© 2009 AFP (Shah Marai)
Au moins 16 personnes, six soldats italiens et 10 civils, ont été tuées dans un attentat revendiqué par les talibans jeudi à Kaboul, nouveau coup porté aux efforts de stabilisation au moment où les soupçons de fraudes à la présidentielle plongent l’Afghanistan dans la crise politique.Au moins 16 personnes, six soldats italiens et 10 civils, ont été tuées dans un attentat revendiqué par les talibans jeudi à Kaboul, nouveau coup porté aux efforts de stabilisation au moment où les soupçons de fraudes à la présidentielle plongent l’Afghanistan dans la crise politique.
En milieu de matinée, un kamikaze a précipité sa voiture piégée contre un véhicule blindé léger italien, sur l’une des artères les plus fréquentées de la capitale afghane.
L’attaque à eu lieu à environ 1,5 km du centre ville mais l’explosion, extrêmement violente, a secoué tout Kaboul et laissé un cratère imposant dans la chaussée, ont rapporté des journalistes de l’AFP sur les lieux.
Au moins six soldats de l’Otan ont été tués, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la force de l’Otan en Afghanistan (Isaf), le ministère italien de la Défense précisant à Rome qu’ils étaient italiens. 10 civils ont également péri, selon le ministère afghan de l’Intérieur.
Site de l’attentat à la voiture piégée contre un convoi italien de l’Otan le 17 septembre 2009
Ce nouvel attentat contre les forces étrangères en Afghanistan survient alors que les fraudes apparemment massives qui retardent les résultats de l’élections présidentielle du 20 août embarrassent les Occidentaux.
2009 est déjà de très loin l’année la plus meurtrière en huit ans de guerre pour les troupes étrangères, confrontées à l’insurrection de plus en plus violente des talibans.
Et les gouvernements occidentaux ont du mal à expliquer à leurs opinions publiques pourquoi ils continuent de soutenir, même du bout des lèvres, un régime miné par la corruption et les alliances avec des chefs de guerre au passé sanglant.
Peu avant la spectaculaire attaque de jeudi, le chef de l’Etat sortant Hamid Karzaï, largement en tête de l’élection, avait démenti qu’il y ait eu des « fraudes massives » comme l’assurent l’opposition et les observateurs étrangers.
Des soldats italiens près des corps de leur camarades tués le 17 septembre 2009 à Kaboul dans un attentat à la voiture piégée
« La presse a évoqué des fraudes massives, elles n’étaient pas si nombreuses que cela, s’il y a eu des fraudes, elles sont mineures, cela arrive dans le monde entier », a plaidé devant les journalistes le président, installé il y a huit ans par la coalition militaire internationale emmenée par les Etats-Unis qui venait de chasser les talibans du pouvoir.
Sa conférence de presse survenait au lendemain de l’annonce, par la Commission électorale, de résultats finaux mais « non certifiés », qui lui donnent la majorité absolue (54,6%) requise pour l’emporter au premier tour. Mais, pour être officiellement proclamé réélu, il doit attendre les résultats d’enquêtes sur des centaines de milliers de bulletins suspects.
Or la communauté internationale manifeste de plus en plus son inquiétude quant à la régularité du scrutin.
Mercredi, les observateurs de l’Union européenne ont assuré avoir « calculé » qu’environ 1,5 million de bulletins étaient « suspects », soit près d’un sur quatre. Or, plus des trois quarts de ces voix sont pour M. Karzaï, selon la mission d’observation de l’UE.
Des soldats recouvrent le corps d’un soldat italien tué dans une explosion à Kaboul le 17 septembre 2009
« S’il y a eu des fraudes, elles doivent faire l’objet d’une enquête, mais il faut que ces investigations soient équitables et sans ingérence », a poursuivi M. Karzaï.
Les talibans ont multiplié ces derniers mois les attentats suicide au coeur même de Kaboul, malgré la présence de très nombreux soldats étrangers. L’Italie a 3.250 militaires dans le pays.
Le dernier attentat, le 8 septembre, avait tué trois civils: un kamikaze avait fait exploser sa voiture piégée devant l’entrée principale de la base aérienne militaire de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf), à l’aéroport de Kaboul.
Le 15 août, sept civils afghans avaient été tués et 91 personnes blessées dans un attentat suicide à la voiture piégée devant l’entrée du QG de l’Isaf en plein centre ville, dans l’un des secteurs les plus sécurisés de la ville et à cinq jours de l’élection présidentielle.