DU 17 TAMOUZ AU 9 AV (BEYN ‘HAMETZARIM)

Sur tous les plans, le mois hébraïque de Av qui a commencé, hier soir, est exceptionnel.

Les 3 semaines qui séparent ces deux dates : 17 tamouz et 9 av sont une période triste  et désignée en hébreu par l’expression המצרים בין (beyn ‘hametzarim) que l’on pourrait  traduire par: « entre les limites », cependant que se dégage de cette expression une idée d’étroitesse, voire d’angoisse, en dehors du fait que l’idée du pays d’Egypte se profile  derrière ceci puisque מצרים s’écrit exactement comme Egypte, pays où nous avons été  réduits en esclavage, pays où l’on a exercé sur nous une pression extrême. Le mot מצרים comporte en son centre, la racine צר tsar, étroit. 

Des règles précises s’attachent à cette période que l’histoire a pourvu en événements  tragiques parfois uniquement pour le peuple juif mais, parfois, les événements tragiques  ont eu une portée universelle ! 

Dans les communautés ashkenazes, à partir du 17 tamouz, on ne célèbre aucune « simha » (fiançailles, mariages ou bar mitsva, et s’il y a une brith mila cela se fera sans musique ou avec des paytanim ou chantres), on évitera d’écouter de la musique ou de se réjouir.

Chez les Sefaradim ou les Bené Edoth HaMizrah (irakiens, yéménites, kurdes, parsim etc), dans certaines communautés, les « semahoth » seront permises jusqu’au 1er Av.

Le premier jour du mois d’AV

Le signe zodiacal du mois est le lion qui symbolise cette confrontation avec une force brute. Il est intéressant de noter que le premier jour de Av coïncide avec l’anniversaire du décès d’Aaron, le frère de Moïse, qui fut connu comme l’homme de paix par excellence.

Cela nous apprend que même si nous sommes actuellement loin de D-ieu et de notre moi supérieur, nous finirons par atteindre la paix dont il eut la prescience, la paix qui repose sur l’émergence de notre moi supérieur et de la part qui se trouve en nous et qui correspond à l’homme et non à l’animal.

Rien ne peut être plus éloigné de cet objectif qu’une paix établie sur une peur mutuelle qui est tout ce à quoi nous pouvons raisonnablement aspirer, si l’on considère la guerre qui se déroule actuellement en Israël en dehors de son contexte historique.

Le Talmud nous enseigne que le Messie naîtra le 9 Av. C’est à cette date que furent détruits les deux Temples, qu’eut lieu l’expulsion des Juifs d’Espagne et qu’éclata la première guerre mondiale qui ouvrit le chemin à la Seconde Guerre mondiale.

L’enseignement que nous pouvons en tirer est que la même alliance qui promet la souffrance, promet également la délivrance. Les deux facettes de cette médaille sont les douleurs de l’accouchement et la naissance.

Nous ne devons jamais nous permettre d’oublier ce que nous avons enduré. Le fait que D.ieu se soit engagé à ne jamais nous laisser disparaître ne disculpe pas ceux qui ont perpétré les pires crimes de l’histoire à notre encontre.

Leurs intentions étaient de faire le mal, leurs choix furent pris en pleine conscience et, le plus important, leur cruauté fut sans limites.

Nous ne devons également jamais oublier qui nous sommes et pourquoi nous avons survécu. Nous sommes le peuple de D.ieu et avons la mission d’honorer l’alliance d’Abraham. Nous avons pour objectif de vivre une existence sans dichotomie, d’élever le matériel et d’avoir foi en D.ieu. Le fait que nous soyons encore présents au XXIème siècle, que nous n’ayons pas oublié qui nous sommes et que nous soyons toujours engagés dans la concrétisation de notre alliance n’est rien de moins qu’un miracle.

Le 15 Av était un moment de joie. Durant l’antiquité, ce jour était celui où les mariages étaient arrangés et où de nouveaux débuts étaient fêtés. C’était un moment où l’on prenait un nouveau départ, en n’exprimant pas seulement ce que nous refusions d’être, mais ce que nous pouvions devenir.

9 BEAV ET HASHAVOUA SHEHAL BO

Dès Rosh Hodesh Av et jusqu’au 10 av (à 14h00), il est normalement interdit pour les Ashkenazim de consommer de la nourriture carnée, de faire des lessives, de mettre du linge propre.

Pour les Sefaradim et Edoth haMizrah, les interdits sont valables pour « la semaine dans laquelle tombe le jeûne de 9 beav » c’est-à-dire que, si le jeûne tombe un mardi, les interdits seront valables depuis la sortie du shabbat précédent et jusqu’à la fin du jeûne (l’interdiction de manger de la viande s’étendra jusqu’au lendemain à 14h00). Le Rav Ovadia Yossef zatsal avait souligné que les sefaradim ne doivent appliquer les lois privatives de 9 beav que lors de la semaine où le jeûne a lieu (shavouâ shehal bo).

Cette année, le jeûne tombe un mardi tous les interdits seront à observer de la sortie du shabbat au mardi 14 h. Il est à souligner que dans certaines communautés des Edoth HaMizrah, il n’y a pas d’interdit de consommer des aliments carnés.

Je me dois d’ajouter ceci : on sait, en général, que les « minhaguim » ou coutumes ont « force de loi » et certaines communautés dans lesquelles on consommait de la viande dès la sortie du jeûne du 9 av lorsqu’ils étaient en Algérie par exemple, les rabbins de ces communautés conseillent et encouragent à perpétuer l’usage de la communauté d’origine…

Trois semaines plus tard, le 9 av, est une date à laquelle le peuple juif se désole car:

Nous savons que lorsque Moïse descendit du Mont Sinaï pourvu des Tables que D. avait  gravé par Lui-même, attristé (pour ne pas dire catastrophé) devant le spectacle du  peuple débauché devant le veau d’or, brisa les premières tables de la Loi.  

Lors du siège de Jérusalem, une première brèche fut ouverte dans les murailles  entourant la ville tant au temps de Nabuchodonosor (-586) qu’au temps de Titus (70  après) 656 ans plus tard.  

Devant le manque de bétail, les sacrifices au Temple furent suspendus. Un sefer Torah fut brûlé à cette date. 

Une idole fut introduite dans l’enceinte du Temple.  

C’est un 9 av qu’eut lieu le rapport des explorateurs qui effraya le peuple dans le désert  et qu’ils refusèrent de rentrer sur la terre que D. offrait à Son peuple.  

C’est un 9 av que le premier Temple fut détruit en -586 par Nabuchodonosor. 

C’est encore un 9 av que, par Titus, fut détruit le deuxième Temple de Jérusalem en l’an  70. 

C’est en 120 que fut détruite Bétar par les Romains alors que Bar Kokhba tentait de  sauver le pays des envahisseurs. 

Bien plus tard, c’est aussi un 9 av que le soc d’une charrue laboura le lieu où s’était élevé  le Temple. 

Mais, le Rav Dessler (Mikhtav MéEliahou) énuméra encore bien d’autres catastrophes  telles que l’expulsion des Juifs d’Angleterre le 9 av 1290, l’Inquisition d’Espagne le 9 av  1492 puis il rappelle que les deux grandes guerres mondiales furent déclarées en cette  même période : date funeste s’il en est…….. 

Dès lors, personne ne s’étonnera du fait que ces trois semaines soient considérées  comme une période de deuil. 

Si, pendant les neuf jours a lieu une brith mila (circoncision) on présentera à la séouda  des plats lactés ou neutres et avec du poisson. 

Pour le shabbat il est possible de consommer de la viande. 

Chez les Sefaradim, il y a une disposition qui permet de se laver sauf pendant la semaine  où « tombe le jeûne » (hashavoua shéhal bo) c’est-à-dire que si le jeûne tombe le mardi, la  stricte observance de « deuil » de 9 beav aura lieu les dimanche, et lundi jusqu’à lundi soir  veille du jeûne. Ainsi, toutes les autres coutumes concernant la toilette, les vêtements et  même la nourriture ne seront observées que peu de jours. 

Edoth ‘HaMizrah (Persans, Irakiens, Kurdes, Bné Menashé, Indous, Yéménites etc….)  consomment de la viande sans cesse même lorsqu’ils sont dans une semaine de deuil  pour la perte d’un proche. 

Le Jeûne du 9 Av

A la veille du jeûne, lundi 11 août 2024,  on se mettra à table et on consommera un plat unique  puis, pour la séôuda mafséket (repas avant le jeûne), on consommera soit un œuf dur  que l’on écalera soi-même, soit un plat de lentilles. Là encore, le min’hag a force de loi.  Certains mangent œuf dur et lentilles. 

Le lendemain matin, après l’office on n’aura le droit d’étudier ou de lire que les  Lamentations et non pas lire des Tehilim ou étudier le Shoulhan Aroukh sauf s’il s’agit  des lois concernant 9 beav. On n’a pas le droit de travailler ni de fumer. 

Le soir, après le jeûne on ne consommera pas encore de viande car le Temple a brûlé  jusqu’au 10 av à 14h. 

Que l’an prochain, le 9 av soit transformé en jour de joie ! Amen !

JForum.fr avec Caroline Elisheva REBOUH et lamed.fr

1 «Le « halaké » est la première coupe de cheveux d’un garçonnet âgé de 3 ans. Cette cérémonie  a généralement lieu dans un lieu « saint » comme la tombe de Rabbi Shimon Bar Yohay à Mérone.  Au cours de cette coupe de cheveux, le garçonnet reçoit son premier « talith katane ». Et lors de  cet évènement est servie une collation.

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