Nous avons pris connaissance de l’ensemble du dossier de JForum consacré aux élections contestées du Consistoire Israélite de Marseille (CIM) et celles du Central. Nous y avons été abondamment cité et des faits importants ont été portés à notre connaissance, aussi il est indispensable que nous fassions entendre notre position.
« En ces temps troublés, pourquoi diviser la Communauté, cela va raviver l’antisémitisme » Voilà ce qui nous a été objecté lorsque nous avons voulu nous présenter aux élections du CIM en janvier 2011. Les raisons de notre démarche étaient d’ordre éthique, et avaient pour but de favoriser la pluralité d’expression, chère à nos Maîtres, et le nécessaire renouvellement des instances dirigeantes.

Voir l’article – Consistoires: Tristes histoires..
Article original

Nous avons clamé haut et fort que le « Consistoire devait être la maison de tous les juifs ». « Qu’en aucun cas un président ne pouvait prétendre à plus de deux mandats successifs, qu’il fallait introduire une dose de proportionnelle afin que l’opposition puisse être représentée dans le Conseil d’administration du CIM ». Et surtout nous avons demandé à ce que chaque candidat signe une charte éthique où il s’engage à ne pas user de sa position au CIM pour valoriser ses activités professionnelles. Nous voulions « aller chercher même les plus éloignés de nos frères pour les ramener dans leur maison, le CIM et qu’ils se reconnaissent en elle ».

Il semble que pour certains, il s’agisse là de paroles « sacrilèges ». Et de fait nous avons subit de nombreuses attaques personnelles. Les propos tenus visaient à nous discréditer, à nous empêcher de nous exprimer et non à établir un débat d’idées. De notre côté nous n’avons jamais utilisé la situation du président en place, pourtant en délicatesse avec la justice. Mais, il faut bien le reconnaître qu’il nous était intolérable que la Communauté soit stigmatisée et fasse régulièrement la « Une » des journaux à la page des « faits divers ».

Pour nous c’est cela qui attise la haine et qui prête le flanc à l’antisémitisme et non pas de se présenter à une élection ou à émettre une opinion. Ce sont ces idées qui ont permis à un groupe pluriel de se former, constitué de femmes et d’hommes de tous âges, religieux et d’autres qui l’étaient moins, de membres de la société civile, de militants de longue date, d’élus de droite et de gauche, et dépasser ainsi les clivages traditionnels pour s’unir et se reconnaître dans cette cause. Nous taire, aurait été une trahison envers ceux, nombreux qui se reconnaissent en nous et envers nos valeurs traditionnelles, celles de nos sages.

Ainsi, ces élections ont mobilisé un nombre considérable de personnes, plus de 7500 inscrits. Du jamais vu ! Alors que l’on comptait habituellement seulement 1000 à 1200 adhérents. C’était un signe fort exprimant une volonté de débat, si ce n’est de changement. Les résultats, seulement 36 voix d’écart en faveur de la liste UNIs menée par Zvi Ammar sollicitant un 3ème mandat et qui avait « anticipé les élections pour obtenir un plébiscite ». Notre liste AVEC ayant relevé de nombreuses irrégularités (en particulier, l’élection et son anticipation ne respectaient pas les statuts du CIM) avait proposé une procédure de conciliation qui a été immédiatement refusée.

Tout cela nous l’avons régulièrement fait savoir au Consistoire Central, avant, pendant et après le vote. Car pour nous, le Consistoire Central est l’institution représentant toutes les communautés. Quand une communauté va mal, c’est le Consistoire Central qui va mal. Mais force est de constater que jamais nous n’avons eu de la part de cette Institution de réponse appropriée. Devant cet état de fait, deux procédures distinctes ont alors été diligentées par des personnes différentes : l’une auprès du Tribunal de Grande Instance de Marseille (TGI), et l’autre auprès Consistoire Central.

En ce qui concerne la procédure auprès du Consistoire Central, aucune suite n’a été donnée par ce dernier. Par contre le TGI, dans une ordonnance du 13 décembre 2011, a déclaré être la juridiction compétente pour juger du contentieux électoral. Le CIM a immédiatement fait appel, et le 31 mai 2012, la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence a débouté Mr Ammar et son équipe qui ont été condamnés aux dépends. Ainsi, la justice, pour la deuxième fois, a donné raison aux plaignants sur le bienfondé de leur démarche.

Que dire de la seule intervention officielle du Consistoire Central qui a dissuadé les plaignants de poursuivre au TGI, affirmant sa préséance dans ce dossier. On sait désormais qu’il n’en est rien et cela depuis 2009. Ainsi, un arrêt de la Cour d’Appel de Rouen du 4 novembre 2010 traitant d’un cas similaire de recours en annulation des élections du Consistoire de Rouen (ACIR), confirmant un jugement du TGI du 13 octobre 2009, a conclu que le Consistoire Central n’avait pas compétence pour juger d’un tel contentieux électoral. Qu’aurait donc bien représenté une décision prise par une instance incompétente en la matière ?

Pour nous, la réponse est la suivante. Le Central, même s’il est juridiquement incompétent en la matière, de par ce qu’il représente, a la lourde responsabilité d’être un arbitre impartial et de faire en sorte de rapprocher les positions ou de pointer du doigt les dysfonctionnements en se basant sur les faits. Se dérober à cette mission, et laisser prévaloir l’intolérance, c’est cela qui fait le lit de la division, et non la liberté d’expression ou de réclamer la justice.

PERKEI AVOTH Chapitre 1-18

La JUSTICE fait émerger la VERITE, condition sine qua none de la PAIX

On a beau jeu alors, au nom du « Shalom » d’imposer le silence. C’est oublier que pour avoir la Paix, il faut au préalable la recherche de la vérité, et établir la justice. Ce n’est pas AVEC qui le dit, ce sont nos textes qui sont avant tout un corpus juridique. Ce sont nos lois et nos traditions qui nous fondent. L’oublier, c’est oublier qui l’on est. C’est faire abstraction de l’essence même du judaïsme. L’Homme, Adam, c’est celui qui questionne, qui interroge : « Adam Ma ». L’hébreu / le Juif, c’est celui qui va au-delà, qui transcende les apparences qui revisite sans cesse et étudie les textes.

Alors aujourd’hui nous ne demandons rien d’autre que la vérité soit connue, que justice nous soit rendue et que le Consistoire Central occupe la juste place qui est celle de servir la Communauté dans son ensemble. C’est à ce seul prix que la Paix sera possible.

Joseph Aziza Président d’AVEC

Prof Hagay Sobol vice-président d’AVEC

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corinne.lahmi

Chers amis,

Force est de constater que certaines personnes en oublie la charte même qu’ils ont élaborés et signés.

La charte du dirigeant communautaire du consistoire de Paris est par là très instructive, on y parle de garantie et d’efficacité du DEBAT (en majuscule dans le texte).

Le tribunal a tranché les élections seront annulés. il faudra les réorganiser !

Pour que chaque juif puissent encore avoir le sentiment d’avoir sa place et ne se sente exclu, II va falloir faire preuve de dignité, d’honneur, de probité et de loyauté. Je cite ici le préambule de la charte du dirigeant communautaire, et vous fait part de deux extraits de la charte précédemment citée.

Extrait de la charte du dirigeant communautaire.

chapitre 1.1

La mission du dirigeant communautaire dit avec sagesse la tradition tient du sacerdoce.

Elle appelle pour le moins l’engagement complet de la personne.

Elle exige le respect de la règle morale, la mise en valeur des qualités humaines profondes, un savoir-faire dont l’ensemble doit être mis au service de l’intérêt supérieur de la communauté.

Chapitre 1.2

Etre dirigeant communautaire c’est avant tout, se consacrer à l’AUTRE ; c’est l’aimer et, à tout le moins le respecter.

Sans cette conscience de l’AUTRE, il n’est pas de dirigeant communautaire vrai.

Voilà je reste à votre disposition pour la communication de cette charte qui est intégrée au règlement intérieur du Consistoire de Paris.

Cordialement et très sincèrement attachée à notre judaïsme de tradition et de religion.

Amicalement.

Corinne Lahmi.