kampala depuis 1962, à 35 km d’Entebbe.

C. Hamon

Qui a dit que Israël était isolé ?

Ha oui, toute cette clique d’Anciens Ministres et Ambassadeurs de gauche qui appellent l’Europe à l’aide pour qu’Israël distribue ses terres juives aux colons arabes !,… Mais pour quelles raisons ?, ….. Parce que l’Europe pendant plus de 2000 ans, a assassiné, torturé, massacré, pillé une grande partie du peuple Juif ?

… « 800 personnalités israéliennes signent pour la reconnaissance d’un « État palestinien »
Le Monde.fr | 07.12.2014

C’est un signal fort que viennent d’envoyer plusieurs centaines de personnalités israéliennes, dont des auteurs de renom, tels que Amos Oz, David Grossman et A. B. Yehoshua, en appelant dans une lettre les parlements de plusieurs pays européens à reconnaître l’Etat palestinien. D’après le quotidien israélien Haaretz, près de 800 personnalités de tous horizons se sont associées dans un appel qui a déjà été envoyé aux Parlements belge, danois et irlandais, qui doivent tous trois voter dans les semaines à venir sur le sujet.

Le Prix Nobel d’économie 2002, Daniel Kahneman, l’ancien président de la Knesset – le Parlement israélien – Avraham Burg et l’ancien ministre de l’éducation Yossi Sarid figurent notamment parmi les signataires. Ils affirment ensemble : « Votre initiative de reconnaissance de l’Etat de Palestine va faire avancer les perspectives de paix et encourager Israéliens et Palestiniens à résoudre le conflit. »…

Voilà qui sont les fossoyeurs d’Israël, et les « pousse au crime » d’une enfant de 13ans, dans son sommeil…. Alors que Benjamin NETANYAHOU est accueilli comme représentant d’une « SUPER PUISSANCE », ……… Avec tous les « HONNEURS » dus à son rang !!!, ……… Jamais aucun autre « Chef d’État Israélien » ne fut accueilli de la sorte, dans aucun autre pays au monde. Laissant loin derrière lui, toute la cohorte des Chefs d’État Européens qui considèrent l’Afrique comme un « SOUS CONTINENT » que l’on vient piller lorsqu »ils décèlent des trésors.

Benjamin NETANYAHOU a su se mettre au niveau des Pays Africains, tout en leur proposant des solutions dans des domaines très variés qui vont de l’agriculture jusqu’aux problèmes de défense, en passant par la production d’eau, d’électricité, d’énergie, de communication et les dernières innovations dans le secteur de la santé.

Tout ce dont a besoin l’Afrique, …. Israël peut y pourvoir !

jacqueline arragon

Bien dit : Am Israël Haï !!!

Jcg

Je n ai aucune confiance a eur
abia qui fera tout pour faire capoter ce raprochement .

Anisette

Espérons le pour Israël. Renforcer les contacts alliés ne peut que les aider.

ROSSI

Superbe article. analyse claire, vraie, logique, parfaitement expliquée