Vêtus d’uniformes de policiers, des talibans ont attaqué mercredi à l’aube une maison d’hôtes pourtant sous haute sécurité située en plein Kaboul, un nouveau coup de force qui illustre la détermination des fondamentalistes à perturber le scrutin présidentiel du 7 novembre.
« Il s’agissait d’étudiants pakistanais venus ici pour une mission suicide », a affirmé le capitaine Daoud Safi, officier au ministère de la Défense, l’un des premiers sur place après l’ attaque.
Il a montré à l’AFP des photos de mauvaise qualité montrant les corps déchiquetés portant des uniformes de police.
Des soldats afghans et français, ainsi que la police et les pompiers, étaient rapidement sur place, a constaté l’AFP.
Bien qu’un responsable de la police ait assuré que les trois kamikazes avaient été abattus, un témoin a affirmé que les assaillants se sont fait exploser.
Après trois heures de coups de feu et d’explosions, l’attaque contre la Bekhtar Guesthouse, maison d’hôtes considérée comme sure par l’ONU qui y logeait des employés, s’est terminée à 08H30 (04H00 GMT) avec la mort de six employés étrangers de l’ONU, dont un Américain, de deux policiers et des kamikazes.
La porte métallique verte barrant l’entrée de la maison d’hôtes, entourée de sacs de sable, était constellée d’impacts de balles. Un incendie a ravagé le rez-de-chaussée du bâtiment de deux étages, en carbonisant les murs.
Les talibans ont revendiqué cet assaut, indiquant qu’il s’agissait de la « première étape » d’une campagne visant à déstabiliser le second tour de l’élection présidentielle.
« Nous avons six employés de l’ONU tués. Nous avons neuf blessés, dont certains grièvement », a déclaré à l’AFP un porte-parole de l’ONU à Kaboul, Adrian Edwards, précisant que les victimes étaient toutes des étrangers.
Neuf personnes, dont six employés étrangers de l’ONU et deux policiers, ont été tuées mercredi 28 octobre à Kaboul, dans une nouvelle attaque revendiquée par les talibans.
De plus, deux policiers ont été tués, a indiqué la police de Kaboul.
« Il y avait des morceaux de boyaux partout, et de jambes. Je ne veux jamais revoir une chose pareille », a témoigné une femme sur place, autorisée à entrer dans la maison d’hôtes.
« Il est impossible qu’ils ne se soient pas fait exploser », a-t-elle estimé.
Située dans une des zones les plus sécurisées d’Afghanistan, au centre de Kaboul, tout près du ministère de la Femme, la maison d’hôtes était protégée par des agents de sécurité népalais, qui ont été les premiers à tenter de s’interposer.
La sécurité était également renforcée dans une maison voisine, appartenant à un proche du président afghan Hamid Karzaï, indiquent des voisins.
Pourtant, selon Ahmad Furmuli, qui habite une maison jouxtant la maison d’hôtes, l’attaque a pris tout le monde par surprise.
« Je me préparais une tasse de café quand j’ai entendu les premiers bruits. Au début, j’ai cru que c’étaient des ouvriers qui travaillaient sur un chantier. Puis j’ai regardé dehors et j’ai vu les explosions et les tirs », a-t-il expliqué.
« Les tirs ont duré environ deux heures et demi. Par moment, j’ai aussi entendu des cris, des hurlements », précise-t-il.
L’assaut terminé, des survivants ont été conduits en lieu sûr par les forces de sécurité.
« J’ai vu une femme blonde crier et courir vers une voiture et deux hommes accompagnés par la police », a indiqué Samir Nuri, étudiant à Kaboul, qui vit près du lieu de l’attaque.
Après le premier tour de l’élection présidentielle du 20 août, entaché de violences et de fraudes massives, les talibans ont appelé à boycotter le second tour, menaçant de s’en prendre aux électeurs qui iraient voter.
Quelque 2.000 employés de l’ONU sont basés à Kaboul, nombre d’entre eux ayant pour mission de préparer le second tour du scrutin présidentiel prévu le 7 novembre.