Le chef de file alsacien du Front national a été condamné hier matin à trois mois de prison avec sursis et 5 000 € d’amende, pour avoir injurié la CGT et tardé à expurger son blog des propos antisémites et racistes postés par un internaute. Patrick Binder a aussitôt annoncé son intention de faire appel de ce jugement.
Et de deux. Condamné en 2006 pour injures publiques à caractère racial, Patrick Binder a écopé hier matin, à Mulhouse, d’une nouvelle peine qui vient sanctionner des faits similaires : trois mois de prison assortis d’un sursis simple, plus 5 000 € d’amende.
Cette fois-ci, le chef de file alsacien du Front national (FN) était poursuivi pour plusieurs propos délictueux publiés sur son blog à la mi-2010 : certains de sa propre plume — lesquels ont été jugés injurieux à l’égard de la CGT — et d’autres de nature antisémite et raciste, postés anonymement par un internaute abrité derrière les pseudos « Napoléon77 » et « Archange Saint-Michel » ( L’Alsace du 5 février). Confondu grâce à l’adresse IP de son ordinateur, ce dernier était lui aussi poursuivi. Le tribunal de grande instance de Mulhouse l’a finalement condamné hier à 1 500 € d’amende, dont 1 000 € assortis du sursis.
Les deux prévenus devront en outre verser solidairement des dommages et intérêts aux diverses parties civiles : 1 500 € à la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), 1 500 € également à SOS Racisme Haut-Rhin et un total de 2 000 € aux diverses instances locales de la CGT. L’élu socialiste mulhousien Pierre Freyburger, lui aussi visé par les propos incriminés, a pour sa part obtenu l’euro symbolique qu’il avait sollicité lors de l’audience du 4 février dernier (lire également ci-dessous).
« Un procès politique »
Sitôt le jugement rendu par la présidente de l’audience Christine Schlumberger, hier matin, Patrick Binder s’est éclipsé de la salle d’audience pour s’entretenir par téléphone avec son avocat, M e Louis Aliot — par ailleurs compagnon de la leader nationale du FN, Marine Le Pen…
Pris d’une colère froide, l’élu frontiste a ensuite annoncé aux journalistes présents son intention de faire appel. « Ce matin, je suis venu très serein , a entre autres déclaré Patrick Binder. Il s’agit depuis le départ d’un procès politique et la décision de ce matin va encore faire grimper le Front national. Maintenant, je vais bien évidemment la faire diffuser au maximum pour que les gens se rendent compte que c’est dégueulasse ! »
Bref, autant dire que sa position demeure absolument inchangée à propos du fond de l’affaire : « Un individu faussement malade poste des messages antisémites et racistes sur mon blog et on me condamne… C’est de l’acharnement ! La vraie victime de ce dossier, c’est moi ! » L’avenir dira s’il parviendra à en convaincre la cour d’appel.
Emmanuel Delahaye
L’Alsace.fr
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