L’administration pénitentiaire le savait depuis bien longtemps et l’avait signalé en bonne et due forme aux autorités qui avaient temporisé et comme d’habitude, fini par ne rien faire. Aujourd’hui, le drame sanglant de Bruxelles nous met tous devant nos responsabilités : il faut agir contre ce fléau, on ne peut plus attendre.

Les témoignages d’anciens détenus sont éloquents, on a pu les suivre ce matin sur I-Télé : les appels à la prière, les emprunts de livres séditieux dans les bibliothèques carcérales, sans même parler des cybercafés où l’on peut consulter des sites exhibant des décapitations ou donnant les recettes pour fabriquer une bombe et commettre des attentats.

On se souvient que le sinistre Mohammed Merah avait soulevé l’indignation d’une mère musulmane de Toulouse au motif qu’il avait contraint son enfant à visionner avec lui des scènes atroces sur internet.

Le jeune garçon s’en était plaint à sa mère qui avait adressé maintes mises en garde à Merah…

Que faire ? Faut il interdire les prières collectives ? Faut il mettre à l’isolement les meneurs ? Faut il donner plus d’instructions aux aumôniers musulmans des prisons ?

Un député de l’UMP, ancien directeur adjoint du ministère de l’intérieur du temps de Nicolas Sarkozy a déposé un projet de loi pour lutter contre ce fléau qui représente un danger réel. Il prévoit le blocage d’accès à de tels sites.

Sera-ce suffisant ? Il est permis d’en douter. C’est toute une politique qu’il faut revoir et s’attacher à ce seul point nodal dont tout le mal découle : pourquoi ces jeunes musulmans qui basculent dans la délinquance croient ils trouver en ce terrorisme islamique la panacée, la réponse à tous leurs problèmes ?

Pourquoi se détournent ils si entièrement de la socio-culture française qui leur a tout donné sur le sol de France ?

J’en ai personnellement une petite idée mais il semble que les postulats des pouvoirs publics s’enracinent dans des approches qui ne sont pas en adéquation avec le mal dont souffre le pays.

Certes, une large portion de la population française est encore animée par des clichés et des préjugés.

Et trois fois hélas, cette attitude ne facilite pas les choses. Il y a ce quasi confinement dans des banlieues reculées, éloignées de tout où le seul moyen de gagner sa vie est l’économie souterraine qui parvient à attirer même des enfants de moins de 15 ans !

Cette absence d’intégration favorise l’apparition d’une quantité de phantasmes puisque les seules institutions de la République avec lesquelles ces gens sont en contact sont soit les bureaux de pôle emploi soit l’administration pénitentiaire et la justice.

Quand vous vous trouvez dans une telle situation, vous devenez une proie facile pour le premier prédicateur venu qui n’a aucun mal à vous convaincre que vous êtes victime d’une injustice criante, que le salut ne viendra que de Dieu, etc…, du djihad et ainsi de suite.

L’Etat français tente de combattre ces dérives par des instruments juridiques car nous sommes un Etat de droit. C’est juste et c’est bien, mais il faut aussi aller sur le terrain religieux, théologique et philosophique.

Il faut s’en référer à l’islam des Lumières au Moyen Age, avec al-Farabi, Avicenne et Averroès.

Il faut faire connaître l’œuvre d’ibn Tufayl qui fut, je le rappelle, le premier, au milieu du XIIe siècle, à avoir fait la critique philosophe des religions révélées.

C’est remarquable.

Mais nous ne devons pas occulter le fait que ces grands philosophes, sincèrement attachés à leurs traditions religieuses, tenaient aussi à la Raison.

Mais ils n’eurent plus d’héritiers ni de continuateurs de leur ligne de pensée. Selon le grand islamologue Bernard Lewis, le Moyen Age a fait irruption dans cette culture après les Lumières…

En d’autres termes, il y eut un renversement de tendance qui explique en partie la situation actuelle.

C’est ce défi qu’il convient de relever et malheureusement on n’en prend pas le chemin avec des mesurettes. Pour y parvenir, il faut un consensus national car c’est une affaire qui touche tout le pays.

Si on ne le fait pas, on se prépare des lendemains difficiles.

Maurice-Ruben Hayoun

In Tribune de Genève du 4 juin 2014

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