Sous un ciel de plomb, les restes d’une quarantaine de juifs roumains –hommes, femmes et enfants tués durant l’Holocauste et laissés dans un charnier dans la forêt– ont été réinhumés dans un cimetière juif du nord-est de la Roumanie, aux côtés des leurs.
« Nous sommes réunis ici pour nous souvenir de ces hommes, ces femmes et ces enfants qui furent brutalement assassinés dans la forêt en 1941 (…) uniquement parce qu’ils étaient juifs », a déclaré l’ambassadeur d’Israël en Roumanie, Dan Ben-Eliezer, lors d’une cérémonie officielle.

« Soixante-dix ans après ce massacre, des dizaines de victimes juives innocentes trouvent enfin la paix dans le cimetière juif de Iasi (nord-est de la Roumanie) », a pour sa part souligné le directeur de l’Institut national Elie Wiesel, Alexandru Florian.

Fin 2010, l’Institut basé à Bucarest et l’historien Adrian Cioflanca ont été à l’origine de la découverte du charnier où furent jetés ces dizaines de juifs roumains à l’été 1941.

Les mesures antisémites et les pogroms perpétrés à l’époque firent plus de 15.000 morts parmi les juifs de Iasi et des villages environnants, selon un rapport d’une commission internationale d’historiens présidée par Elie Wiesel, lui-même juif d’origine roumaine.

L’exhumation du charnier de Popricani fut possible grâce au témoignage de Roumains qui assistèrent au massacre commis par l’armée roumaine.

Après des mois d’analyse par l’institut médico-légal, les restes de victimes ont été remis à la communauté juive afin d’être inhumés dans le cimetière de Iasi.

« Nous avons découvert 35 crânes mais il y avait aussi des ossements épars, le nombre de victimes est estimé à une quarantaine », a indiqué M. Cioflanca à l’AFP.

Au cimetière juif, sur une colline qui domine la ville de Iasi, 43 sacs en papier et boîtes en carton contenant les ossements ont été déposés sur l’herbe, à côté de quelques violettes en fleur.

En contrebas, dans de grandes fosses en béton reposent les corps de milliers de juifs de Iasi tués dans les pogroms.

Cinq rabbins britanniques et américain vêtus de noir se chargent de déposer, dans l’intimité, les ossements des victimes du charnier de Popricani dans une fosse commune creusée pour l’occasion.

Les rabbins se saisissent de pelles et recouvrent de terre les restes des victimes.

« Nous sommes venus ici pour aider ces personnes à reposer en paix », explique à l’AFP le rabbin britannique Meir Twersky.

Les rabbins estiment que selon la loi juive les restes des victimes n’auraient pas dû être sortis du charnier où ils reposaient.
« Nous demandons pardon aux morts pour les souffrances qu’ont endurées leurs saints ossements », demande le rabbin Meir Schlesinger du Comité pour la préservation des cimetières juifs.

Mais pour Abraham Ghiltman, le président de la communauté juive de Iasi, cette inhumation permet au contraire de ne pas oublier la mémoire de ces civils.

« Nous vivons dans l’espérance que ces événements ne se reproduiront plus jamais ni en Roumanie, ni ailleurs dans le monde », dit-il.
Un rabbin entonne un chant poignant en mémoire des victimes de l’Holocauste.

Au total, entre 280.000 et 380.000 juifs roumains et ukrainiens sont morts durant la Seconde guerre mondiale en Roumanie et dans les territoires sous son contrôle, selon le rapport de la commission Wiesel.

Daniel Mihailescu

Le Parisien.fr

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