Le 24 mai, les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les Etats-Unis, ont annoncé dans un communiqué que leurs unités avaient capturé un groupe de combattants de l’EI, dont le djihadiste français Adrien Guihal, lors d’une opération spéciale en Syrie, le 19 mai. Les troupes démocratiques ont affirmé que que leurs services de renseignements avaient suivi Guihal pendant des mois, avant qu’ils ne soient en mesure de le capturer.

Les FDS ont procédé le 19 mai à une opération permettant l’arrestation à Raqqa de cet homme, qui a revendiqué les attentats de Nice et Magnanville sur la radio de l’État islamique.

Les FDS ont révélé que Guihal avait rejoint Daesh le 6 mars 2015 après avoir réussi à entrer en Syrie par le poste frontalier de Tell Abyad à la frontière syro-turque.

Selon la déclaration des FDS, Guihal a joué un rôle clé dans les attentats terroristes qui ont frappé la capitale française à Paris les 13 et 14 novembre 2015 et dans l’attentat au camion-bélier, dans la ville de Nice le 14 juillet 2016.

Préparation d’attentat

Adrien Guihal fait partie des vétérans de Daech. Agé de 34 ans, il s’est converti à l’islam au début des années 2000. Parti en Égypte pour apprendre l’arabe, ses premiers liens avec l’islamisme radical datent de 2007. Selon Libération, qui avait réalisé un portrait du jeune homme début 2017, il est un proche de Fabien Clain, lui aussi l’une des voix de l’État islamique. Non seulement radicalisé sur internet et le site Ansar al-Haqq, il aurait aussi travaillé dans des librairies islamistes à Paris, dans le 11e arrondissement.

En décembre 2008, il est interpellé avec Rany Arnaud et Nadir Badache, à Paris et en banlieue. Les trois hommes sont suspectés de préparer un attentat à la voiture piégée contre un bâtiment public de la police près de la tour Eiffel. Ils prévoient de placer une bombe artisanale dans un camion afin de le faire exploser au pied de la cible. Leurs revendications sont claires: ils protestent contre la présence militaire de la France en Afghanistan. En 2012, Guihal est condamné à quatre ans de prison pour ce projet d’attentat, dont un avec sursis.

Après avoir purgé sa peine, celui que l’EI surnommera «Abou Oussama al-faransi» devient un recruteur. Il fréquente notamment la mosquée de Stains, fermée fin 2016. Il réussit à réunir autour de lui plusieurs personnes dans le Val d’Oise et en Seine-Saint-Denis, prônant un islam radical. «C’est lui le dirigeant pour moi. Il est toujours habillé “façon militaire”, il est très méchant. C’est le plus radical et il est “anti-tout”. […] Il m’a traité de “kouffar” au premier regard. […] C’est le plus dangereux de tous. Il n’a pas de cœur», confiait un témoin aux enquêteurs, des propos rapportés par Libération.

Adrien Guihal et son groupe – dont Fabien Clain – ont rejoint la Syrie au printemps 2015. Sa femme faisait partie du voyage. Elle a aussi été arrêtée jeudi, mais son identité n’a pas été révélée.

Les forces soutenues par les Etats-Unis ont déclaré qu’elle avait également capturé la femme de Guihal lors de la même opération, mais n’a pas précisé si elle prévoyait de les livrer en France, ou du moins aux troupes françaises qui opèrent maintenant dans les zones tenues par les FDS, dans l’est de la Syrie.

Plus tôt ce mois-ci, le service de renseignement national irakien (INIS) a annoncé avoir capturé cinq hauts commandants de l’Etat islamique à la frontière syro-irakienne et en Turquie dans le cadre d’une opération spéciale réussie, coordonnée avec les FDS.

Plusieurs responsables des services de renseignement irakiens ont laissé entendre que la majorité des dirigeants de l’Etat islamique se cachaient toujours à la frontière syro-irakienne, y compris le chef de l’organisation terroriste, Abu Bakr al-Baghdadi.