La commission d’enquête sur les fraudes à l’élection présidentielle afghane a ordonné lundi l’invalidation d’un « certain pourcentage » de bulletins, renforçant l’hypothèse d’un second tour à moins d’un arrangement entre le sortant Karzaï et son principal rival Abdullah.

Mais cette Commission des plaintes électorales (ECC) n’a pas indiqué quel candidat a perdu combien de voix. Et personne n’était en mesure d’affirmer de manière certaine que Hamid Karzaï passait sous la barre des 50% ou si l’autre autorité, la Commission Electorale Indépendante (IEC), chargée, elle, de prononcer le résultat officiel, suivra ou non les conclusions de la première.

Deux mois après le scrutin, le flou complet régnait donc encore lundi sur l’issue de cette élection controversée, alors que la communauté internationale, qui poussait ces derniers jours M. Karzaï et Abdullah Abdullah, à trouver un accord, réclame une issue rapide.

Dans la matinée, M. Karzaï s’est engagé auprès du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon à « respecter le processus constitutionnel » en cours dans son pays, a déclaré à New York la porte-parole de M. Ban, Michèle Montas.

A Kaboul, l’ECC a annoncé dans un communiqué avoir trouvé « des preuves claires et convaincantes de fraudes » dans 210 bureaux de vote (sur 25.450 au total), dont elle ordonne l’invalidation des bulletins.

Pour les mêmes raisons, l’ECC ordonne à l’IEC l’invalidation d’un « certain pourcentage des voix de chaque candidat », sans plus de précisions.
Scott Worden, membre de la commission d’enquête sur les fraudes à la présidentielle afghane, le 19 octobre 2009 à Kaboul
© 2009 AFP (Romeo Gacad)
La commission d’enquête sur les fraudes à l’élection présidentielle afghane a ordonné lundi l’invalidation d’un « certain pourcentage » de bulletins, renforçant l’hypothèse d’un second tour à moins d’un arrangement entre le sortant Karzaï et son principal rival Abdullah.

Une organisation américaine d’observateurs électoraux, Democracy International, affirme que ses calculs « suggèrent » que les invalidations ordonnées vont « réduire le score du président Hamid Karzaï à environ 48,29% ».

L’IEC doit ensuite annoncer les résultats officiels du scrutin en tenant compte, en théorie, de ces invalidations. L’annonce est attendue d’ici quelques jours, peut-être mercredi.

Un diplomate occidental a lui aussi évoqué un score corrigé de 48% pour M. Karzaï.

L’ECC, contactée par l’AFP, a refusé de confirmer cette information.

En cas de second tour, M. Karzaï affronterait l’ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, crédité lui de 27,8% selon les résultats provisoires, et de 32% après invalidation des fraudes selon Democracy International.

L’IEC est constitutionnellement tenue d’obéir aux injonctions de l’ECC, mais peut néanmoins faire des recours si elle s’opposait à ses conclusions, retardant d’autant une annonce du résultat final.

Depuis le début du processus, les tensions sont fortes entre l’ECC, parrainée par l’ONU, et l’IEC, considérée comme soutenant le président sortant.

La communauté internationale s’inquiète depuis des semaines que le président Karzaï puisse ne pas accepter les résultats s’il ne gagnait pas au premier tour.
Hamid Karzai au cours d’une conférence de presse au palais présidentiel, le 17 septembre 2009
© 2009 AFP (Shah Marai)
En cas de second tour, M. Karzaï affronterait l’ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, crédité lui de 27,8% selon les résultats provisoires, et de 32% après invalidation des fraudes selon Democracy International.

« Nous attendons de l’IEC qu’elle applique rapidement (les ordres de l’ECC) et qu’elle annonce promptement soit un résultat final certifié, soit la nécessité d’un second tour, comme exigé par la loi électorale afghane », a déclaré le porte-parole de l’ONU à Kaboul, Aleem Siddique.

Le gouvernement britannique a et appelé les autorités électorales à les invalider rapidement les votes frauduleux pour permettre la publication des résultats définitifs, tandis que le gouvernement américain estimait « extrêmement important » que le futur gouvernement afghan soit légitime.

Alors que la population afghane et les Occidentaux perdent patience, d’intenses efforts diplomatiques étaient en cours à Kaboul.

Selon diplomates occidentaux et responsables afghans, il s’agit de convaincre le président sortant d’accepter le résultat du scrutin, donc sans doute un second tour, ou à défaut un accord politique avec M. Abdullah, qui du coup obtiendrait des compensations.

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