l-ancien-premier-ministre-manuel-valls-le-13-novembre-2017-a-paris-lors-des-commemorations-des-attentats-du-13-novembre-2015

C’est une constante en politique française, les meilleurs partent ou sont écartés du pouvoir parce que les Français sont inconséquents.

Ce fut le cas de Mendès-France et de Rocard, les mentors de Manuel Valls, le vrai symbole de la réussite de l’immigration en France, qui a décidé de retourner dans son pays de naissance pour tenter de devenir maire de Barcelone.

C’est une perte pour la France, c’est une perte pour les Juifs car il avait fait du combat contre l’islamisme son sacerdoce. Alors on pourra toujours le critiquer pour ses évolutions politiques, l’accuser même de trahison mais comme disait Talleyrand : «Pour rester dans son parti, il faut changer plusieurs fois d’opinion».

En novembre 2017, alors Premier ministre, il avait considéré que la France avait «un problème non seulement avec l’islamisme et l’intégrisme religieux mais avec l’islam et les musulmans».

Il avait osé cibler les musulmans contrairement au reste de la classe politique qui les ménageait sans honte parce qu’ils avaient en permanence l’œil fixé sur la courbe de la balance commerciale avec les pays arabes.

Il était passé par toutes les étapes du parcours politique : maire, député, ministre de l’Intérieur pour finir Premier ministre. Immigré en France à l’âge de 20 ans, peu diplômé, il a créé des jalousies, de l’animosité même, en raison de sa carrière fulgurante.

Les socialistes ont préféré se saborder en choisissant un idéologue pur et dur plutôt que de lui donner les clefs du parti et le laisser mener un combat victorieux contre Macron. Le parti est aujourd’hui atone et dans le coma et il lui faudra plus d’une législature pour émerger.

Martine Aubry, Première secrétaire du parti socialiste en juillet 2009, avait déjà préparé l’estocade : «Cher Manuel, notre parti a besoin de chacun des socialistes pour contribuer à son redressement après des années difficiles. On ne peut utiliser un parti pour obtenir des mandats et des succès, en s’appuyant sur la force et la légitimité d’une organisation collective, et s’en affranchir pour exister dans les médias à des fins de promotion personnelle».

Les socialistes ont participé à la décomposition de leur parti pour ne pas adopter la ligne social-démocrate incarnée par Valls. Ils l’ont payé cher puisqu’ils n’existent presque plus, à l’Assemblée nationale et sur l’échiquier politique, depuis qu’ils ont combattu la voie du réformisme.

Valls s’est beaucoup investi vis-à-vis d’Israël qui perd un ami français et gagnera peut-être un soutien espagnol.

Le 17 juin 2011 à Strasbourg il avait osé affirmer qu’il était «par sa femme lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël». Il avait signé un appel appelant à poursuivre les militants qui prônent le boycott des produits israéliens.

On se souvient de la tirade de Manuel Valls «Oui, les Juifs de France, trop souvent, ont peur. C’est une réalité et cette réalité, nous ne l’acceptons pas». Il a plusieurs fois pris des positions officielles sans ambiguïté. Lors de l’inauguration de l’allée des justes à Strasbourg, il s’était engagé à «combattre l’antisionisme, cet antisémitisme qui vise à nier Israël».

Dans son discours au Trocadéro, au cours d’un rassemblement organisé par le CRIF, il avait proclamé: «Cet antisémitisme, et c’est la nouveauté, se nourrit de la haine d’Israël. Il se nourrit de l’antisionisme. Parce que l’antisionisme, c’est la porte ouverte à l’antisémitisme. Parce que la mise en cause de l’état d’Israël, basée sur l’antisionisme, c’est l’antisémitisme d’aujourd’hui».

Devant le Consistoire central, il avait lancé une attaque frontale : «se dire antisioniste ou nier le droit à l’existence de l’État d’Israël en voulant éviter l’accusation d’antisémitisme n’est pas possible. L’antisionisme est synonyme d’antisémitisme». On l’a accusé d’amalgame sur l’islam et les Musulmans mais, pour lui, la source du terrorisme est là pour témoigner. Il estime que la politique française, suivie actuellement à l’égard de l’islam, détruit la laïcité.

Ses conclusions de 2010, toujours d’actualité, font froid dans le dos et sont toujours d’actualité : «Si rien n’est fait, il arrivera aux Musulmans ce qui est arrivé aux Juifs du XXe siècle, à savoir des Nuits de cristal à l’instar de celles qu’ont subies les Juifs du IIIe Reich et qui seront de plus en plus récurrentes. Pour la première fois, il y a un fond rocheux européen qui a décidé de déclarer la guerre aux Musulmans. Sombres jours pour les Européens de confession musulmane notamment français même de la dixième génération.

Pourtant l’immense majorité des citoyens français respectent les lois de la République, ils évitent l’ostentation malgré les provocations. S’il est vrai que la religion devant rester pour tous du strict ressort de la sphère privée les musulmans espèrent que la République se tienne d’une façon équidistante des religions et applique dans les faits, la laïcité, rien que la laïcité, toute la laïcité et les considère ce faisant comme des citoyens à part entière en mettant en œuvre une forte volonté d’intégration et en combattant l’intolérance et les discriminations».

Le président LR du Conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a rendu un hommage appuyé à Manuel Valls, sous l’angle de sa lutte contre l’islamisation. Pour lui, l’ancien Premier ministre «a toujours eu un combat républicain qui est tout à son honneur.

La voix de Valls comptait dans le débat national français au vu du séparatisme dans certains quartiers, du communautarisme. Il a eu des positions tranchées, notamment pour dénoncer et lutter contre l’islamisation qui se développe. Ce combat-là doit être repris et continué dans notre pays parce qu’il faut lutter contre ça, absolument, ou alors ce n’est plus la même France».

Emmanuel Macron a certainement fait l’erreur de ne pas exploiter, dans l’intérêt du pays, les qualités et l’expérience d’une telle personnalité qui n’a jamais vendu son âme. Il a préféré, par souci d’hégémonie, s’entourer d’hommes politiques débutants. Quel gâchis ! Mais Manuel Valls ne sera pas perdu pour tout le monde.

Jacques BENILLOUCHE, journaliste installé en Israël depuis 2007, a collaboré au Jerusalem Post en français, à l’Impact puis à Guysen-Tv.

Jacques Benillouche

Article initialement publié dans Temps et Contretemps

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Bonaparte

Un immigré qui a bien réussi sans rien demander à personne .

Il a réussi à devenir Ministre par son travail et sa volonté .

Un homme de goût qui aime les Juifs et Israël .