A Rome, en 1404, le rabbin poète Daniel ben Yéhouda Dayan publia (après huit années de travail) l’hymne Yigdal qui sera introduit dans le rituel de prières.
Du langage philosophique de Maïmonide, l’auteur passa à un langage ouvert accessible à tous les fidèles.
Déjà au XVème siècle, il existait différentes versions de présentation des 13 articles de foi, mais c’est celui-ci qui trouva grâce aux yeux de la communauté, et qui a survécu jusqu’à aujourd’hui. L’une des raisons de ce succès est le rythme d’écriture qui permet de l’adapter sur plusieurs airs, ashkénazes et séfarades.
Rabbi Daniel Dayana ajouté un 14ème principe, qui conclut son chant :
«Voici les treize principes de la Torah de Moïse et les principes de sa loi.» Pourquoi ? On sait que de son vivant déjà, et après sa mort encore plus, Maïmonide fut contesté sur ces treize articles (il ne mentionnait pas, par exemple, l’immortalité de l’âme).
L’auteur de Yigdal voulait ainsi montrer son approbation avec Rambam, en l’affiliant à Moïse.Il existe des dizaines d’airs de Yigdal, autant dans le rite ashkénaze et sépharade, et ce, en fonction des Chabbat et des fêtes.
Certains de ces airs sont codifiés sur des partitions, avec accompagnement instrumental. Voici les paroles de ce chant en hébreu transcrites en prononciation phonétique ainsi que la vidéo ici,
Yigdal Elohim hai v’yishtabah
Nimtza v’ein et el m’tzi’uto
Ehad v’ein yahid k’yihudo
Ne’elam v’gam ein sof l’ahduto
Ein lo d’mut ha-guf v’einu guf
Lo na’arokh elav k’dushato
Kadmon l’khol davar asher nivra
Rishon v’ein reshit l’reshito
Hino adon olam l’khol notzar
Yoreh g’dulato u-mal’khuto
Shefa n’vu’ato n’tano el
Anshei s’gulato v’tif’arto…
Lo yahalif ha-el v’lo yamir
dato l’olamim l’zulato
Tzofeh v’yodeah s’tareinu
Mabit l’sof davar b’kadmuto…
Eleh sh’losh esreh l’ikkarim
Hen hem y’sod dat El v’torato
Torat Moshe emet u-n’vu’ato
Barukh adei ad shem t’hilato
Reprenons chaque principe avec un commentaire explicatif :
Dieu peut tout, sait tout, et Il n’a pas de limite – Il Est sans limites, et aucune limite ne L’entrave, ce qui explique qu’Il puisse S’occuper du monde et de chacun simultanément. C’est Lui qui a créé le mal (Isaïe l’écrit explicitement).
du monothéisme, pour lequel non seulement il n’y a qu’Un Créateur du
monde, mais en outre, Il ne fait qu’Un avec le Dieu providentiel garant
de la morale, et du libre arbitre de l’homme. S’ Il Est nommé par différents Noms, c’est que les hommes, incapables de Le comprendre, car Il les transcende complètement, sont obligés d’exprimer Ses différents aspects dans le monde.
Il est antérieur au monde, lequel n’est donc pas éternel, contrairement à ce
que pense Aristote.
Ce fut la faute des gens de la génération d’Enoch, et les sources de l’idolâtrie, selon la Bible,lorsque les gens commencèrent à prier des corps célestes, comme le soleil, ou séparés, comme des anges,d’intercéder auprès de Lui en leur faveur
Allusion au Nouveau Testament et au Coran
L’âme est pure à la naissance, et les êtres humains ont un libre arbitre, avec tant un yetzer ha’tov (« bon côté ») qu’yetzer ha’ra (mauvais côté), qui les entraîne à faire des « bonnes » ou « mauvaises » actions. Encore tout n’est-il pas manichéen : le yetser hara peut conduire à de bonnes actions, et inversement; « l’enfer est pavé de bonnes intentions« , etc… Par ailleurs, les gens peuvent « revenir » de leurs péchés par des actes et des paroles, sans intermédiaires, par la prière (tefilla), la pénitence (teshouva), et la tsedaka, si cela s’accompagne d’une sincère décision de ne plus commettre ces actes inacceptables et si l’on fait amende honorable envers ceux et celles l ‘on a lésés. « Il y a toujours moyen de revenir à Dieu »
Il y aura un mashia’h (Messie), ou peut-être une ère messianique. Cet article de foi a été porté en chanson par le chanteur Hassidique Mordekhaï ben David en 1993.Il eut par ailleurs une grande portée dans l’histoire des Juifs, puisqu’il fut utilisé par les polémistes chrétiens (souvent des Juifs apostats contre les Juifs eux-mêmes, et entraîna la rédaction des Ikkarim de Joseph Albo
La résurrection et le monde à venir font partie du même concept, car avec la résurrection, commence le monde à venir. Avant la résurrection, personne ne prendra part au monde à venir. Notre tradition nous apprend que les âmes des morts attendent la résurrection dans le Jardin d’Eden, et qu’il existe également un endroit pour le « nettoyage » des âmes, le guehinom, qui, dans un certain sens, est aussi une récompense venue de D.ieu, car celui qui a atteint le guehinom est assuré d’y être préparé pour le monde à venir.