A Schirrhoffen, de nouveaux tags racistes: “On se demande si ces gens connaissent notre histoire alsacienne”.

Par Catherine Munsch

Le maire de Thal-Marmoutier (Bas-Rhin), Jean-Claude Distel, engagé en faveur de la politique d’accueil des réfugiés a été la cible de tags racistes et antisémites, ainsi que de menaces de mort. Plusieurs inscriptions ont été découvertes ce vendredi 21 juin, sur la façade de la mairie de Schirrhoffen, située à une cinquantaine de kilomètres.

« Un coup de couteau est si vite arriver (sic) », « Distel, tu vas crever », « Distel=Lübcke » pouvait-on notamment lire sur ces tags. « Lübcke », du nom du président pro-réfugiés du district de Kassel, en Allemagne, assassiné le 2 juin 2019 à son domicile.

Jean-Claude Distel, le maire de la commune de Thal-Marmoutier menacé de mort explique à France 3 Alsace :  « Je suis serein quand même, mais quelque part ça interroge car on est dans une société très… heu… » Difficile pour Jean-Claude Distel de trouver les mots face à tant de haine contre l’étranger ou l’inconnu. Et contre lui-même, un élu de la République, qui a choisi de répondre à un appel humanitaire.

« Je suis inquiet parce qu’il y a répétition et on se pose la question pourquoi, comment, puisque je ne vois pas le rapport entre « sale juif », « Juden » et des réfugiés politiques qui sortent de camps et sont accueillis ici pour leur permettre de se ressourcer et de repartir d’un bon pied. Donc je ne vois pas pourquoi il y a un déferlement de choses si horribles, horribles. On se demande si ces gens connaissent notre histoire alsacienne. Justement quand on parlent de Juifs et déportation. On s’interroge sur cette brutalité, cette intolérance, qui fait qu’aujourd’hui, oui, on est en droit de se poser des questions. »

 

Pourquoi son nom s’est retrouvé sur les murs de Schirrhoffen? « Je n’ai pas d’explication. Le maire de Schirrhoffen m’a appelé pour me soutenir. Ce que j’ai cru comprendre est que la commune de Schirrhoffen était, dans les années 50, à forte majorité juive. Mais je ne comprends pas le rapport.« 

Une volonté de le faire renoncer? « Peut-être, mais j’ai pris un engagement devant l’Etat. Le programme doit se terminer début 2020. Jusque-là, nous continuerons à accueillir des réfugiés politiques. Je précise ce ne sont pas des migrants, ce sont des réfugiés politiques et l’Etat les accompagne. Nous sommes les premiers de France à avoir accueilli et les résultats sont encourageants, tout en sachant qu’il y a des difficultés d’adaptation. Mais est-ce qu’il vaut mieux avoir des migrants qui n’ont aucun accompagnement ou accepter un certain quota pour une intégration encadrée par l’Etat ?  »

« Je ne vois pas pourquoi il y a un déferlement de choses aussi horribles »

Menaces de mort, un délit punissable de prison / © France 3 Alsace
Menaces de mort, un délit punissable de prison / © France 3 Alsace

Que dire aux auteurs de ces tags? « Ce que je pense c’est qu’il faut de l’explication. Il faut communiquer sur le sujet. De tout temps, l’Alsace a été terre d’accueil, on a accueilli des Polonais, des Italiens, des Portugais, des  Algériens et aujourd’hui ils sont parfaitement intégrés. Pourquoi ne pas accueillir aujourd’hui des populations africaines ? Je dirais qu’ils regardent l’Histoire. »

« Je dirais qu’ils regardent l’Histoire et qu’ils se documentent sur ce que l’Alsace a vécu avec la Moselle, au niveau des incorporés de forces. Est-ce que cette haine du prochain, c’est la société qu’on veut ? Non je ne pense pas. Il faut plus de tolérance. On voit que les religions entre elles s’entraident. Chacun peut vivre sa religion à partir du moment où on a le respect de l’autre. »

Le code pénal sanctionne la menace de mort par 6 mois à 5 ans de prison, et une amende entre 7.500 et 75.000 euros / © D. Meneu / France 3 Alsace
Le code pénal sanctionne la menace de mort par 6 mois à 5 ans de prison, et une amende entre 7.500 et 75.000 euros / © D. Meneu / France 3 Alsace

Le maire ne regrette pas son choix politique

« Je suis un humaniste. Quand le préfet vous demande d’accueillir et que vous avez un couvent presque vide, je ne me vois pas refuser cette demande. Et je me dis aussi que dans un ou deux ans ce couvent sera vide et pour une commune avoir une friche, c’est à éviter. Peut-être que cette transition nous permettra d’aller vers autre chose ». 

Source: france3-regions.francetvinfo.fr

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