Que pensent les responsables des Etats du Moyen-Orient épargnés jusque là par les convulsions révolutionnaires, des révoltes qui grondent à leurs portes ? « Sur l’Egypte, pays pivot de la région nous avons d’avantage de questions que de réponses, répond un officiel israélien qui préfère rester anonyme. Nous connaissions bien Moubarak et Omar Souleimane. Nous savions qu’ils étaient hostiles à l’Iran, vigilants avec le Hamas, en bons termes avec Mahmoud Abbas, attachés à l’accord de paix de Camp David. Nous savions où nous allions.
Qu’en sera-t-il demain ? Quel poids auront les Frères musulmans dans le régime ? Les relations avec Téhéran vont-elles se réchauffer ? Quelle sera l’attitude du Caire face au Hamas ? L’Egypte demeurera-t-elle un pôle de stabilité où restera-t-elle durablement en crise ? Pour l’instant, il n’y a rien de positif dans ce que nous voyons. Et pour la Syrie c’est pire. Presque toutes les options sont inquiétantes. Imaginez une Syrie sans Assad mais en proie au chaos, livrée à l’influence de l’Iran et du Hezbollah… »
« Comment, enfin débarrassés de Saddam Hussein pourrions-nous ne pas partager l’aspiration à la démocratie de nos voisins ? demande Hussain Al Sharistani, vice-premier ministre irakien, qui a passé 12 ans de sa vie dans les geôles de la dictature. Le risque de chaos est réel – nous le savons – mais l’enjeu est historique. Pour vous aussi.
Cela dit, il faut dans ces moments critiques que les occidentaux soient cohérents : pourquoi intervenir militairement en Libye et rester passifs au Bahrein ou au Yemen ? Ce principe de deux poids – deux mesures nuit à la crédibilité occidentale au Proche-Orient. Pour l’heure, le pays qui nous inquiète le plus est notre voisin syrien. Car le régime et les clans qui le soutiennent n’ont actuellement pas d’autre solution de sortie de crise que la répression. Ce qui n’est pas rassurant pour la stabilité de la région ».
René Backmann
Nouvelobs.com
 |
 |
