SECURITÉ
La réponse des rebelles syriens à la chute de Yabroud, dans le Qalamoun, aux mains du Hezbollah et des forces de Bachar el-Assad, n’a pas tardé.

Un attentat-kamikaze a secoué vers 22h, hier, le village de Nabi Osman, près de Baalbeck, faisant quatre tués et plusieurs blessés. L’explosion s’est produite devant la mosquée du village et a été immédiatement revendiquée par les Brigades des sunnites libres de Baalbeck, un groupuscule occulte qui a adressé des menaces à l’armée et au Hezbollah. « Préparez-vous à la bataille de Yabroud sur la scène libanaise », ont-ils averti dans leur communiqué. Un peu plus tard, c’est le Front al-Nosra au Liban qui a revendiqué l’attentat sur Twitter.

Selon le correspondant de l’Agence nationale d’information, le kamikaze était à bord d’un Grand Cherokee. Celui-ci est enregistré aux noms de Abbas Ali Rihani et de Souheil Mohammad Husseini.

Le véhicule roulait à tombeau ouvert sur la route d’al-Aïn, Nabi Osman-Laboué, ce qui a suscité la méfiance d’un groupe de jeunes qui l’ont pourchassé et essayé de lui barrer la voie. Le kamikaze s’est fait alors exploser. Les jeunes sont morts sur le coup. Il s’agit de Abdel Rahman Kadi du village al-Aïn, Khalil Mahmoud Khalil de Fakiha, Wahidé Nazha et Ali Hussein Nazha de Nabi Osman. Selon un premier bilan, le nombre de blessés s’élève à dix. L’armée a immédiatement établi un cordon de sécurité et ses experts ont entrepris de prélever les indices nécessaires à l’identification du terroriste, pendant que la Défense civile s’employait à éteindre le feu qui s’est déclaré dans les magasins alentour.

Appuyées par le Hezbollah, les forces du régime syrien ont pris, à l’aube hier, le contrôle de Yabroud, un des principaux bastions des rebelles dans la province de Damas, poussant ainsi un grand nombre de combattants de l’opposition à fuir vers le Liban.

Du moins, c’est ce qu’une source de sécurité a affirmé à la LBCI, en précisant que les combattants se sont réfugiés dans le jurd de Ersal. Des sources de l’opposition ont également indiqué à l’AFP que les civils et les militants avaient fui la ville en direction de la frontière libanaise dans la nuit, avant la chute de Yabroud.

La municipalité de ce village frontalier a cependant démenti ces informations. Il n’en demeure pas moins que l’armée a renforcé les mesures de sécurité dans la partie est de la Békaa. Elle a réussi à arrêter dans la matinée un groupe de Syriens en possession d’armes et de munitions, selon un communiqué de la direction de l’orientation du commandement de l’armée. Ils ont été déférés devant les autorités judiciaires compétentes.

Parallèlement, l’armée a tiré dans le jurd de Ersal sur une camionnette dont le chauffeur a refusé de s’arrêter au barrage. Le véhicule a été atteint de plusieurs balles, sans qu’on ne sache si ses passagers ont été blessés ou s’ils ont pu être arrêtés.

L’aviation syrienne est également entrée en action et a mené trois raids contre le jurd de Ersal, visant des combattants de l’opposition syrienne qui fuyaient de Aqabé et de Rantous en direction de Ersal. Selon l’ANI, plusieurs éléments armés ont été tués et blessés au cours des raids.

Toujours selon l’agence officielle, sept tués et une centaine de blessés, pour la plupart des Syriens, ont été évacués de Yabroud vers l’hôpital de campagne de Ersal. Il s’agit essentiellement de civils touchés durant la dernière bataille.

Tirs de joie dans la banlieue

La prise de ce dernier bastion rebelle de la région du Qalamoun empêche toute infiltration rebelle vers le Liban. Pour le Hezbollah, cette victoire est cruciale car, selon le parti chiite, c’est de Yabroud que sont venues les voitures piégées utilisées dans les attentats meurtriers qui ont touché ses bastions au Liban ces derniers mois. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), c’est le Hezbollah, expert en guérilla urbaine, qui menait l’opération à Yabroud. « Les forces du Hezbollah épaulées par les troupes du régime et les forces de défense nationale (milices prorégime) se sont emparées de larges parties de Yabroud », a précisé l’OSDH.

« Ce nouvel exploit (…) sécurise les régions frontalières avec le Liban et coupe la route aux renforts », a indiqué un porte-parole de l’armée syrienne, dans un communiqué lu à la télévision et repris par l’AFP.

Les soldats, qui pourchassent les rebelles fuyant vers Ersal, vont désormais s’employer à fermer complètement les voies d’acheminement de renforts et approvisionnements destinés aux insurgés via le Liban, selon une source de sécurité à Damas, toujours citée par l’AFP.

C’est ce qui explique les manifestations populaires de joie dans les fiefs du Hezbollah, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth où des tirs de joie ont été entendus et où les jeunes sont sortis dans les rues, brandissant les drapeaux jaunes du parti chiite et criant victoire.

La bataille de Qalamoun a été particulièrement onéreuse pour le Hezbollah dont plusieurs éléments sont morts en combattant sous les ordres du régime de Bachar el-Assad. Pas plus tard que samedi, cette formation a enterré au Liban-Sud deux de ses membres tués à Yabroud.

Cette implication est fortement critiquée au Liban où le ministre de la Justice, Achraf Rifi, a de nouveau mis en garde hier contre les conséquences de la participation du Hezbollah dans la guerre en Syrie. Celle-ci, a-t-il réaffirmé dans un communiqué, « expose le Liban à un danger certain ». Le général Rifi a assuré qu’une de ses priorités, « à travers les institutions, sera de réclamer le retrait du Hezbollah de Syrie, la fin de l’autosécurité, le déploiement de l’armée et des forces de sécurité à la frontière, notamment dans la région de Ersal, ainsi qu’à la frontière nord avec la Syrie ». « Nous réclamerons également l’application des résolutions internationales correspondantes », a-t-il insisté avant d’ajouter : « Que personne ne croit qu’il peut imposer un état de fait aux Libanais pour leur faire payer le prix d’une allégeance à un projet régional. »
Le général Rifi a vivement critiqué les manifestations de joie dans la banlieue sud « pour des victoires dont le caractère ponctuel et fictif va être prouvé au fil des jours ». « Non seulement il s’agit d’une tradition détestable de danse sur les cadavres de Syriens innocents et sur les décombres de leurs villes, elle est de surcroît maladroite et provoque davantage de divisions et de haine », a-t-il averti.

Échauffourée à Tarik Jdidé

Tard en soirée, une échauffourée a éclaté entre des partisans du Hezbollah et des jeunes du 14 Mars près de la mosquée Abdel Nasser à Tarik Jdidé. Les partisans du Hezb passaient à moto en brandissant les drapeaux de leur parti et en manifestant bruyamment leur joie pour la chute de Yabroud et se sont ainsi retrouvés sous les jets de pierres de leurs adversaires du 14 Mars.

L’armée a dû intervenir pour les séparer et rétablir le calme dans le secteur.

OLJ 17/03/2014
lorientlejour.com Article original

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