Realpolitik : La semaine dernière, à Washington, Tzippi Livni, la Ministre de la Justice et la négociatrice en chef d’Israël pour les pourparlers avec les Palestiniens, a fait l’éloge du Premier Ministre, pour « l’action courageuse de l’homme d’Etat » qui a permis la reprise du processus de paix.

Mais quelle différence abyssale, avec les propos qu’elle tenait à son endroit, il y a un an et demi ! Durant ses trois ans de règne sur l’opposition, qui se sont achevés au début 2012, face à son tombeur, Shaül Mofaz, aux primaires de Kadima qui s’est, lui-même, effondré, lors des élections du 22 janvier dernier »>Article original, Livni venait, de temps à autre, s’exprimer à la tribune de la Knesset, avec, pour seul objectif obsessionnel, de brocarder Netanyahou, comme principal responsable du blocage du processus, comme si les Palestiniens, par leurs démarches unilatérales, étaient blancs comme neige. Elle l’accusait de l’isolement croissant d’Israël sur la scène internationale. Netanyahou levait parfois les yeux au-dessus de son pupitre, en faisant la grimace, chaque fois que Livni le prenait pour cible préférentielle de ses critiques acerbes.

Pas plus d’amour entre ces deux personnages, au cours de la dernière campagne électorale. Livni a enfourché le seul cheval de bataille qui lui paraissait avoir le moindre sens et la distinguer de tous les autres candidats, y compris celle du Parti Travailliste, qui tablait sur la « révolte sociale » de « l’été des tentes » contre la cherté du logement : elle formait le parti Hatnuah (le mouvement) avec pour seul objectif : rétablir les négociations avec les Palestiniens. Un leitmotiv unique : la réélection « catastrophique » de Bibi Netanyahou ne pourrait conduire qu’à une nouvelle paralysie des mécanismes de discussion, ce Premier Ministre étant, avec Avigdor Lieberman, la « bête noire » des Palestiniens, pour commencer, du Président Barack Obama, ensuite et de l’Europe liguée contre Israël. L’image internationale de l’Etat Juif ne pouvait pas se permettre un ticket plus néfaste.

Qu’est-ce qui explique ce changement de ton, aux antipodes de ces précédentes positions et déclarations incendiaires ? A la suite des élections, Livni, avec 6 sièges pour Hatnuah, ne pouvait pas se permettre de rester dans l’opposition, où elle se serait fait absorber par d’autres prétendants au leadership, comme Shelly Yachimovitch (Travailliste). Cela aurait marqué le début de la fin de sa carrière politique et elle ne revenait, justement, pas pour faire de la figuration.

Au décours de l’élection de janvier, Netanyahou s’est trouvé face à un rare imbroglio, au moment de bâtir sa coalition de gouvernement. Il a, d’abord, offert au parti de Naftali Bennett de le rejoindre. Mais celui-ci avait forgé une alliance avec Yesh Atid de l’autre jeune étoile montante, Yaïr Lapid, pour -si nécessaire, à deux- obtenir de meilleures offres au cours de ce marchandage post-électoral. Alors que les pourparlers traînaient en longueur, Livni et Hatnouah ont saisi l’opportunité de ce blocage pour offrir leurs services. Cela lui a valu de gagner, en prime, le Ministère de la Justice, l’Environnement pour Ami Peretz et, surtout, la tête de liste pour la suite des pourparlers avec les Palestiniens.

Au-delà de la cuisine politicienne interne, les facteurs géopolitiques globaux prédominaient : on a reproché à Netanyahou sa surexposition personnelle dans la campagne présidentielle américaine, aux côtés du Républicain et mormon Mitt Romney. Le risque, calculé ou non, induisait la possibilité de « représailles diplomatiques », en cas de réélection d’Obama.

Ce qui advint. Poursuivant une politique étrangère brouillonne, qui déconsidère la place de l’Amérique au Moyen-Orient et face aux menaces terroristes, notamment, il devenait évident qu’Obama jouerait son va-tout diplomatique, autant vis-à-vis des Palestiniens que de l’Iran, y compris au détriment d’Israël. Ce positionnement trouble est perceptible, autant dans la crise syrienne, soumise aux indécisions internationales, que lors de la reprise en main de l’Egypte par les militaires et la mise au placard de Mohamed Morsi et des Frères Musulmans. Netanyahou tente de contourner la Maison Blanche par des amis d’Israël au Congrès et la nomination de Ron Dermer Article original, un proche, à Washington.

Néanmoins, il lui fallait un atout diplomatique, respecté aux Etats-Unis, qui puisse garantir le sérieux des intentions israéliennes de mener les discussions. Même si Livni s’est attiré une détestation, souvent, tenace, auprès du public israélien, elle a su se montrer plus ferme qu’Ehud Olmert, lors d’un précédent échec, à Annapolis, en 2007. Elle est profondément impliquée dans la complexité des problèmes avec les Palestiniens. Réaffirmer la volonté d’Israël de trouver une solution est aussi important, pour l’image d’Israël, que ne le serait le fait d’aboutir effectivement, ce qui est encore loin d’être le cas.

Et, dans le contexte global, cette association Netanyahou-Livni n’a rien d’aussi bizarre qu’on pourrait le penser, à première vue. Tous deux ont grandi dans un même environnement de l’idéologie sioniste révisionniste : les parents de Tzippi Livni étaient des combattants de l’Irgoun, et le père de Netanyahou était conseiller spécial de Zeev Jabotinsky. C’est encore Netanyahou qui a introduit Livni en politique, en 1996 et, seulement plus tard, qu’ils ont divergé, lorsqu’Ariel Sharon a quitté le Likoud, en 2005, pour fonder Kadima. Tzipi Livni a suivi Sharon, approuvé le retrait unilatéral de Gaza et est devenue l’une des avocates les plus en pointe de la « Solution à deux Etats », en Israël. Netanyahou s’est rallié à cette solution, bien plus tard, et comme à contrecœur, lors de son discours de Bar-Ilan, en juin 2009, aux conditions qui demeurent ses lignes rouges. Cela dit, tous deux conservent le même objectif en tête : préserver Israël en tant qu’Etat Juif et démocratique. Le « diable serait dans les détails » de leur différence de perception des intérêts sécuritaires et diplomatiques de l’Etat.

Livni a, sûrement, manqué sa chance, – qui se présente rarement, dans une vie,- de devenir, un jour, premier Ministre, au moment de la chute d’Ehud Olmert, en 2008. Cela ne l’empêche pas de préserver un peu d’influence dans l’histoire du pays.

Dans les négociations, Netanyahou la fait accompagner d’Yitzhak Molcho, l’un de ses proches conseillers personnels, tout comme Rabin ou Barak ne laissaient jamais Shimon Peres tout-à-fait seul en tête-à-tête avec Yasser Arafat, de crainte qu’après un doigt il offre un bras. Il lui fait confiance, mais il vérifie, comme disait Ronald Reagan. Molcho est bien plus au courant des méandres de la pensée Netanyahou, en matière de négociations avec les Palestiniens que ne pourra jamais l’être Tzipi Livni, qui, en revanche, bénéficie d’un bonne crédibilité en Occident (à l’inverse d’un Avigdor Lieberman, par exemple) et auprès des Palestiniens, dans une moindre mesure.

Si les négociations progressent, et débouchent sur un accord intérimaire, Livni y gagnera en prestige. Mais si, comme on le redoute, ces pourparlers échouent, sa mission sera de contribuer à faire en sorte qu’Israël remporte, cette fois, la manche postérieure du jeu des accusations réciproques.

Source : Barney Breen-Portnoy Article original

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david c

Ce qu’on voit bien aussi c’est qu’elle a les dents longues !
L’auteur de cet article « promo » nous prend vraiment pour des c… : « …elle a su se montrer plus ferme qu’Ehud Olmert ! » Héroïque ! Comme on dit , il est plus facile d’ouvrir la bouche que de tendre le bras !

jules26

toujours cette gauchiste de Tzippi Livni,il ne faut pas lui faire confiance,elle veut deux états,avec JERUSALEM est pour capitale des palestinniens,elle est folle,celà ce voit sur son visage,mais HM ne la laissera pas faire,d’autres ont bradés de la terre d’ISRAEL,ou onty voulu la brader,vous connaissaz le résultat.
tous ISRAEL appartient aux JUIFS,c’est notre héritagenet quiconque,veut le brader paie.
Chabbat shalom