Imaginée par l’Union des policiers nationaux et indépendants, l’opération doit permettre de mettre en lumière le quotidien difficile de la Police nationale. Les agents ont jusqu’au 10 septembre pour envoyer leurs clichés.
Source : Le Figaro

Toilettes inondées, peintures écaillées, éclairages défectueux ou matériels obsolètes: c’est peu dire que l’environnement dans lequel évolue la Police nationale n’est guère propice à l’épanouissement au travail. Ces conditions de vie difficiles, couplées à l’insécurité croissante ressentie par les policiers, ont largement contribué au déclenchement des manifestations sauvages d’octobre dernier.

De ce mouvement de protestation est né un collectif, l’Union des policiers nationaux et indépendants (UPNI), qui réunit plusieurs associations de policiers en colère. Son but? Sortir du trauma suscité par l’attaque de policiers à Viry-Châtillon, porter les revendications des policiers en colère et continuer la mobilisation. Et sa dernière initiative ne manque pas d’audace. Le collectif a imaginé un concours photo devant permettre, sur le mode humoristique, de dénoncer la précarisation croissante des conditions de travail de la Police nationale.

Cette compétition peu ordinaire consiste ainsi à recueillir des clichés de locaux de commissariats de police, de matériel défectueux (ordinateurs, radios, véhicules de patrouille) et de décerner le prix des locaux les plus insalubres, du matériel ou du véhicule le plus défectueux… En une semaine, l’UPNI a recueilli une centaine de photographies envoyées d’un peu partout en France. Premier motif de récrimination: la dégradation du parc automobile. Voitures affichant des centaines de milliers de kilomètres au compteur, climatisations en panne, fuites dans l’habitacle ou portières qui tombent… «Il nous faut souvent plus de trois quart d’heure pour trouver un véhicule en état d’usage», explique Christophe Robert, président de l’UPNI.

Quid des promesses faites en octobre dernier par l’ancien premier ministre Bernard Cazeneuve? Pour calmer la grogne policière, le premier ministre avait dégainé en urgence son «plan pour la sécurité publique». Soit 250 millions d’euros débloqués pour rénover les locaux et remplacer le matériel obsolète. Sauf que, selon le président de l’Union des policiers nationaux et indépendants, la grande majorité de ces crédits ont finalement été réaffectés aux services spécialisés dans la lutte antiterroriste, sans que le reste de la Police nationale puisse en bénéficier. Et les coupes budgétaires annoncées récemment par le premier ministre Edouard Philippe, entretiennent le doute sur la volonté du nouveau gouvernement d’améliorer le quotidien des policiers… Voire font planer la menace d’une nouvelle dégradation de leurs conditions de vie. «La situation ne devrait faire que s’aggraver», confirme Christophe Robert. «Plusieurs directeurs départementaux nous ont confirmé le gel des investissements pour l’année qui vient.»

Voiture de patrouille (95) avec fuite dans l‘habitacle et cales disposées sous les sièges.
Voiture de patrouille (95) avec fuite dans l‘habitacle et cales disposées sous les sièges.

Plutôt que de manifester une nouvelle fois dans la rue pour exprimer leur mécontentement, le collectif a donc choisi l’appel à témoins. Un courrier a également été transmis au ministère de l’Intérieur, avec en copie le Premier ministre et le président. Pour le moment, ni l’administration ni le gouvernement n’a souhaité réagir. Christophe Robert appelle de ses vœux un «état des lieux» de la police française: «il est plus que temps de mettre autour de la table tous les administrateurs de la chaîne pénale«, confie-t-il au Figaro. «Non seulement la police mais aussi la justice et l’administration pénitentiaire, afin que nous puissions réfléchir tous ensemble aux moyens d’améliorer le quotidien des policiers français» En somme, il souhaiterait que le gouvernement réunisse des «états généraux de la sécurité nationale», sur le modèle de ceux qui se tiennent cet été pour l’alimentation. Ce vœu sera-t-il entendu? En attendant, les policiers ont jusqu’au 10 septembre pour envoyer leurs photos à l’UPNI. Un album-photo numérique, voire papier, sera ensuite publié le 16 septembre lors de la manifestation nationale du mouvement.

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Filouthai

Très bonne initiative.
Qui devrait fâcher le President Micron, habitué à définir ce dont il faut parler ou pas.
Le temps va être long pour les français jusqu’en 2022.