Dans l’émission Des paroles et des actes diffusée sur France 2 mardi soir, Nicolas Sarkozy a promis que s’il était réélu, son premier voyage hors d’Europe serait consacré à Israël et aux Territoires palestiniens. Lors de son quinquennat, le président de la République a pourtant essuyé quelques revers sur ce dossier.Pendant cinq ans, Nicolas Sarkozy a montré sa volonté de placer la France sur le devant de la scène internationale. Pourtant mardi sur le plateau de France 2, les seules paroles qu’il a consacrées à sa politique étrangère ont concerné le conflit israélo-palestinien. « Je partirai en Israël et chez les Palestiniens, parce que je souhaite que la France, et derrière la France toute l’Europe, nous prenions une initiative pour que l’année 2012 soit l’année de la paix entre Israël et les Palestiniens », a-t-il déclaré, précisant qu’il s’agirait de son premier voyage hors d’Europe s’il était réélu.

Durant son quinquennat, le chef de l’État a toujours revendiqué son amitié pour Israël, dont il n’a cessé de défendre le droit inaliénable à la sécurité. Mais il a également toujours défendu la création d’un Etat palestinien. « S’il y a un peuple au monde qui doit pouvoir comprendre l’aspiration des Palestiniens à avoir un État, c’est le peuple israélien… Le peuple juif a attendu tellement longtemps son État, tellement longtemps!, qu’il peut comprendre l’aspiration des Palestiniens qui est exactement la même. Ça fait des siècles qu’ils vivent à côté les uns des autres », a-t-il déclaré mardi soir, rappelant que « la Shoah, l’extermination des Juifs ça a été fait en Europe, ça n’a pas été fait par les Arabes! »

Déçu par Netanyahou

La position de Nicolas Sarkozy sur le conflit israélo-palestinien est la même que celle de ses prédécesseurs. Mais sous Jacques Chirac, les relations avec Israël s’était tendues et l’actuel président s’est attelé à détendre l’atmosphère, et ce dès le début de son mandat. Plusieurs voix s’étaient d’ailleurs élevées pour dénoncer ses positions « pro-israéliennes ». Sa stratégie était en réalité plus subtile qu’elle n’y parait, estime Jean-Paul Chagnollaud, professeur de sciences politiques à l’université de Cergy-Pontoise, et spécialiste de la question palestinienne. « Il pensait qu’en étant plus proche de l’Etat hébreu, il pourrait infléchir leur position. Mais il a vite déchanté. »

Fin 2008, alors que Ehoud Olmert est encore Premier ministre et que la France occupe la présidence de l’Union européenne, Israël déclenche une offensive terrestre sur Gaza. « Nicolas Sarkozy a été très déçu de cette décision, il s’est rendu compte qu’il avait sous-estimé la dureté du gouvernement israélien et lorsque que Benyamin Netanyahou est arrivé au pouvoir, la situation a encore empiré », analyse Jean-Paul Chagnollaud. Wikileaks a d’ailleurs révélé des échanges de courriels entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama, où les deux dirigeants se montraient très critiques envers le Premier ministre israélien. Et le président français l’aurait même traité de « menteur » lors d’un échange privé avec le président américain.

Déçu par les Etats-Unis

Mais les Etats-Unis ne sont pas en reste. En septembre 2010, alors qu’il reçoit à l’Elysée Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, Nicolas Sarkozy critique à mots couverts l’inefficacité des Etats-Unis qui mènent les négociations de paix entre Israël et la Palestine. Estimant que la « méthode suivie jusqu’à présent (…) ne semble plus produire les résultats escomptés », il se prononce pour une participation accrue de l’Union européenne ».

Pour Jean-Paul Chagnollaud, « le président a, comme le monde entier, été déçu par Obama dont l’élection et les premiers discours avaient suscité beaucoup d’espérance ». Un mois plus tard, le président français essuie pourtant un nouveau revers : le sommet israélo-palestinien qu’il voulait organiser à Paris en octobre est annulé. Le président souhaitait réunir Benjamin Netanyahou, Mahmoud Abbas, le président égyptien, Hosni Moubarak, médiateur dans ce dossier, et la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton alors que la reprise de la colonisation en Cisjordanie avait gelé le processus de paix.

Echec à l’ONU

Fin 2011, Nicolas Sarkozy et Mahmoud Abbas évoquent la situation intérieure des territoires palestiniens – divisés entre la Cisjordanie contrôlée par le Fatah et la bande de Gaza aux mains du Hamas – mais aussi le sujet sensible de la colonisation juive. Le président de l’Autorité palestinienne estime alors que « le président Sarkozy parle toujours de son soutien pour la création d’un Etat palestinien indépendant ». « Il n’y a absolument aucun doute sur ce sujet », ajoute-t-il. Mais c’est pourtant sur ce point que la politique française dans ce dossier atteint ses limites. Le vote sur la reconnaissance d’un Etat palestinien à l’ONU est resté lettre morte. « Les Etats-Unis – qui auraient voté contre la reconnaissance de la Palestine à l’ONU – ne voulaient pas du vote, ce sont eux qui ont eu gain de cause puisqu’il n’a pas eu lieu », estime ainsi Jean-Paul Chagnollaud.

Reste l’Unesco, où la France, après avoir hésité à s’abstenir, a finalement voté en faveur de l’adhésion de la Palestine, en tant qu’Etat, à l’organisation culturelle des Nations unies, provoquant la colère de Washington. Insuffisant, selon Jean-Paul Chagnollaud : « C’est à l’ONU que Nicolas Sarkozy aurait pu jouer un grand coup. Il avait l’appui de tous les partis politiques français. Ça aurait été dans la continuité du printemps arabe, l’occasion de lancer une nouvelle politique au Moyen-Orient. »

Anne-Gaëlle Rico – leJDD.Fr Article original

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