L’Italie s’inquiète pour son image et redoute des parallèles avec une enquête pour corruption visant des filiales du géant italien de la défense. L’Angleterre appelle les médias à ne pas diffuser de données sensibles. Entre 500 et 1.000 mémos concerneraient directement la France.

Les millions de documents secrets américains que WikiLeaks est sur le point de diffuser concernent « tous les grands sujets », a déclaré dimanche 28 novembre le dirigeant du site internet, Julian Assange, lors d’une visioconférence de presse avec des journalistes en Jordanie.

Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a nié dimanche craindre « un complot » mais s’est dit « préoccupé » par la publication imminente de fuites sur le site Wikileaks, qui viendraient s’ajouter à d’autres éléments pouvant léser, à son avis, l’image de l’Italie.

« Il n’y a aucun complot, personne n’en a jamais parlé, mais (je suis préoccupé par) la combinaison de facteurs distincts qui une fois mis ensemble pourraient nuire à l’image de l’Italie et à notre intérêt national », explique dimanche Franco Frattini dans un entretien au Corriere della Sera.

Franco Frattini se dit particulièrement inquiet des possibles parallélismes entre ces fuites et l’annonce ces derniers jours en Italie d’une enquête pour corruption, fraude fiscale et blanchiment visant des filiales du géant italien de la défense Finmeccanica et l’autorité de l’aviation civile Enav.

Les médias « dépeignent Finmeccanica comme une entité qui créait des caisses noires, enfreignait la loi et les règles de la concurrence internationale, quand en réalité l’enquête concerne des individus dont les comportements doivent encore être contrôlés par la magistrature », a déploré Franco Frattini.

L’enquête du parquet de Rome vise une dizaine de personnes: Guido Pugliesi et Luigi Martini, les deux plus hauts dirigeants de l’Enav, Marina Grossi, présidente de la firme Selex, filiale de Finmeccanica et épouse du patron de Finmeccanica ainsi que deux autres dirigeants de Selex.

Un ex-consultant de Finmeccanica, Lorenzo Cola, emprisonné pour une autre affaire, est également touché par cette enquête ainsi qu’un comptable, un manager de Finmeccanica et un responsable de la firme Print System.

Rome ne commentera pas les révélations

Disant « ne pas disposer » d’informations selon lesquelles les fuites de Wikileaks pourraient faire référence à Finmeccanica, Franco Frattini a cependant noté que « sur un marché extrêmement compétitif comme celui des systèmes d’armement et de la surveillance satellitaire, les concurrents internationaux profitent de tout ce qui peut discréditer le groupe le plus fort au monde dans ce domaine ».

Franco Frattini a indiqué qu’à l’instar du gouvernement américain, Rome ne commentera pas les éléments concernant l’Italie dans les rapports confidentiels de la diplomatie américaine qui seront diffusés, car « il s’agit d’une violation d’une loi, qui peut faire l’objet de poursuites pénales ». Et il a invité l’opposition de gauche et centriste à être « responsables » et à ne pas commenter ces informations au nom de « l’intérêt national ».

Le gouvernement de droite de Silvio Berlusconi avait déjà exprimé sa forte inquiétude dans un communiqué diffusé vendredi après le conseil des ministres où il disait avoir « débattu d’affaires délicates symptômatiques de stratégies visant à ternir l’image de l’Italie sur la scène internationale ».

Le texte citait pêle-mêle à propos de ces « stratégies », l’enquête sur Finmeccanica, la « diffusion répétée d’images » des ordures à Naples et de l’effondrement de la maison des gladiateurs de Pompéi et les fuites de Wikileaks « contenant de possibles répercussions négatives pour l’Italie ».

Tous ces facteurs « imposent la fermeté et la détermination pour défendre l’image internationale et la tutelle des intérêts économiques et politiques du pays », ajoutait le communiqué.

« 500 et 1.000 mémos concerneraient directement la France »

La France est aussi visée par le flot de documents confidentiels américains.

« Selon nos sources, entre 500 et 1.000 mémos concerneraient directement la France », indique owni.fr, généralement bien informé sur ces fuites du site spécialisé Wikileaks.

« On s’attend toutefois à des fuites avant cette heure », a déclaré un dirigeant d’owni.

Selon le site, Der Spiegel a déjà mis en ligne des « repères chiffrés » de cette rafale de documents samedi après-midi sur son site internet avant de les retirer quelques minutes plus tard. Et selon ces repères relayés par owni, 251.287 mémos diplomatiques, dont 16.652 classifiés « secrets », devraient être publiés.

Réaction de Londres

Le gouvernement britannique a mis en garde contre le risque encouru par ses ressortissants au Pakistan, en Irak, en Iran ou dans d’autres pays musulmans en réaction à des commentaires « anti-musulmans » dans des documents que pourrait publier Wikileaks, selon le Sunday Times.

Le gouvernement britannique craint que certaines conversations entre diplomates contiennent des critiques sur des points sensibles faites soit par les Etats-Unis soit par la Grande-Bretagne « qui pourraient inciter à décrire la Grande-Bretagne comme alliée au grand satan pour attaquer l’islam », a indiqué un responsable du gouvernement non identifié au journal dominical.

« Il y a une nervosité parce que cela pourrait enflammer certaines têtes brûlées », a ajouté cette source.

Le ministère de la Défense britannique a demandé aux rédacteurs en chef des journaux de « garder à l’esprit » les implications possibles pour la sécurité nationale de la publication de ces documents diplomatiques.

Les autorités britanniques ont indiqué que certaines informations pourraient faire l’objet d’accord entre le gouvernement et les médias pour ne pas diffuser des données sensibles liées à des opérations militaires ou aux services de renseignement.

Un journaliste du quotidien britannique The Guardian a confirmé que son journal publierait lundi de larges extraits de ces documents, dont certains devraient révéler la piètre opinion qu’avait l’administration américaine de l’ex-Premier ministre britannique Gordon Brown, mais aussi de l’actuel hôte de Downing Street David Cameron.

« Cela va donner une idée franche de la vision américaine des leaders mondiaux et aussi l’inverse », a dit le journaliste Simon Hoggart, interrogé sur la chaîne BBC1.

« Cela va être certainement gênant pour Gordon Brown mais encore plus pour David Cameron qui n’était pas très bien considéré par l’administration Obama ou par l’ambassadeur (américain) ici ».

(Nouvelobs.com avec AFP)


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